Marie-Thérèse Fortin s'ouvre sur le fait de vieillir en sérénité en tant que comédienne

Photo : Eric Carriere

Samuel Pradier

2021-10-23T15:23:33Z

Depuis ses débuts à la télévision, il y a une vingtaine d’années, MarieThérèse Fortin cumule les rôles de femmes fortes et épanouies, dotées d’une beauté accessible et réconfortante. Encore aujourd’hui, le temps ne semble pas avoir de prise sur la comédienne, qui traverse les années avec sérénité, même si vieillir à l’écran n’est jamais facile.

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Marie-Thérèse, faites-vous parfois des bilans de vie ou de carrière?
Je suis plutôt quelqu’un qui se laisse porter par les événements. Pendant la pandémie, il y a toutefois eu un arrêt forcé qui m’a permis de réfléchir à ce que j’aimerais faire, à ce que je voudrais éventuellement changer, à ce que je pourrais faire de mieux. Comme on ne travaillait pas et qu’on ne pouvait aller nulle part, je me suis remise à la course à pied. Ce n’était pas évident, parce que j’ai un ménisque capricieux et je ne peux pas dire que c’était la chose que j’aimais le plus au monde. Mais je devais faire quelque chose pour ne pas devenir folle. J’ai donc recommencé doucement avant de tomber sur le programme de Josée Prévost, qui s’appelle Courir 101 et qui permet de réapprendre à courir sans se blesser. C’est ma grande découverte de l’année. J’ai adopté cette méthode qui me permet de ne pas avoir mal et d’avoir du plaisir à courir. 

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En quoi consiste ce programme?
C’est un programme de course pour des sorties d’environ une heure, trois fois par semaine, pendant 10 semaines. Josée Prévost nous accompagne dans nos oreilles pendant qu’on court. C’est très amusant parce qu’elle est très drôle; on apprend plein de choses, elle raconte toutes sortes d’histoires. Elle est aussi assez philosophe, alors elle nous amène à changer notre façon de penser par rapport à l’effort physique, à la persévérance, à la performance, à la motivation... C’est une belle découverte pour moi, et je me sens beaucoup mieux depuis que je fais ce programme. En plus, c’est gratuit. J’ai réellement appris à mieux courir; c’est important quand on vieillit. C’est très encourageant et enthousiasmant. On n’est pas dans une quête de performance, mais plutôt dans l’objectif de pratiquer quelque chose qui nous fait du bien et qui apporte des changements positifs sur le plan de la santé, des articulations, etc. Ça chasse aussi l’angoisse et l’anxiété. Quand tout le corps est engagé dans une activité physique, quelque chose se passe, il y a un équilibre qui se rétablit instantanément. C’est très sain. 

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Photo : Eric Carriere
Photo : Eric Carriere

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Est-ce que le sport vous a régulièrement aidée au fil des ans?
Je ne peux pas dire que j’étais une grande sportive. Je me suis souvent réfugiée derrière l’excuse qu’au théâtre, on bouge beaucoup. Mais j’ai un conjoint qui est très sportif et il m’entraîne avec lui. Quand je fais du sport, mon énergie et mon humeur sont meilleures, comme si ça repartait les choses dans la bonne direction. Quand le corps ressent une bonne fatigue musculaire, on dirait que tout se rééquilibre.

Quel est votre secret pour traverser les ans avec sérénité?
Je suis comme tout le monde; ce n’est pas drôle de prendre de l’âge. En même temps, il y a de grands avantages à vieillir, des choses que je découvre et qui font du bien, des questionnements et des doutes qui s’apaisent. Comme je le dis souvent, je ne sais pas très bien ce que je veux, mais je sais très bien ce que je ne veux plus. C’est une grande liberté. J’essaie de voir le positif dans le fait de vieillir; je me dis que c’est déjà bien d’être encore en vie, surtout quand on a des proches qui sont décédés trop jeunes. J’essaie aussi de tirer parti de ce que j’ai, je me trouve chanceuse de tout ce qui m’arrive. Mon père disait qu’il faut apprendre à se contenter. Plutôt que de rêver à quelque chose qui n’arrive jamais et qui est souvent fondé sur du matériel, autant profiter de ce qu’on a. Je profite donc de mes enfants, de mon mari, de ma famille, de mes amis et de mon travail, que j’adore. On veut encore de moi dans ce métier où durer n’est pas si simple. 

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Comment est-ce, justement, de vieillir dans ce métier?
Dernièrement, je discutais avec une amie de la difficulté de me voir vieillir sur un écran, et elle m’a dit de dire merci à ma face, parce que c’est grâce à elle que les producteurs m’ont engagée pour le rôle. C’est cette face-là qu’ils voulaient, pas une autre. C’est finalement une façon très juste de voir les choses. Je me contente donc de ma face qui me donne des beaux rôles! Mais ce n’est pas toujours évident. Il y a des journées où je trouve ça dur de vieillir, mais c’est la seule loi qui s’applique à tout le monde. On ne peut pas y échapper, alors autant se faire une raison. 

Photo : Eric Carriere
Photo : Eric Carriere

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On vous voit à la télévision depuis une vingtaine d’années. Comment avez-vous géré votre image au cours de ces décennies?
J’ai commencé à faire de la télévision à 40 ans. Je n’étais plus si jeune, et je pense qu’on m’a beaucoup associée à l’image d’une femme ordinaire, c’est-à-dire une mère de famille qui a les mêmes combats que toutes les femmes qui ont une job, des enfants et qui se battent avec tout ça au quotidien. Ce qui plaît au public dans les rôles qu’on me donne, c’est qu’il peut se reconnaître à travers mes personnages. Il y a une proximité dans ce que je projette. J’ai toujours essayé d’être assez vraie par rapport à ces enjeux. 

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Vos personnages ont aussi souvent été des femmes fortes...
Oui, des femmes ayant une certaine autorité, mais d’approche facile. Elles sont accessibles, ce ne sont pas des femmes fatales. Je m’inspire aussi de femmes que je vois autour de moi. La chose qu’il ne faut pas perdre de vue quand on est dans l’œil du public, c’est de tendre vers une certaine authenticité. Mon défi est toujours que les gens croient en l’histoire de mon personnage, qu’ils aient envie de le suivre dans ses aventures.

Est-ce que le fait de commencer la télévision plus tard vous a épargné la pression de paraître toujours jeune à l’écran?
Je pense que je suis arrivée à la télé à un âge que j’avais toujours eu l’air d’avoir! À 20 ans, j’avais déjà l’air d’une femme de 40 ans; on me donnait souvent des rôles de femmes plus vieilles que mon âge. J’avais un casting de femmes plus matures, alors je n’ai pas fait tellement de jeunes premières. Tout a donc bien coïncidé pour moi. Mais c’est vrai qu’on vit davantage dans un monde d’image qu’il y a 20 ans, et pour les femmes la pression est plus forte. Les attentes ne sont pas du tout les mêmes pour mes partenaires masculins qui ont mon âge. Le regard qu’on porte sur les actrices de 60 ans, comme moi, n’a rien à voir avec celui qu’on porte sur un acteur du même âge. En même temps, depuis quelques années, dans les productions internationales, il y a quand même de formidables actrices qui acceptent de vieillir à l’écran et qui ont des rôles extraordinaires que leur donnent des réalisateurs intelligents et sensibles. Je pense par exemple à Helen Mirren ou Judi Dench. Elles nous amènent à dépasser l’apparence physique et on se met à regarder leur talent. 

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Est-ce inné chez vous, ce calme et cette assurance que vous dégagez?
On est tous traversés par des doutes et des questionnements, mais je ne m’étends pas là-dessus. On a un travail à faire, et souvent dans des conditions difficiles. Je considère que mon travail est d’arriver prête sur un plateau et de rendre les choses les plus faciles possible pour l’équipe technique et ceux avec qui je joue. L’assurance dont vous parlez est simplement le fait que j’essaie d’être à la hauteur des attentes qu’on a envers moi. C’est aussi ça, le métier. Il y a un vieil acteur britannique qui dit que l’essentiel, c’est d’être prêt.

Vous jouez actuellement le rôle de Judith dans la série Les moments parfaits. Comment la définiriez-vous?
C’est une femme qui avait une carrière de chanteuse dans la jeune vingtaine, et elle a tout arrêté parce qu’elle est tombée enceinte. Son mari est devenu une personnalité publique importante, et elle a assuré la stabilité de la maison et de la famille. Un jour, il lui a dit qu’il ne l’aimait plus et il est parti avec une plus jeune. Elle essaie donc de se remettre de tout ça. Elle est meurtrie et blessée, mais elle ne veut pas être une victime. Elle en veut un peu au reste de la famille de s’être accommodé de la relation de son ex avec sa jeune partenaire, mais elle essaie de continuer à vivre.

Les moments parfaits, mercredi 20 h, à TVA. Virage, mercredi 20 h, à Noovo.

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