Zachary Richard rend un dernier hommage à sa mère, décédée l’année dernière

Marie-Claude Doyle

2022-04-16T04:00:00Z

Pour son ALBUM Danser le ciel, Zachary Richard voulait faire une «expérience musicale ambitieuse» digne de ses chansons qui ont gagné la faveur du public. L’artiste cajun, qui célèbre ses 50 ans de carrière, revisite les classiques de son répertoire avec un orchestre de chambre et des amis musiciens québécois et louisianais, en plus d’offrir deux chansons inédites. 

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Bien que la compilation arrive en plein dans la période des célébrations de son 50e anniversaire de carrière, l’idée de ce disque a commencé à mijoter dans sa tête à la suite d’un concert qu’il a donné avec l’Orchestre symphonique Acadiana, à La Fayette, il y a cinq ans, dans lequel il reprenait certaines de ses chansons connues. «L’expérience a été envoûtante. J’ai eu beaucoup de plaisir, et le public était extrêmement enthousiaste. Je me suis alors dit que c’était une expérience à tenter», raconte Zachary Richard. 

Il a fait appel à son ami Nicolas Petrowski pour en faire la réalisation et au frère de ce dernier, Boris Petrowski, pour en signer les arrangements musicaux. «Le travail a pris environ quatre mois, avec le mandat de ne pas faire de l’ordinaire. Je ne voulais pas juste ajouter du sucre à mon café. Je voulais oser en donnant non seulement une nouvelle vie à ces chansons connues, mais une nouvelle vision. C’était le défi qu’on s’était donné. La chanson Pleine lune en décembre n’a pas été un grand succès, mais elle se prêtait bien à ce projet. On a nagé à contre-courant avec L’arbre est dans ses feuilles et Travailler c’est trop dur, pour lesquelles je me suis plongé dans des ambiances louisianaises. Pour le reste, on revisitait les chansons avec un orchestre de chambre et on avait la volonté non seulement d’embellir les chansons, mais de les amener ailleurs. On a commencé à enregistrer au mois de septembre dernier, et voilà, le pain est sorti du four et on peut maintenant le déguster!»  

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De sa Louisiane natale au Québec, son album Danser le ciel a voyagé. «L’orchestre de chambre est montréalais. Les pianos et plusieurs autres instruments ont été enregistrés en Louisiane. Ça reflète ma vie personnelle, qui est partagée entre La Nouvelle-Orléans et Montréal. Ç’a été pour moi une expérience très enrichissante, parce que je n’avais jamais collaboré aussi étroitement avec un orchestre. Le but était d’aller au bout de
cette expérience et d’arriver à créer une ambiance assez joyeuse et élégante tout en respectant l’essentiel des chansons.» 

UN HOMMAGE À SA MÈRE DÉCÉDÉE

Parmi les 12 chansons du disque, on en retrouve deux qui sont inédites: My Louisianne, un hommage à sa terre natale qu’un de ses amis lui a composée, et Danser le ciel, en hommage à sa mère, Marie-Pauline Boudreaux, décédée en janvier 2021, à 99 ans. La pièce-titre est la dernière piste de l’album. «La chanson, comme toutes les autres, est un cadeau. Je ne suis pas un auteur très discipliné. J’attends que la muse vienne me chuchoter dans l’oreille et, cette fois-ci, c’est ma mère qui est venue. Ç’a été en quelque sorte son ultime cadeau. C’est une chanson qui célèbre sa joie de vivre, sa générosité et son amour. Ce n’est pas une chanson triste, au contraire, c’est une chanson de célébration, mais elle est dédiée à ma mère qui m’a quitté l’année passée.»

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Les paroles s’envolent, mais les écrits restent et, comme de fait, la création de la chanson a été salvatrice dans son processus de deuil. «Après le décès, il y a toujours l’adrénaline qui permet de réaliser tout ce qu’il y a à faire, comme voir à la succession et aux funérailles. J’ai vendu la maison. À un moment donné, tout ça s’est calmé, et c’est là que m’est venue la chanson et que j’ai pu commencer mon deuil.» 

Même si la peine est toujours présente, il est en paix. «Je remplis le vide qu’a laissé le départ de ma mère par des souvenirs qui témoignent de tout l’amour et de toute la grâce qu’elle m’a donnés, de l’amour de la vie et de sa joie de vivre qu’elle m’a légués.»

50 ANS DE CARRIÈRE

Zachary Richard a franchi le cap des 50 ans de carrière. Cinq décennies à faire rayonner sa musique en Louisiane comme au Québec. «Ce qui me satisfait le plus, c’est l’idée qu’une chanson que j’ai composée ait pu inspirer, sou-lager, réconforter ou faire danser quelqu’un quelque part.» 

Quand on lui demande s’il a des regrets, il répond d’emblée: «Je n’ai vraiment pas le temps pour les regrets. J’ai trop de choses à faire.» 

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Une belle histoire d’AMOUR

La relation d’amour dont jouit le chanteur cajun avec le public québécois ne date pas d’hier. «J’occupe une place unique dans l’univers québécois grâce à mon histoire. J’ai commencé ma carrière à New York et j’ai chanté en anglais. Mais avec l’argent que j’ai gagné grâce à mon premier contrat, je me suis acheté un accordéon diatonique qui m’a propulsé dans l’univers de la musique française de la Louisiane, puis m’a conduit au Québec, où j’ai séjourné pour une première période qui s’est terminée en 1981 — ironiquement avec le premier référendum — et d’où j’ai ensuite disparu pendant près de 15 ans. J’ai chanté aux États-Unis, essentiellement en anglais. Mon héritage est revenu me kidnapper en 1994, avec le premier Congrès mondial acadien au Nouveau-Brunswick. De nouveau, j’ai été propulsé dans l’univers francophone et la culture française d’Amérique, une des grandes sources d’inspiration de ma vie personnelle et de ma vie professionnelle. Je pense que dans les chromosomes des Québécois, il y a la mémoire de cette période où la Louisiane faisait partie de l’Amérique française, et bien que le destin nous ait emmenés sur des pistes différentes, on reste de la même famille. Quand je suis arrivé au Québec la première fois, en 1974, c’était comme si je retrouvais une partie de moi-même et, par la même occasion, j’ai rempli une case qui manquait dans le paysage du Québec. Depuis ce temps-là, nous vivons une histoire d’amour.»

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En tournée au Québec

Au Québec depuis quelques semaines pour promouvoir son nouvel album et prendre part au Salon international du livre de Québec (la semaine dernière) avec son cinquième recueil de poésie, Zuma 9, publié en 2019, Zachary Richard repart le 15 avril pour la Louisiane. Il amorcera sa tournée au Festival de Jazz de La Nouvelle-Orléans le 1er mai avant de revenir dans notre belle province pour sa tournée québécoise à compter du 22 mai, à la Salle Albert-Rousseau, à Québec. «On prépare un événement spécial avec l’orchestre au complet pour la fin de la tournée, mais pour la plupart des spectacles, on sera en petit comité, avec mes chums Rick Haworth, Francis Covan, Mario Légaré et Paul Picard. Gare à vous, il y a des Cajuns qui arrivent!» lance-t-il en terminant. 

 

L’album Danser le ciel est offert en magasin et sur toutes les plateformes numériques. Pour connaître toutes les dates de la tournée Danser le ciel: zacharyrichard.com.

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