À 50 ans, Marc Dupré est à un tournant dans sa vie

Patrick Delisle-Crevier

2024-02-13T11:00:00Z

Les derniers mois ont été chargés en émotions pour Marc Dupré, qui a eu 50 ans en juillet. Celui qui célèbre 30 ans de carrière a décidé de quitter son fauteuil rouge de La Voix pour faire place à de nouveaux projets, dont celui de se lancer tête première dans un spectacle d’humour, chose qu’il n’avait pas faite depuis 15 ans. Et, après 23 ans de mariage, l’homme s’est aussi séparé d’Anne-Marie Angélil. Entrevue avec l’artiste, qui vit actuellement un tournant dans sa vie.

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Marc Dupré, comment vas-tu?

Je vais super bien. Je fais beaucoup de spectacles en ce moment; je travaille là-dessus sans arrêt depuis trois mois. Ç’a été le cas même pendant les vacances des fêtes. J’étais parti avec l’idée d’être seul sur scène, et finalement j’ai décidé d’être accompagné de deux musiciens. J’avais le goût d’avoir du monde avec moi sur scène.

Tu effectues un retour à l’humour. Pourtant, tu m’avais dit, il n’y a pas si longtemps, que cela n’arriverait pas. Que s’est-il passé?

C’est bien vrai! À ce moment-là, je venais de terminer la tournée de mon dernier album. Je n’avais pas le goût de faire un autre disque dans un avenir rapproché et je savais que je n’allais probablement pas faire de télévision non plus, car j’avais envie d’une petite pause. Mais je me suis rendu compte que j’aimais être sur une scène. Pas que je m’ennuie quand je n’y suis pas, mais je souhaitais me lancer dans le vide, monter un spectacle et essayer de nouvelles affaires. Quand tu arrives à 50 ans, tu fais un genre de bilan, tu regardes ce que tu as fait et ce que tu as le goût de faire. Et c’est là que j’ai compris que ça me tentait à nouveau de faire de l’humour, de faire rire.

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Est-ce que ta petite pause a tout de même été salvatrice?

Oui, vraiment. Elle était nécessaire. J’ai pris ce temps juste pour ne rien faire. J’ai travaillé comme un fou ces dernières années avec La Voix, les spectacles, les albums, la distillerie... Je trouvais que tout ça, c’était trop, et j’ai eu besoin de prendre un break pour penser à ce que j’allais faire. Ça me tente toujours de faire de la musique et je continue à écrire des chansons. Je vais continuer, mais ce n’est pas ce qui va occuper mon temps dans les prochains mois. Je m’implique aussi beaucoup auprès de ma fille, Stella, qui entreprend une carrière musicale et qui écrit elle aussi ses propres chansons. Elle fait la première partie de mon spectacle d’humour. Mais pendant ma pause, j’ai surtout pris ça cool et j’ai tiré la plogue.Est-ce facile pour toi de le faire? Sérieusement, je ne l’ai pas fait assez souvent. J’ai aimé ça, avoir du temps pour respirer, ne rien faire, aller marcher, faire du bateau et voyager. Je suis d’ailleurs allé à Las Vegas. Après La Voix, l’année dernière, j’étais très fatigué, parce que je faisais des spectacles en même temps que les tournages. C’était juste sain de faire une pause après avoir travaillé autant. J’ai aussi passé beaucoup de temps à la distillerie, à Magog.

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Est-ce que ton retour en humour se passe comme tu le pensais?

Encore mieux! J’avais des appréhensions, car ça faisait quand même 15 ans que je n’avais pas fait d’humour. J’ai fait des spectacles de musique, mais ce n’est pas pareil. Quand on fait de l’humour, il faut parler, raconter des histoires et faire rire. Je parlais aux gens dans mes spectacles de musique, mais c’est beaucoup moins intense et très différent qu’un show d’humour. Là, je me livre plus. Je fais aussi un peu de musique ici et là dans le spectacle, et j’ai même ajouté de nouvelles imitations, dont Teddy Swims et Chris Stapleton. Je raconte aussi des histoires, je parle de mon enfance, de la façon dont ce métier est arrivé dans ma vie, etc. Je suis quand même passé d’un emploi dans un dépanneur de Laval...à la première partie de Céline Dion au Forum quelques jours plus tard! 

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Est-ce que la piqûre de l’humour est revenue?

Oui, et j’en suis soulagé. Ça me faisait peur, à un tel point qu’au début, on a prévu juste une petite série de dates, parce que je voulais être certain d’aimer ça et d’être à ma place. Je ne voulais pas aller me coucher le soir en me disant: «Ah non, il y a un autre spectacle demain...» Ça m’est arrivé à quelques reprises dans le passé. À cette époque, comme je faisais beaucoup de spectacles, j’avais peur que ça devienne redondant. Je ressentais toujours le besoin d’arriver avec quelque chose de nouveau, et c’était épuisant pour moi quand je commence à être fatigué, je vois tout plus gros que ça ne l’est véritablement. J’ai aussi eu à apprendre à dire non, ce que je n’aime pas. Ç’a été très difficile pour moi de ne pas pouvoir faire La Voix cette année, mais c’était impossible de partir en tournée avec mon nouveau spectacle d’humour et de faire ce show télé en même temps. J’avais l’impression que si je faisais La Voix cette année, je n’allais pas être complètement là et que j’allais moins bien servir mes candidats. Quand je m’implique, je le fais à 100 %, et cette fois je ne sentais pas que j’avais les outils pour bien le faire. Ç’a été un grand déchirement, mais, en vérité, j’avais besoin d’un nouveau défi. Et l’idée d’un spectacle d’humour me plaisait. Je carbure aux défis dans la vie. J’aime moins mon métier quand il n’y a pas de vagues et que j’ai l’impression de faire toujours la même chose.

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Comment vas-tu arriver à juxtaposer ta carrière de chanteur et celle d’humoriste? Parce que tu as un public qui souhaite entendre Marc Dupré chanter et non faire des blagues.

Je vais faire quelques spectacles de musique cet été, mais tant que je n’aurai pas de nouveau matériel, je ne vais pas faire de tournée musicale. En ce moment, je veux caser les affaires à leur place. Je suis du genre à m’éparpiller, mais là, je veux compartimenter les choses. Ce spectacle d’humour, je veux vraiment le travailler fort. Récemment, j’ai fait sept spectacles en neuf soirs. J’étais content de l’accueil. Ç’a vraiment été le fun. J’aime l’adrénaline! Chaque soir, dès que le spectacle était terminé, je retrouvais mon writer et on ajoutait une demi-heure de nouveau matériel. Le lendemain, je testais tout ça. C’était capoté!

As-tu été angoissé le soir de la première?

Pour être bien honnête, je ne pensais qu’à ma fille qui chantait quatre de ses nouvelles chansons en première partie. Je voulais que ça se passe bien pour elle. J’étais stressé, parce que c’était son premier vrai spectacle et que je voulais que tout soit parfait. Le soir de la première, j’écoutais son spectacle dans les coulisses, les yeux dans l’eau, et ce n’est que cinq minutes avant mon entrée en scène que j’ai réalisé que je devais réviser mes affaires! J’ai alors eu cinq minutes de panique, mais au final tout a bien été. J’ai été stressé les cinq premières minutes du show, puis après une blague, puis une autre, puis les rires...on dirait que tout est revenu rapidement. J’ai l’impression que les gens aiment ça et qu’ils avaient hâte. Je suis vraiment content.

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Qu’est-ce qu’on apprend sur toi dans ce spectacle?

Que je suis un peu perdu, que je n’aime pas tant la célébrité et que je me pince le soir avant de me coucher tellement je me trouve chanceux de faire ce métier. Je ne suis pas du genre à regarder ce que j’ai fait; pour moi, ce qui est important, c’est l’après, ce qui s’en vient.

Tu dis que tu n’aimes pas tant la célébrité. Qu’est-ce que tu veux dire?

Que je suis comme monsieur et madame Tout-le-Monde. Je ne suis pas une vedette dans ma tête. Quand je vais quelque part, j’oublie que je fais ce métier. J’aime jaser avec les gens. Je suis toujours accessible et je peux passer deux heures à jaser avec quelqu’un. Des fois, ce sont mes enfants qui sont tannés de m’attendre. Je ne joue pas la carte de la célébrité. Dans mon spectacle, j’ai un numéro dans lequel je parle des affaires qui me font suer dans ce métier. C’est exagéré bien sûr, mais il y a un peu de vrai là-dedans.

Est-ce que tu dis non, des fois?

C’est rare. Même quand on me demande un selfie à l’aéroport à 5 h du matin, je dis oui! Je ne dis jamais non à quelqu’un qui m’approche avec gentillesse et qui veut un autographe ou une photo. Ce n’est pas grand-chose et ça fait plaisir. Le hic, c’est que parfois tu dis oui et, lorsque tu te retournes, il y a 25 personnes en ligne qui veulent la même chose! Or je me sens privilégié de faire ce métier depuis 30 ans, et pour moi, c’est naturel d’être gentil avec les gens. Mais dans mon numéro sur le sujet, je me paie la traite et je vais à des endroits où on ne m’attend pas du tout. C’est pour ça que le spectacle s’appelle Ben voyons donc!.

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As-tu vraiment un côté grognon?

Oui, ça m’arrive, surtout quand je vois tout comme une grosse montagne et que j’ai l’impression que je ne vais pas y arriver. Souvent, je m’en fais beaucoup trop pour rien et je deviens insupportable. Par exemple, à La Voix, j’avais une peur bleue de ne pas réussir à me faire choisir par des candidats. Je m’en faisais avec ça et ça pouvait me rendre grognon auprès de mon entourage. Ça me stressait tellement! Quand j’avais mon premier candidat, je respirais mieux. J’ai cette peur de ne pas être à la hauteur; je dois travailler là-dessus.

Tu me disais que ta fille souhaitait suivre tes pas dans la musique. Qu’en est-il de tes deux garçons, Anthony et Lenny?

Mon plus vieux, Anthony, habite à Magog et il travaille à la distillerie, alors que mon plus jeune, Lenny, étudie en finances au cégep. Je suis très fier de mes enfants. C’est certain qu’au début, j’avais un peu peur de voir Stella suivre mes traces, car c’est un métier qui n’est pas facile. Mais je vais l’aider et je me dis que si elle a le talent, elle va réussir. Elle gère bien ses affaires et elle travaille bien.

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Tu as eu 50 ans en juillet dernier. Ça te fait quoi?

Ça m’a dérangé pendant deux jours. Je n’aime pas le chiffre, d’autant plus que, très jeune, je me disais qu’à 50 ans j’allais prendre ma retraite. Or je n’en suis pas là du tout, et ce n’est pas dans mes plans non plus. En même temps, comme je fais de la musique, je dirais que le petit côté rockstar en prend un coup à cet âge! On dirait que ça fait moins «wow», une rockstar de 50 ans! Malgré tout, ce n’est pas difficile pour moi de vieillir, même que je me sens beaucoup plus en forme maintenant qu’il y a quelques années. En vieillissant, je vois les choses différemment. J’ai encore de belles années de bonheur devant moi. Ça me sécurise aussi de savoir que je suis capable de faire plein de choses dans la vie, et pas seulement de la musique. La Voix m’a beaucoup aidé à découvrir ça; je me dis que je pourrais avoir une belle carrière à travailler dans l’ombre avec de jeunes talents.

Tu as annoncé ta séparation d’avec Anne-Marie l’été dernier. Comment ça se passe?

On est en très bons termes, même qu’on a soupé ensemble hier. On s’aime au bout, tous les deux, mais la vie a fait qu’on en est rendus là, elle et moi. C’est difficile pour moi de parler de ça, parce que cela n’implique pas juste moi. Ça implique mon ex-femme et mes enfants. C’est certain que ça crée beaucoup de changements dans nos vies, mais Anne-Marie et moi sommes encore une famille avec nos enfants. Nous ne sommes pas les premiers à vivre ça et nous faisons ça de la meilleure des façons.

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Te retrouver célibataire, comment vis-tu ça?

C’est certain que ce n’est pas le fun de se retrouver célibataire à 50 ans. Je ne cherche pas absolument à retrouver l’amour. Je ne suis pas pressé, je suis bien entouré, j’ai mes enfants et ma famille. J’ai aussi de bons amis et je travaille beaucoup. Je n’ai pas tellement de temps à consacrer à une relation en ce moment. En même temps, j’apprends à travers tout ça. Je réalise justement que travailler beaucoup, ça fait que tu mets un peu de côté certaines choses. Dans la vie, il faut faire des choix, et c’est ce que je comprends aujourd’hui.

Comment vois-tu la suite des choses?

Je veux me garder en forme et continuer à relever de nouveaux défis. J’aimerais refaire de la télévision et d’autres spectacles. Je souhaite aussi être grand-papa un jour. Et je veux continuer à développer la distillerie Cherry River. Nous sommes partis de rien et nous sommes rendus à 21 produits à la SAQ! Nous lancerons bientôt des produits sans alcool. Et, par-dessus tout, je veux passer du temps avec ma gang et en prendre soin.

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