Andrée Boucher aimerait faire un retour au jeu

Jocelyn Malette

Sabin Desmeules

2021-06-15T15:02:36Z

La comédienne Andrée Boucher a grandi à l'écran. On l'a tant aimée dans Des dames de coeur et dans plein d'autres téléromans! Aujourd'hui, elle écrit, donne des conférences et coule des jours heureux auprès de l'homme de sa vie.

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Ce sont les rediffusions des Dames de cœur à ARTV qui nous ramènent Andrée Boucher à l’écran. Elle est certaine que l’émission est toujours aussi pertinente, que le propos ne date pas. «Des femmes battues, il y en a encore.» Andrée fait référence au fait que son personnage était violenté par son mari. «Ç’a été un énorme succès! Et au moment où Lise Payette a commencé à parler de violence conjugale, c’est devenu the talk of the town! Je me promenais avec une liste de maisons d’hébergement dans mon sac à main. Et il y a plusieurs lignes d’aide qui sont nées.» La comédienne pense que l’autrice Lise Payette a tenté, avec Évelyne, de faire passer un message. «À l’époque où elle était ministre, Mme Payette avait essayé de faire reconnaître le problème des femmes battues, et elle s’était fait dire par ses collègues que ça n’existait pas. Je le sais de sa propre bouche. Elle a donc passé son message autrement, plus tard, dans son téléroman.» 

Andrée se souvient de l’engouement démesuré du public pour cette émission. «Les gens ont tellement aimé Des dames de cœur! C’était fou! Il y avait des professeurs d’université qui ne donnaient pas de cours les lundis soir parce qu’ils savaient que leurs élèves ne seraient pas là, car ils regardaient l’émission.» 

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À l’époque, le phénomène Jean-Paul Belleau avait déstabilisé les membres de la production. «On se disait que Gilbert Sicotte, qui jouait Jean-Paul Belleau (un mari infidèle qui collectionnait les conquêtes), allait se faire lyncher, mais il est devenu une icône, raconte, presque encore surprise, la comédienne. Je prenais des taxis, et il y a des chauffeurs qui me disaient: “Jean-Paul Belleau, c’est moé!”» 

Puis elle poursuit: «Aujourd’hui, il y en a plusieurs qui sont partis...» Elle pense à Louise Rémy, Luce Guilbeault, Michelle Rossignol, Michel Dumont et Lise Payette, tous décédés. 

DES PANS DE LA VIE DE L’AUTRICE
Andrée Boucher est certaine que les quatre dames de cœur du téléroman de Lise Payette — Claire, Lucie, Véronique et Évelyne — représentaient des pans de l’existence de l’autrice. «Quand on lit sa biographie en trois volumes, on a l’impression que les quatre dames de cœur sont quatre périodes de sa vie, avance-t-elle. Quand elle était à Paris et qu’elle était la femme d’André Payette, il l’a mise en réclusion, en banlieue, sans auto, avec trois enfants... et il la battait! C’était Évelyne. Et comme Évelyne, elle a réussi à se faire un réseau à la radio, elle s’est mise à faire des entrevues qui ont été vendues à Radio-Canada, à Montréal, et tranquillement, elle s’est fait un chemin, elle a monté les échelons...» 

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UN RÔLE EN FRANCE GRÂCE À LISE PAYETTE
Un jour, Andrée s’est retrouvée dans une série en France un peu grâce à Lise Payette. Le directeur de Pathé Films, à Paris, avait organisé un grand souper auquel la future politicienne et autrice avait pris part. Il lui avait dit: «Notre réalisateur est en amour avec une petite Canadienne, une comédienne, paraît-il, très connue, Andrée Boucher. On veut savoir si elle est aimée.» Lise a répondu: «Les gens l’adorent!» Andrée a eu un rôle dans Schulmeister, l’espion de l’empereur, qui a connu deux saisons dans les années 1970. 

Plus intimement, la comédienne a noué une amitié avec Lise Payette grâce à l’émission Appelez-moi Lise. À l’époque, on mettait des invités en stand-by dans les coulisses au cas où un de ceux prévus à l’émission du soir s’avérerait plate et où on couperait court à l’entrevue. On faisait alors appel aux personnalités en attente pour pallier. Andrée était souvent une de celles-là. Quand Lise a écrit Des dames de cœur, elle songeait sans doute à elle pour jouer Évelyne. «Je pense qu’elle a écrit les rôles des quatre femmes en pensant à nous. Quand elle a fait La bonne aventure, je lui ai écrit pour y avoir un rôle.» Ça ne s’est pas fait, mais elle lui avait répondu: «Je te garde dans mon cœur.» 

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UN P’TIT CAFÉ?
À l’époque, RBO avait parodié le téléroman à son émission. Des dames de cœur était devenu Des deux de pique. Comment réagissait Andrée Boucher à cela? «Très bien. Je leur ai même fourni des textes en avance pour qu’ils soient à jour, admet-elle. RBO a fait plus pour la publicité du téléroman que n’importe quelle page couverture de magazine!» 

Encore aujourd’hui, elle se fait demander: «Prendrais-tu un p’tit café?» Les gens sont familiers avec elle. Et avec raison! «Le public m’a élevée, j’ai commencé à 15 ans, rappelle-t-elle. Aujourd’hui, les gens me disent qu’ils s’ennuient de ne pas me voir.» 

QUE DEVIENT ANDRÉE BOUCHER?
Avant la pandémie, elle allait à la rencontre de son public en donnant une conférence intitulée Être maître de son destin. Et elle écrit un roman. Elle aimerait jouer de nouveau. «Ce métier-là, c’est une drogue dure. Et quand on ne le pratique plus, il y a un vide total! Même si j’ai une vie qui est sublime et que je suis bien entourée, il n’y a rien qui remplace ça!» 

Elle déplore le manque d’ouverture des artisans de la télé. La comédienne l’a souvent répété: il y a peu de place pour les gens comme elle, qui ont une mobilité réduite. «Je suis comme ça parce que j’ai eu beaucoup d’opérations aux hanches et aux jambes. Et, depuis, ce sont des femmes qui m’ont engagée. Les hommes avaient beaucoup de difficulté avec ça! note-t-elle. La télévision est censée être représentative de la société, mais on ne voit jamais personne avec une canne, en béquilles, en fauteuil roulant... ou presque jamais. On ne voit pas non plus de grands-mères et d’arrière-grands-mères.» 

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Le fait qu’on ne l’appelle plus la fait douter, encore aujourd’hui, de son talent. «Est-ce que j’en avais vraiment? Est-ce que je n’ai été que la fille de quelques rôles? Il y a une remise en question énorme qui est encore là!» 

Et le sort des aînés l’inquiète. «Je n’ai pas une très haute opinion de la façon dont on traite les personnes âgées. J’ai la chance d’avoir un amoureux et de pouvoir rester à domicile. Si je n’avais pas Jean-Pierre, probablement que ce serait très différent. Mais j’ai cette chance merveilleuse d’avoir ce qu’on appelle un aidant naturel, qui est un amoureux en même temps!» 

Photo : Dominic Gouin
Photo : Dominic Gouin

45 ANS D’AMOUR ET DU BONHEUR
En mars, Andrée soulignait son 45e anniversaire de couple avec l’auteur Jean-Pierre Bélanger. «On a fêté ça tout seuls et sur Zoom. On se reprendra pour quelque chose de plus gros en mars l’an prochain... si on se rend jusque-là!» Parce que même après tant d’années d’amour, elle ne tient jamais son couple pour acquis. «C’est au jour le jour. On n’est pas à l’abri que mon amoureux rencontre la passion sur son chemin. Il a quand même 10 ans de moins que moi, il est beau, en forme, en santé. Je fais attention à lui parce que c’est l’amour de ma vie!» 

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Sa fille a eu une fille, et sa petite-fille a eu une fille aussi. «J’ai toujours eu plus de facilité à dealer avec des garçons, mais j’ai eu des filles!» dit-elle en riant. Elle les adore. 

La dame de cœur vit un bonheur tranquille. Et elle va de l’avant. Elle a des projets. Elle promet qu’on entendra de nouveau parler d’elle...      

Le téléroman Des dames de cœur est rediffusé les jeudis et vendredis à 17h et à 18h, à ARTV, dès le 10 juin.

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