Charles Hamelin confie ce qu’il souhaite transmettre à sa fille en tant que père

Photo : Patrick Seguin © 2021

Jean-Marie Lapointe

2022-03-09T18:26:39Z

Tout juste décoré de sa médaille d’or, le patineur de vitesse Charles Hamelin est à peine revenu des Jeux olympiques qu’il est déjà de retour à l’entraînement pour les Championnats du monde de patinage de vitesse sur courte piste. L’événement, qui aura lieu à Montréal du 18 au 20 mars, sera une occasion en or, une grande première pour le père de famille de livrer sa dernière performance à la maison, mais aussi devant sa fille, Violette. Entrevue avec un homme sensible et soucieux de transmettre ce qu’il y a de mieux à sa première héritière — car d’autres enfants risquent bien de s’ajouter à la lignée!

Photo : Patrick Seguin © 2021
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Après les Jeux, tu as vécu un décalage horaire, mais peut-être aussi un décalage émotionnel. Comment t’ajustes-tu par rapport à ça?
Avec Violette, ça m'aide beaucoup! Je l'ai vu après ma course du 15000 mètres, où ça a moins bien été, et j'ai réussi à changer mon mindset... [C'est-à-dire] ne pas être fâché, relativiser un peu les choses. Je me suis dit que ça allait bien se passer en revenant à la maison, et ce, même si je n'avais pas réussi à faire ce que je voulais au 1500 mètres. De toute façon, je savais qu'il restait le relais du 500 mètres et qu'on allait battre les autres équipes! (rires) Finalement, je suis revenu à la maison et j'étais bien. Je voulais juste pouvoir passer du bon temps avec [ma conjointe, Geneviève Tardif, et Violette], me coller et écouter tranquillement des petits bonhommes sur le divan.     

Quand le sport est le centre de ta vie, tu fais face à des montagnes russes d’émotions...
Exactement! Quand tu gagnes, ça va bien, mais quand tu perds, tout va mal. Et c’est là que ça devient difficile de passer à travers ces [durs moments]. Avec ma famille, j’ai la chance d’avoir un équilibre que je n’avais peut-être pas avant et qui me permet de penser à autre chose que seulement le patin. Ça me donne un sentiment de rafraîchissement, car je réussis à avoir l’esprit tranquille et à me lever le matin avec ma fille. Depuis que j’ai un enfant, j’ai un meilleur focus. 

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Comment te sens-tu à ce stade-ci de ta carrière?
J’ai le sentiment du devoir accompli. Avant de partir pour les Jeux, je me suis dit que j’allais revenir à la maison avec le sourire — que j’aie une médaille ou pas. Je me suis aussi dit que j’allais revenir avec les meilleurs souvenirs pour la fin de ma carrière olympique. Je l’ai déjà annoncé et je suis allé jusqu’au bout. J’ai voulu me challenger en 2018 pour voir jusqu’où je pouvais aller. Le fait d’avoir remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques, c’est la preuve que j’ai tout donné. On a démontré pourquoi on était l’équipe numéro un au monde. C’est la plus belle fin de carrière que j’aurais pu demander. Je suis aux anges! Maintenant, je vais être content de regarder mes coéquipiers battre mes records.      

Quelle est l’image la plus représentative de ton expérience aux Jeux olympiques?
Sur les réseaux sociaux, j’ai partagé une vidéo des boys quand on a descendu les pentes et qu’on avait du fun. Je pense que c’est le résumé de mes Jeux olympiques. On est une gang de boys ensemble. On a eu du gros, gros fun durant tous les Jeux. C’est aussi une des raisons clés de notre succès: on a pris le temps d’aller faire des choses drôles, des vidéos de patinage artistique ou de curling! (rires) Ça nous a permis d’évacuer un peu le stress. Et ça, c’est l’essentiel pour moi. Médaille ou pas. 

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Charles, tu auras 38 ans prochainement. Il y a des athlètes qui performent toujours à l’âge de 40 ans. Est-ce que tu as laissé une porte ouverte à la compétition?
Non, pas du tout! Il me reste un centimètre de porte à fermer et c’est pour les Championnats du monde. Après ça, je prends ma retraite. Je ne vais pas m’éloigner du patin pour autant, car j’ai une compagnie qui s’appelle Nagano Skate avec d’anciens patineurs — dont Éric Bédard et François Drolet. On a aussi un volet académique avec la compagnie. On fait des camps d’entraînement à travers le Québec et le Canada, et on enseigne aux jeunes débutants, mais aussi à ceux qui espèrent faire partie de l’équipe nationale. 

Est-ce que le coaching figure parmi tes projets?
Je suis des cours d’entraîneur à temps perdu et c’est quelque chose qu’on peut faire en ligne. Mon objectif premier, ce n’est pas de devenir entraîneur-chef de l’équipe nationale... Je suis en train d’écrire ma biographie. J’ai aussi une autre compagnie qui développe une application mobile pour les jeunes et les moins jeunes, pour challenger leurs habiletés spéciales dans les sports ou les milieux artistiques. Ça va s’appeler All Skills; c’est en développement et on va lancer cette nouvelle application qui sort de l’ordinaire l’an prochain.      

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Comment te prépares-tu à vivre autre chose, au-delà de l’intensité des compétitions des dernières années?
Je crois que c’est impossible de retrouver l’excitation qu’on vit aux Jeux olympiques. Je ne peux pas m’attendre à avoir le même feeling pour le reste de ma vie, mais je pense que d’être papa et d’avoir une famille, c’est l’une des plus belles choses qui puissent m’arriver. La personne que j’admire le plus dans ma vie, c’est mon père, parce qu’il a réussi à me transmettre des valeurs qui ont fait la personne que je suis aujourd’hui. 

Plus concrètement, quel est l’héritage de ton père?
Il a toujours été là pour nous conseiller [mon frère François et moi] sur ce que nous devions faire et il nous a toujours donné le choix, même à l’adolescence. Il ne nous a jamais interdit d’aller à un party. Il y a des fois où j’en ai payé le prix (rires), mais j’ai appris par moi-même en faisant des erreurs. J’ai réussi à me forger un caractère et à faire ce qu’il faut pour gagner. On avait déjà l’amour du sport grâce à mon père. On a grandi là-dedans; on avait des rêves et on avait des idoles comme Marc Gagnon. Après, on a appris à devenir bons. Il fallait être rigoureux et on l’a appris par nous-mêmes. C’est comme ça qu’on nous a élevés. J’ai appris à travailler fort chaque jour pour être meilleur. 

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Photo : Patrick Seguin © 2021
Photo : Patrick Seguin © 2021


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Charles, j’ai découvert ton côté sensible à travers les médias. Lorsque tu t’es séparé d’avec Marianne St-Gelais, tu as gardé tes émotions pour toi. Pourquoi?
Avec les Jeux olympiques, en 2018, je voulais performer et j’aurais été encore plus malheureux si j’avais affecté mes coéquipiers par mon attitude négative ou mes états d’âme. J’avais un masque, car je voulais vraiment avoir le plus de plaisir possible avec eux. Mais je ne me sentais pas bien. Je suis allé puiser dans toutes les énergies que j’avais pour avoir l’air d’un gars positif. J’ai quand même été disqualifié dans mes trois épreuves de distance à ce moment-là. Mon esprit n’était pas bien aligné pour que je performe bien. La seule personne à qui je parlais de [mes problèmes], c’était mon préparateur mental. Je laissais sortir mes émotions au compte-gouttes, mais [ça m’a quand même enlevé] de la pression d’en parler.      

Il y a de plus en plus d’athlètes qui font leur coming out sur des problèmes de dépression ou de consommation. Avec le recul, est-ce que tu serais capable d’aller chercher de l’aide maintenant?
Une des personnes qui m’ont beaucoup aidé — car je n’ai jamais été une personne qui s’ouvrait beaucoup émotionnellement —, c’est ma blonde. Maintenant, c’est plus naturel de le faire et elle a fait ressortir ça de moi. Des fois, elle me regarde et me demande ce que j’ai. Je me confie [par exemple, à propos de ce que j’ai vécu sur la glace] et je redeviens le Charles que je suis! 

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Photo : Patrick Seguin © 2021 /
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Quelles sont les leçons que la vie t’a apportées?
Il y a une phrase que j’aime beaucoup et que j’ai dite plusieurs fois. «Dans la vie, si tu aimes ce que tu fais, que tu as un rêve et que tu travailles fort chaque jour, tu peux accomplir n’importe quoi». Et en plus, si tu crois en toi, il n’y a aucune limite à ce que tu peux faire. Le patin, c’est un sport qui est très exigeant et, peu importe l’entraînement, ce n’est vraiment pas facile. Ça fait toujours mal aux jambes! J’ai appris à adorer la souffrance que j’avais sur la glace, car sinon, je ne serais pas là après 30 ans de patin!

En terminant, quel est ton plus grand rêve, Charles?
D’avoir le même impact sur mes enfants que mon père a eu sur moi. C’est vraiment ça que je veux... c’est ma prochaine mission. Je veux léguer ce que mon père m’a donné.
 

Charles participera à sa dernière compétition aux Championnats du monde de patinage de vitesse sur courte piste, à Montréal, du 18 au
20 mars.

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