Anne-Marie Cadieux souhaite contribuer à changer la perception des femmes dans la soixantaine

Photo : Julien Faugere

Michèle Lemieux

2022-01-17T17:30:00Z

Toujours aussi magnifique, l’actrice a eu 60 ans en septembre dernier. Par sa volonté de dire son âge, elle contribue à changer la perception qu’on peut avoir des femmes dans la soixantaine. Anne-Marie Cadieux est par le fait même devenue un modèle pour plusieurs. Elle a bénéficié de l’exemple de sa mère, qui a su vieillir en paix et qui a quitté ce monde comme elle a vécu.

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Anne-Marie, vous avez cumulé les beaux projets ces derniers mois...
Oui, j’ai joué dans Embrasse au TNM à l’automne. Nous étions vraiment heureux d’être de retour au théâtre. On me verra dans la troisième saison de La Maison-Bleue, et c’est vraiment drôle. J’ai également tourné un court métrage avec Béatrice Picard, réalisé par Rachel Graton, Suzanne et Chantal. Je n’avais jamais travaillé avec Béatrice. Je l’ai adorée! À 92 ans, elle a une énergie incroyable! Nous formons un duo à la Thelma et Louise. Enfin, je serai sur scène dans Cher Tchekhov de Michel Tremblay au printemps. C’est une grande chance! 

Photo : Véro Boncompagni
Photo : Véro Boncompagni


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Et vous devriez être bientôt de retour sur les planches dans Vernon Subutex. Quel titre intrigant!
Oui, c’est une pièce tirée de l’œuvre de Virginie Despentes, une auteure provocatrice. Cette adaptation d’Angela Konrad est excitante: elle nous amène dans un univers débridé. L’histoire se déroule à Paris. Vernon Subutex se retrouve à la rue. On voit comment se fait le glissement: avoir tout et devenir itinérant. C’est violent. C’est aussi le passage de la jeunesse à la cinquantaine. Certains sont aigris, d’autres non. Mon personnage, Sylvie, est une ex-héroïnomane. Elle est plus rangée, mais il reste des vestiges de cette vie passée. C’est le portrait d’une génération, mais aussi une réflexion sur le fait de vieillir.

Ce devait être un soulagement de travailler autant après avoir vécu une accalmie.
Oui, cela dit, j’ai eu la chance de participer à La soirée est (encore) jeune. J’ai fait de la radio toute l’année. Ç’a été une bouffée d’air frais dans ma vie. Puis, tout a redémarré sur les chapeaux de roues, jusqu’à dernièrement! Avec la pandémie, j’ai compris qu’il fallait lâcher prise. J’ai eu 60 ans cette année.

Anne-Marie, c’est magnifique que vous le disiez!
Je le dis justement pour changer la perception des gens. Soixante ans pour moi, c’est super. J’ai participé au documentaire sur la ménopause, Loto-Méno. Ça touche un autre tabou, et je trouvais ça d’autant plus intéressant. Pourquoi serions-nous mal à l’aise d’en parler? Beaucoup de femmes m’ont écrit pour me dire que c’était lumineux. Je suis en forme. J’ai une vie amoureuse, une vie sexuelle, je travaille.

Garder le silence ne contribue pas à faire changer les choses...
En effet. C’est aussi pour cette raison qu’il faut dire notre âge. Dans la cinquantaine, je ne le disais pas. Les gens ont donc été surpris que je le fasse. Il faut accepter. Je pense que les choses changent. Je vois des jeunes femmes qui ont peur de vieillir. Il faut envoyer des images positives de femmes qui travaillent et se réalisent, leur dire qu’à 60 ans, ce n’est pas fini. On a parfois l’image d’une femme de 60 ans avec ses cheveux blancs, ses bigoudis et installée dans sa chaise berçante. Nous sommes prises avec ce cliché.

Il faut dire que nous sommes plus jeunes que nos mères l’étaient à cet âge, n’est-ce pas?
Personnellement, ma mère était très belle. Elle a été un bel exemple pour moi. À la fin de sa vie, j’ai beaucoup aimé la voir accepter de vieillir. Elle n’était pas dans la nostalgie du passé. Elle était super reconnaissante et sans amertume. Pour moi, ç’a été une belle leçon. Elle n’arrêtait pas de dire aux infirmières qui la soignaient à quel point elles étaient formidables. C’est important de pouvoir se dire qu’on a eu une belle vie, avec tout ce que cela comporte.

Diriez-vous qu’elle était dans l’acceptation?
Oui, et elle ne se concentrait pas sur ce qui n’avait pas fonctionné dans sa vie, mais sur ce qui avait bien été. Je pense que cela contribue au bonheur, d’une certaine façon.

Comment avez-vous marqué le coup de votre anniversaire?
C’était le 23 septembre. J’étais sur les planches et c’était soir de première pour Embrasse. Ça faisait beaucoup, mais c’était un beau cadeau. Je pensais moins à mon anniversaire qu’à la représentation de la pièce. C’était la première fois que ça m’arrivait en carrière d’être sur scène pour ma fête. Après le spectacle, nous avons bu du champagne. Il y avait un gâteau pour moi et j’ai reçu des bouquets de fleurs. Comme nous sommes en pandémie, je voulais faire quelque chose à l’extérieur avec plein de monde, mais finalement, j’ai fait une fête de famille le dimanche suivant. Nous étions 10 personnes, le maximum permis, et c’est très bien. Je me sens vraiment privilégiée, entre autres parce que j’ai des projets jusqu’en 2024. 

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Yves Renaud
Yves Renaud


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Il y a peu de temps encore, les femmes de 50 ans dans ce milieu craignaient de ne plus pouvoir travailler.
Oui. C’est sûr que je n’ai plus 30 ans, mais je me vois toujours dans la force de l’âge. Michel Marc Bouchard a écrit un rôle pour moi dans Embrasse, et je vais jouer du Tremblay. Wow! Quelle récolte! Je pense que cela repose sur un ensemble de choses: la chance, mais aussi nos liens, notre travail. 

Est-ce que beaucoup de femmes vous disent que ça les inspire?
Elles ne me le disent pas, mais j’espère qu’elles le sont par toutes ces femmes qui continuent de travailler, de faire ce qu’elles aiment. Je pense à Janette Bertrand, entre autres. Elle m’épate! Nous avons tous besoin de prendre ces femmes en exemple. Je regardais Maggie Smith dans Downton Abbey. Elle y tient un rôle extraordinaire! C’est un métier où on peut continuer à jouer. Chaque rôle dans ma vie est un cadeau. Je crois que le fait de travailler garde jeune. Le métier nous force à apprendre des textes, à travailler notre mémoire, à bouger, autant de choses qui permettent de rester en forme. 

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Pour s’informer sur les représentations de Vernon Subutex à l’Usine C: usine-c.com.
Cher Tchekhov tiendra l’affiche du Théâtre du Nouveau Monde du 3 au 28 mai (tnm.qc.ca).
On retrouvera aussi l’actrice dans la troisième saison de La Maison-Bleue en mars, sur Tou.tv.

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