Comme son personnage dans Indéfendable, Nour Belkhiria a étudié le droit

La comédienne Nour Belkhiria, qui interprète Inès dans Indéfendable, a toujours rêvé de devenir comédienne, mais ce métier lui semblait inaccessible. Sage et pragmatique, elle a poursuivi ses études de droit et aujourd’hui, son histoire est un bel exemple de la réalité qui rencontre la fiction...

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Nour, on te découvre présentement dans la série Indéfendable, mais quel a été ton parcours avant de décrocher ce rôle?

Je suis née en Tunisie et j’y ai vécu jusqu’à mes 18 ans pour ensuite immigrer ici avec ma famille. J’ai deux sœurs, mais je suis l’aînée. Une fois arrivée au Québec, j’ai poursuivi mes études en faculté de droit à l’Université de Montréal. 

Pourquoi avoir choisi des études de droit à l’époque, si le jeu t’intéressait? Est-ce que tes parents sont avocats?

Non, en fait, mes parents sont tous deux médecins, alors ils étaient quelque peu déçus que je ne choisisse pas la médecine, mais j’étais nulle en sciences. (rires) En fait, le jeu m’a toujours intéressée et je fais du théâtre depuis que je suis toute jeune, mais c’était toujours dans un cadre d’activité parascolaire. Je nourrissais le rêve de devenir actrice, mais ça semblait inaccessible. J’aimais tellement jouer sur scène! Mes parents assistaient toujours à mes pièces de théâtre quand j’étais enfant. Mais, même si je rêvais d’en faire une carrière, ce n’est pas vraiment un métier qui était pris au sérieux, surtout avec des parents médecins. Ils voulaient que j’exerce un «vrai» métier, et le jeu devait demeurer un hobby, sans plus. Dans le fond, j’étais un peu en accord avec eux, car le métier d’actrice s’accompagne de beaucoup d’incertitude et d’insécurité. Je suis donc devenue avocate. 

Travaillais-tu comme avocate avant de décrocher le rôle d’Inès?

Oui, je venais de terminer mon stage du barreau et ça faisait six mois que
je travaillais comme avocate chez MDF Commerce, une compagnie de commerce électronique. Il faut comprendre qu’à travers mes études de droit, j’étais membre de la troupe de théâtre à l’université, car j’avais besoin d’exprimer ma créativité. Je savais qu’il y avait une grande possibilité que le jeu demeure une simple activité de plaisir. Je me suis trouvée chanceuse d’avoir un bel encadrement dans la vie pour voir les choses de façon si pragmatique.

Tu es une jeune femme déterminée, car immigrer au Québec, faire des études de droit et jouer au théâtre dans tes temps libres, c’est beaucoup.

J’avoue que mes premiers mois au Québec ont été très difficiles, car j’ai quand même vécu un choc des cultures. Je croyais qu’immigrer dans une culture francophone serait facile, mais même si la langue était le français, je ne comprenais rien aux références culturelles par rapport aux gens, aux médias et aux coutumes. J’étais quelque peu déstabilisée, mais aujourd’hui, j’adore ma vie au Québec.

Qu’est-ce qui t’a finalement fait croire qu’une carrière de comédienne était possible?

Quand je me suis retrouvée en troisième année de droit, il y a eu un casting ouvert pour le film Antigone, de Sophie Deraspe. Je me suis présentée aux auditions et, après quelques rencontres, on m’a donné le rôle. Finalement, j’ai remporté le prix de la meilleure interprétation d’un second rôle féminin aux prix Écrans canadiens (Canadian Screen Awards). Ç’a vraiment été cool de gagner ce prix pour ma première expérience professionnelle de jeu. 

Wow! Ç’a été un grand départ. C’est à ce moment que tu as cru pouvoir en faire une carrière?

Non, même pas, car je n’avais qu’une seule expérience; ce n’était pas assez solide. (rires) Mais c’est ce qui m’a encouragée à me trouver un agent. J’ai eu d’autres rôles, dont un petit dans la série Doute raisonnable, avant de décrocher celui d’Inès dans Indéfendable. En plus, je me sens vraiment privilégiée de jouer dans une quotidienne. 

Dans ton cas, on parle vraiment de la réalité qui rencontre la fiction!

Je sais, c’est fou! Quand j’ai passé l’audition pour Inès, je leur ai dit que j’étais avocate dans la vie, alors plusieurs étaient restés bouche bée. (rires) C’était spécial d’auditionner pour une stagiaire en droit alors que je venais tout juste de finir mon stage du barreau. Je savais que je comprendrais très bien les textes et tout ce langage juridique. (rires)

Et avec ton expertise juridique, comment décrirais-tu Indéfendable?

Je trouve ça génial que le monde juridique soit si bien vulgarisé dans cette série, car les téléspectateurs auront accès à quantité d’informations. Sincèrement, c’est très bien fait, c’est très proche de la réalité et tous les cas dans la série sont inspirés de faits réels. 

Et avec un rôle dans une série quotidienne, tu ne peux plus travailler comme avocate... Est-ce que tes parents ont bien pris la nouvelle?

Pour eux, j’avais rempli le contrat, car j’ai terminé mes études de droit et j’ai commencé à travailler comme avocate, alors ils étaient très sereins face aux décisions que j’ai prises. Mes parents savent à quel point j’ai toujours rêvé d’être actrice et, avec un rôle dans une quotidienne, c’est ma chance d’essayer de vivre de ce métier qui me passionne. Depuis quelques années, ma famille n’habite plus au Québec. Mes parents et une de mes sœurs sont retournés en Tunisie, et mon autre sœur est en France pour ses études de droit, justement. J’adore le Québec, je me suis fait une vie ici, alors je suis restée.

Dis-moi, Nour, est-ce que ton personnage d’Inès te ressemble?

(Rires) En fait, Inès est beaucoup plus impulsive que moi, mais on est toutes deux spontanées, très déterminées, on dit ce qu’on pense et, tout comme elle, j’ai une personnalité assez pétillante. Ce que j’aime beaucoup de mon personnage, c’est le fait qu’elle est stagiaire, et les téléspectateurs découvriront le milieu juridique à travers ses yeux. Je crois que le public aura des réactions très similaires à celles d’Inès. Chose certaine, c’est une nouvelle et belle aventure. J’ai vraiment très hâte que les gens me parlent de la série Indéfendable.

Et peut-être joueras-tu un jour à l’international...

Pourquoi pas? J’ai tourné dans une série en Tunisie l’hiver dernier, ce qui me donne une visibilité là-bas. Je vais semer des graines un peu partout. J’ai bien hâte de voir ce que l’avenir me réserve! 

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