Confidences de Lunou Zucchini, la Sherri de «Rock of Ages»

Photo portrait de Cédric Bélanger

Cédric Bélanger

2022-06-13T16:00:00Z

Son statut de finaliste à Star Académie et le nom de sa maman, la chanteuse Luce Dufault, pourraient lui ouvrir toutes les portes, mais Lunou Zucchini ne recherche pas les passe-droits ni la gloire à tout prix. Vous voulez lui faire plaisir? Faites-lui passer une audition au lieu de lui offrir un rôle sur un plateau d’argent.

PHOTO COURTOISIE/Productions Déferlantes
PHOTO COURTOISIE/Productions Déferlantes

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C’est ce que le metteur en scène Joël Legendre a fait quand il s’est dit que cette jeune femme talentueuse, avec qui des centaines de milliers d’amateurs de la téléréalité de TVA venaient de tomber en amour, au printemps 2021, serait une bonne candidate pour incarner Sherrie, l’un des rôles principaux de l’adaptation québécoise de la comédie musicale de Broadway, Rock of Ages.

Lunou a apprécié. Elle a besoin de prouver qu’elle mérite sa place.

«Quand je suis sortie de Star Ac, j’avais une audition pour Rock of Ages, mais je m’étais aussi fait proposer un truc sans audition. Je ne pouvais pas. Même dans le cas de Rock of Ages, j’ai passé une audition et j’ai encore des doutes par rapport à ce que je peux donner dans ce projet. Alors si on me donne un rôle sans audition, je vais angoisser tout le long», confie l’artiste de 26 ans que Le Journal a rencontrée à Québec, il y a deux semaines.

«J’ai le goût qu’on me fasse auditionner, insiste-t-elle, et si quelqu’un d’autre est meilleur que moi, ce sera à lui.»

Joël Legendre lui a donc fait un beau cadeau? «Tout à fait. J’ai eu la validation. C’était le meilleur des processus.»

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Lunou et Sherrie

À cet égard, Lunou Zucchini se veut l’antithèse de son personnage de Sherrie, une jeune aspirante actrice qui, dans Rock of Ages, est prête à tout pour réaliser ses rêves à Los Angeles.

«Nous avons peut-être la même passion dans la vie, mais Sherrie est très fonceuse. Elle n’a pas peur d’oser. J’ai plus de pudeur par rapport à ça dans la vie (rires). Je ne défonce pas des portes. J’aimerais ça, mais je ne suis pas quelqu’un qui va pousser pour avoir quelque chose même si je le veux vraiment. Sherrie le dit, ce qu’elle veut.» 

«Je suis sûre que ça pourrait me nuire pour certaines choses, mais... ouain... ça me rend mal à l’aise de faire ça. J’haïs faire aller mes contacts, je ne suis pas capable.»

Une fille de gang

Cette humilité ou cette intégrité (Lunou y voit aussi un léger manque de confiance en elle) explique en bonne partie pourquoi elle n’est pas pressée d’enregistrer un album avec son visage en vedette sur la pochette.

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Lunou préfère les projets d’équipe. «En ce moment, je me nourris de ça. Quand j’ai fini l’école de théâtre, je devais faire le deuil d’un groupe, puis il y a eu Star Ac, qui était un nouveau groupe. Il faut toujours que je m’attache à des projets avec du monde autour de moi, j’aime ça quand c’est très intense. Après le deuil du groupe de Star Ac, il y a eu Rock of Ages, une nouvelle gang qui se forme, un nouveau projet sur plusieurs mois. C’est un rôle en plus, ce n’est pas moi. Ça m’allume vraiment beaucoup, plus que de me dire que je vais faire un album, mes chansons, que ça va être moi, ça va être Lunou. J’aime partager le spotlight

Séparer l’amour du public

D’ailleurs, s’il n’en tenait qu’à elle, elle partagerait même l’amour du public – qu’elle apprécie, n’en doutez point – avec la terre entière.

«La notoriété, ça me rend un peu mal à l’aise. C’est beaucoup d’amour qu’on ne donnera pas à un médecin ou à quelqu’un qui est en communication, par exemple. Toi, parce que tu fais de la musique et que tu es dans l’œil du public, tu reçois tout cet amour. Parfois, je me dis que ça pourrait être séparé avec d’autres gens.» 

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Photo Agence QMI, Joel Lemay
Photo Agence QMI, Joel Lemay

C’est cette même façon de penser qui explique pourquoi Lunou n’est pas friande de faire son autopromotion sur les réseaux sociaux ni de retirer des avantages à être une vedette.

«Ça m’énerve, faire de la pub. Je comprends qu’il y en a qui le font et ont du plaisir, mais pas moi. Si j’achète quelque chose et qu’on me l’offre en échange d’une story, je réponds que je vais le payer.» 

«Je suis têtue...»       

Lunou qui chante Soirs de scotch sur scène avec Luce Dufault, ce n’est pas pour demain. «Je n’ai pas envie qu’on vende des billets sur le dos de notre lien familial et que ça devienne Lunou et Luce.»

Lunou Zucchini adore sa mère et elle adorerait partir en tournée avec elle. Sauf qu’elle refuse que ce souhait du public, si un jour il se concrétise, ne soit qu’un simple coup de marketing.

Elle a d’ailleurs longtemps résisté à l’appel d’une carrière artistique parce qu’elle ne voulait pas donner raison à ceux qui la voyaient suivre les traces de celle qui lui a donné naissance.

«Je suis têtue dans la vie, alors quand on me dit : ah, tu vas faire comme ta maman, j’ai le goût de montrer que je ne ferai pas ça. C’est moi qui choisis, donc j’ai fait du déni pendant longtemps.»

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Elle a donc amorcé des études en sciences humaines, a bifurqué vers les soins infirmiers avant de se rendre à l’évidence et de s’inscrire à l’École de théâtre de Sainte-Thérèse.

«Là, j’ai réalisé que ça ne pouvait pas être autre chose. Ensuite, à Star Académie, j’étais comme un poisson dans l’eau.»

«La voix de ma mère, c’est réconfortant»

Elle a beau être têtue, Lunou admet que sa mère a été l’élément déclencheur de son intérêt pour la musique. Ses premiers frissons musicaux, c’est à elle que Lunou les doit.

«C’est cliché, mais la voix de ma mère, c’est très réconfortant. Je pense que ça l’est pour beaucoup de monde, mais pour moi, c’est différent. Je connais toutes ses chansons de long en large. Elle me les a tellement chantées.»

Elle doit bien avouer aussi que l’ex-tête d’affiche de Starmania a été un guide pour elle.

«Habiter avec elle, l’entendre répéter, la voir sur scène, c’est ton oreille qui se développe. Inconsciemment, c’est un cours que tu suis. Moi, je n’ai pas suivi de cours de chant avant de rentrer à l’école de théâtre. J’avais quand même 21 ans, mais j’avais de l’oreille parce que j’ai grandi là-dedans.» 

Un amour fraternel pour William       

Rivaliser en finale de Star Académie, puis donner 45 concerts ensemble, c’est ce qui a permis à William Cloutier et Lunou de tisser des liens très forts.

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«Nous avons un amour fraterne», dit Lunou, en parlant de celui qui est devenu un grand ami.

Photo Agence QMI, Joël Lemay
Photo Agence QMI, Joël Lemay

Dès leur entrée à l’Académie, à l’hiver 2021, les deux artistes se sont serré les coudes naturellement, relate-t-elle. «Nous étions les deux petits traumatisés de l’écriture parce que nous étions les seuls qui n’écrivaient pas dans la gang. On se faisait des petits clins d’œil pour se montrer qu’on se comprend.»

Leur complicité s’est transposée sur la scène durant leur tournée commune, qui s’est terminée récemment. Au cours du spectacle, ils se lancent des fleurs et ça semble très sincère.

«Il y a une bonne chimie. Sur scène, s’il y a un bogue, on le lit dans les yeux de l’autre. On comprend rapidement ce qu’il faut faire. On se dit tout, sans tabou.»

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