Des bureaux à louer à l'heure comme à long terme
Myriam Lefebvre
L’idée de louer des espaces de bureaux personnalisés à l’heure, à la semaine ou au mois avec balcon ou service de traiteur, gagne en popularité au centre-ville de Montréal alors que plusieurs entreprises envisagent le télétravail à long terme.
Dès que le gouvernement Legault a annoncé la réouverture des commerces il y a quelques semaines, le téléphone du 1188 Union s’est mis à sonner «énormément», raconte le concepteur du projet, Yves Durand.
Son centre d’affaires sur trois étages propose des espaces professionnels à superficies variables, à louer à court ou long terme, à temps plein ou même à l’heure. Le concept est complètement nouveau au Canada, se différenciant des espaces de coworking en vogue depuis les dernières années où l’on se trouve en espaces partagés et où l’on ne peut louer de bureaux entièrement fermés.
Lancé à la fin 2019, le centre, qui comprend 69 bureaux, offre ainsi une solution à des propriétaires d'entreprise ne souhaitant pas louer d’espace commercial à vie. Balcon et salle d’eaux privés, piscine, salle de sports, service de traiteur et de conciergerie : «tout est personnalisé selon les besoins de chaque occupant», souligne Yves Durand. Même le système d’aération est individuel, ce qui limite les échanges d’air et donc les risques de propagation de virus, une installation que l’on voit rarement dans les tours à bureaux au pays.
15 téléphones par jour
«Depuis que monsieur Legault a annoncé que les commerces ouvraient au centre-ville, c’est là que le téléphone s’est mis à sonner énormément», affirme M. Durand. S’il ne peut quantifier la hausse de popularité de ses services puisque les visites de ses bureaux étaient impossibles jusqu’à tout récemment, le concepteur dit être passé de quelques appels par semaine à près de 15 téléphones par jour pour des demandes de location.
Les motifs des entreprises sont multiples. Certains ne sont plus à l’aise à travailler dans des aires ouvertes en coworking, d’autres souhaitent louer des locaux à long terme, mais seulement pour une ou deux journées par semaine en complément du télétravail, explique M. Durand, qui répond à toutes ces nouvelles contraintes avec son modèle d’affaires.
D’autres opteront carrément pour le télétravail et se présenteront au 1188 Union seulement pour avoir un «pied-à-terre» au centre-ville lorsqu’ils auront des réunions importantes.
«L’acceptation sociale du travail à la maison a été accomplie totalement. [...] Les patrons vont encourager ça pour réduire leur facture d’immobilier, mais en sachant que les employés vont toujours devoir venir quand même, au moins pour rencontrer des clients au centre-ville», explique-t-il.
Le coût du loyer risque d’influencer de nombreux propriétaires dans les semaines et mois à venir. Selon le plus récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), 18% des entreprises québécoises ont peur d’être expulsées de leur local ou de s’en faire bloquer l’accès pour ne pas avoir été en mesure d’acquitter les derniers paiements mensuels.