Avec son livre, Lara Fabian fait des confidences inédites sur sa vie

Geneviève Charbonneau

Michèle Lemieux

2021-11-09T12:00:00Z

En rédigeant son autobiographie gourmande, Lara Fabian avait l’intention de passer à table, dans tous les sens du terme. En effet, la chanteuse revient sur ses origines, ses parents et leur héritage, ses amours, l’homme de sa vie, sa fille; aucun domaine n’a été négligé. À travers les recettes qu’elle partage avec nous, elle nous donne accès à l’essentiel de son intimité. Au menu: des confidences inédites...

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Lara, que propose ton plus récent projet, Je passe à table?
C’est une autobiographie gourmande qui réunit récits et recettes. Je n’avais pas envie de rédiger une autobiographie. En écrivant ce livre, j’ai vu à quel point la table joue un rôle fondamental dans ma vie et qu’elle continue à en jouer un. Ça peut être lourd de raconter une vie, comme ça peut être lourd à lire. Je voulais trouver un angle différent. La table est la chose qui nous réunit, nous occupe, nous réconforte, nous met en joie et parfois même, nous divise. C’est l’endroit où on prend le temps d’échanger. Ce livre de recettes est le fruit du récit de ma vie. Je ne me suis pas réveillée un matin avec l’envie de faire un livre de recettes, mais plutôt avec l’envie de raconter toutes ces choses que je n’avais pas dites.     

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L’art de la table est habituellement un héritage familial. L’exercice t’a-t-il permis de confirmer la richesse de ce qui t’a été légué?
Oui, c’est l’héritage de mes parents, de mes grands-parents, des sœurs de ma maman. Encore aujourd’hui, si je veux planifier un instant de joie, ce sera autour d’une table. J’aime passer du temps à cuisiner pour mes invités. Cet amour de la table ne vient pas de nulle part, comme dirait ma grand-mère. Partager, c’est un véritable acte d’amour. C’est concret. Ces 40 dernières années, dans nos vies de femmes, nous avons parfois été obligées de voir cette préparation comme une échéance incontournable. Je n’ai jamais vu ma mère cuisiner par obligation. J’avais envie de montrer, à travers ma vie de femme super active, l’immense simplicité de la préparation des repas.

Ta fille cuisine, semble-t-il, de magnifiques desserts et pâtisseries. Crois-tu l’avoir inspirée à ton tour?
Si tu lui demandes quelle est la chose qu’elle aime le plus, elle te répondra qu’en dehors des êtres eux-mêmes, c’est manger. Pour elle aussi, c’est une joie, une célébration.      

Et Gabriel, ton amoureux?
Mon chum pourrait manger un sandwich à la salade de thon ou un bol de céréales pour souper et il serait très content. Il n’a aucune exigence. Il est dans la gratitude et la joie. Cela rend l’exercice encore plus merveilleux.

Puisque tu mentionnes avoir souffert de troubles alimentaires, ce livre est-il une preuve de ta guérison, en quelque sorte?
Oui, complètement, mais en même temps, je ne l’ai pas abordé comme une étape importante, mais plutôt comme un moment que j’ai vécu, même si ce moment a duré quelques années. Cela n’a pas effacé la joie de manger et c’est pour cette raison que c’était important de célébrer la table. C’est un beau message de résilience pour ceux et celles qui ont un rapport difficile à la nourriture. Ça veut dire qu’on peut faire la paix. Être apaisé, ça veut dire être présent. Lorsqu’on souffre d’un désordre alimentaire, on n’est plus du tout présent à la joie et à l’aspect vital qu’est l’acte de se nourrir. Je ne voulais pas censurer ce passage de ma vie, car ça n’aurait pas été honnête de ma part de ne pas en parler. 

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Geneviève Charbonneau
Geneviève Charbonneau


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Qu’allons-nous découvrir sur toi que nous ne connaissons pas?
Des récits et des recettes dont les tribulations représentent au moins trois vies. Il y a ma vie en Italie, celle passée dans les pays du nord et celle de tous mes voyages. Ce sont les voyages d’un destin qui se sont cimentés dans les grands moments autour d’une table.

Cette vie faite de mouvement et d’influences diverses a-t-il créé chez toi une grande ouverture?
Oui, et quand on s’attarde à mes origines, on voit que je suis née d’une maman italienne et d’un papa néerlandophone qui a grandi dans une culture belge francophone. J’ai de la famille en Andalousie et aux États-Unis. Le Québec est ma terre d’adoption. Je suis le résultat d’un nomadisme pour ce qui est de mon destin, mais aussi encequiatraitàmeschoixdevie.Le grand paradoxe, c’est que durant toute ma vie, j’ai cherché des maisons. C’est mon loisir préféré. Chaque fois que j’ai trouvé une maison, un pays, et que j’ai dit: «Je m’arrête ici: c’est la maison et le pays de ma vie», six mois plus tard, j’étais dans un avion en direction d’un autre pays... 

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As-tu le sentiment d’avoir trouvé la maison de ta vie?
Je n’ose pas le dire... (sourire) J’aimerais y rester. C’est drôle, parce que mon chum a l’habitude de dire que dès qu’il met le dernier clou au dernier projet, généralement, nous sommes à quatre ou six mois de notre départ. Récemment, il m’a dit avoir terminé l’atelier et n’avoir plus rien à faire... Alors, je songe à construire une rallonge! (sourire)

À travers ton récit, tu rends hommage à tes parents. Que t’ont-ils légué de plus précieux?
L’amour. Et l’amour, ce n’est pas un sentiment, c’est une vibration. J’ai vibré à travers l’amour dont ils ont fait preuve. Ils n’ont jamais cessé d’aimer. Ils étaient capables d’un grand amour. Ça, c’est la chose la plus importante qu’ils m’ont léguée. Ils m’ont appris à aimer. Et c’est encore vrai aujourd’hui avec mon papa qui aura 80 ans le 25 décembre prochain. Mes parents, c’est 55 ans d’amour, mais ce n’est pas une histoire lisse. Moi, les histoires lisses qui dépassent une décennie, je n’y crois pas... 

En lisant ton livre, on découvre que tu as été le bébé de la réconciliation. Cela a-t-il marqué ton destin?
Je crois que c’est ma mission dans la vie. Je ne veux jamais permettre que le lien se brise. Il faut le consolider avec de l’amour. J’ai été l’agent de transformation de cette histoire d’amour de mes parents. Dans le tumulte de la vie, mon papa et ma maman ont parfois vécu une perte de sens face à leur relation. Mais chaque fois, leur regard se tournait vers moi. Pour eux, le sens, c’était moi. On comprend, tout au long du livre, le sens de cette tribu, et c’est ce que je suis en train de reproduire. Ma famille est recomposée, c’est une famille différente, mais elle est aussi belle. Tous les matins, je vois Gabriel et Lou partir pour l’école. Il se lève avec moi le matin pour préparer la boîte à lunch. C’est lui qui la reconduit à l’école. 

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Quand on a un modèle comme celui de tes parents sous les yeux, ça reste une belle inspiration. En contrepartie, est-ce qu’il t’arrive de penser que la barre est haute sur ce plan?
L’univers a été bon pour moi. Il m’a envoyé un matériau duquel faire une très jolie barre... (sourire) Celle que je tiens dans mes mains est faite d’un bois qui peut rivaliser avec celui de mes parents... Gabriel et moi avons déjà accompli une décennie. Je suis d’une gratitude infinie pour cette opportunité du destin. C’est la matérialisation d’une pensée profonde que j’ai toujours eue. J’ai toujours su que cet être existait. Je n’ai jamais douté. Je ne savais pas quand, comment ou avec qui, mais je n’ai jamais douté que j’allais pouvoir vivre un grand amour. J’y ai toujours cru. 

N’est-ce pas ta grand-mère qui te répétait qu’un jour, tu allais rencontrer ta moitié d’orange?
C’est effectivement ce qu’elle me disait. C’est un grand privilège, car ça permet de tout transcender. Ça ne veut pas nécessairement dire que tout devient plus simple, mais plutôt que tout devient possible. Ce n’est pas la chose la plus simple à concrétiser dans une vie... Certains passent leur vie à chercher l’autre. Je ne veux pas faire de la psychologie à deux sous, mais je crois que tant qu’on n’a pas renoué avec notre capacité d’aimer, de nous aimer, c’est impossible que l’univers nous ouvre la porte sur ce miroir. Il faut avoir le sentiment de le mériter, d’y avoir droit. Pour y parvenir, j’ai dû effectuer un certain travail, conscient et inconscient. 

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Geneviève Charbonneau
Geneviève Charbonneau


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Dans Je passe à table, tu reviens sur tes histoires d’amour, et même sur les moments difficiles. Ça donne espoir?
Il y a quelques histoires qui sont comme des pavés en plein visage. Je ne voulais pas qu’on se dise: «Pauvre petite fille...» Moi, je sais ce que j’ai traversé. C’est important d’apporter cette lumière. Au moment où je vivais ces histoires, je me demandais si j’allais m’en sortir... Ce n’est pas vrai qu’on fait spontanément preuve de résilience. On n’est résilient que lorsqu’on a compris que la résilience, c’est faire d’une difficulté une opportunité. C’est se dire que la douleur ne doit pas forcément être un compagnon de route. Quand on est traversé par une flèche, ça fait mal... mais il faut éviter de se la replanter dans le coeur après le premier impact. Je passe à table, c’est aussi ma manière de dire que c’est possible de surmonter une douleur avec foi, avec force.

On a toujours senti cette force et cette foi en toi. Font-elles partie de ta nature?
Oui, j’ai confiance en la vie et en ce lien qu’on a avec certaines personnes. Le bonheur, c’est de se savoir utile, ne serait-ce qu’auprès d’une seule personne. C’est magnifique de tendre la main. La grande découverte que j’ai faite à La Voix en 2017, c’est que ce qui contribue le plus à l’autre, ce n’est pas de lui dire comment faire, mais de lui dire qu’on est là pour l’aider à découvrir comment faire.

C’est aussi ce que tu fais avec ta fille?
Oui, même si on est moins objectif avec nos enfants. Comme le disait si bien Lao Tseu: «La lanterne est une lumière qui n’éclaire le chemin que de celui qui la porte.»

Tu rends aussi hommage au papa de ta fille. C’est rare que tu en parles...
Oui, à lui et à sa maman. Monsieur Pullicino, c’est l’origine de Lou, ma fille. C’était normal. Je suis remplie de gratitude. Peu importe que cela ait mené à la fin d’un chemin, entre nous, ça ne se terminera jamais. Nous aurons toujours un lien, Lou. C’était légitime et juste d’en parler.

Un petit secret culinaire
Si vous questionnez Lara sur une recette réconfortante, celle des pâtes de bébé la replonge dans son enfance. «À mon grand dam, je ne peux pas manger de gluten, dit-elle, mais cette recette a toujours été ma favorite. C’est tellement simple à faire et c’est une super alternative aux céréales, le soir, quand on n’a vraiment pas envie de cuisiner.» 

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Courtoisie
Courtoisie

Je passe à table, publié aux éditions Libre Expression, est présentement disponible en librairie.
Lara reviendra dans son rôle de directrice de Star Académie, cet hiver, à TVA.
Sa tournée 50 World Tour reprendra en 2022. L’artiste sera de passage à Montréal les 14, 15 et 16 juin et à Québec le 21 juin. Pour plus d’information: larafabian.ca.


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