Isabelle Maréchal se confie sur son congédiement du 98,5 FM après 17 ans de service

Photo : Eric Myre / Tva Publica

Sabin Desmeules

2021-05-21T20:39:51Z

Elle vit à la fois une peine et une incompréhension. Le 18 juin, Isabelle Maréchal quittera le micro de son émission, Isabelle, au 98,5 FM, après 13 ans. Cela fait 17 ans qu'elle travaille pour cette station. Après un bref répit au chalet en famille, elle coiffera son chapeau de productrice et se penchera sur des projets de toutes sortes.

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«Je dois faire le deuil de cette plage horaire que j’occupais depuis 13 ans, de cette conversation matinale avec les auditeurs, constate l’animatrice avec tristesse. Ce qui est difficile à comprendre dans mon cas, c’est que je suis numéro un. Si je ne livrais pas la marchandise, c’est sûr qu’on pourrait plus justifier mon départ au public. Mais là, les gens me demandent: “Pourquoi partez-vous? Pourquoi on ne vous renouvelle pas?” Sincèrement, je n’ai pas de réponse à ça, sinon qu’on veut mettre quelqu’un d’autre, qu’on ne me veut plus. Moi, ce qu’on m’a dit, c’est: “On veut aller ailleurs.” Alors ils vont aller ailleurs. On ne sait pas où, mais ils vont y aller sans moi... Ils m’ont aussi dit: “On ne peut rien te reprocher, tu as livré la marchandise, tu pars au sommet des cotes d’écoute.” Je suis probablement la seule animatrice à qui c’est arrivé dans l’histoire de la radio au Québec!»

La surprise est d’autant plus grande qu’elle s’est donnée comme jamais au cours de la dernière année pour «tenir le fort» et informer les gens pendant la pandémie. «Psychologiquement, ça rentre dans le corps de parler tout le temps de ça.» De ses propres dires, comme gestionnaire d’entreprise, elle-même ne profiterait certes pas de cette période trouble pour mettre un employé performant à la porte! «Dans mes valeurs à moi, la fidélité est importante.»

UNE INTIME DES QUÉBÉCOIS

Les gens l’appellent simplement Isabelle. Point de madame! «Un de mes ex-patrons m’avait dit: “Quand on arrive avec un nom de famille et qu’on ressort en se faisant appeler par son prénom, ça veut dire que le monde nous aime et qu’on a fait sa niche”, se souvient-elle. Je suis vraiment surprise: plus de 3000 personnes m’ont écrit sur les réseaux sociaux et j’ai reçu des centaines de courriels à mon adresse du 98,5 pour me dire à quel point j’étais dans leur vie depuis des années! Ils me disent ce qu’ils faisaient la première fois qu’ils m’ont entendue...»

ELLE A OUVERT LE 98,5 FM

Il y a 17 ans, c’est Isabelle Maréchal qui a appuyé sur le bouton rouge pour dire: «Mesdames et Messieurs, bienvenue au nouveau FM parlé de Montréal!» «On partait de Boom FM, qui était une radio rock. Il fallait tout réinventer! Et là, le 98,5 occupe ma vie depuis 17 ans. Le constat que je fais aujourd’hui, c’est aussi que la vie va vite!» La radio a pris une grande place dans sa carrière. Alors qu’elle venait d’obtenir son bac en journalisme à l’UQAM, elle a fait un stage comme collaboratrice à l’émission Les affaires et la vie à la Première chaîne. Puis il y a eu CKAC, de 1999 jusqu’à son arrivée au 98,5 FM.

ET MAINTENANT?

En ce moment, Isabelle reçoit des appels de toutes sortes. «Il y a trois campagnes électorales qui s’en viennent: municipales, provinciales et fédérales... J’ai des offres de tout bord, tout côté. Je jase avec plein de monde.» La femme d’affaires aura bientôt plus de temps à consacrer à sa boîte de production, Iprod média. «J’avais deux jobs à temps plein, il m’en reste une! En fait, c’est pour ça que j’ai créé ma compagnie de production il y a plusieurs années... Je me suis dit: “Si un jour on me montre la porte, j’aurai un plan B.”»

Elle adorerait animer une émission de télé. «Je planche sur des idées, mais je suis aussi ouverte à des propositions de la part d’autres producteurs. Ce n’est pas parce que je produis des émissions que je produis mon émission.» Habituellement, Isabelle produit des séries documentaires. «Là, j’ai des projets de fiction. Et j’ai fait une série jeunesse Web pour TV5/Unis (tv5unis.ca), Peigner le feu. C’est basé sur de la poésie de poètes québécois d’après une histoire de Jean-Christophe Réhel. La série a été très bien reçue! C’est dommage que les cinémas Guzzo ne soient pas ouverts, parce qu’ils ont accepté de diffuser les épisodes en première partie de leurs films. J’ai hâte que ça rouvre!»

Comme productrice, elle travaille également en collaboration avec Québecor Contenu sur le docuréalité Bianca vie d’famille. Et elle travaille en ce moment sur deux autres séries, dont une sur la diversité corporelle. «Et j’ai quelques idées de balados.»

FUTURE CONFÉRENCIÈRE

«La radio tous les matins m’empêchait de faire des conférences, et ça fait des années qu’on me le demande!» admet Isabelle. Cet été, elle se promet de jeter sur papier les bases d’une conférence. «Je vais probablement la présenter à partir de l’automne.» Sera-t-il question de son vécu familial particulier, elle qui a eu un papa violent et qui a coupé les ponts avec sa maman et sa sœur? «Non, vraiment pas! Mon père est mort (en 2009), ma mère vit sa vie...»

La productrice est inspirée par son grand-papa, qui a été prisonnier de guerre et qui est mort au camp de concentration d’Ellrich-Dora. «J’ai un projet de documentaire où je retournerais sur les traces de mon grand-père paternel, qui est un héros de la guerre.»

SE RETROUVER AU CHALET EN FAMILLE

Pour l’instant, Isabelle a envie de se poser un peu. «Je vais prendre des vacances parce que, depuis un an et demi, je parle du même maudit sujet quasiment tous les jours! Je vais en profiter pour me reposer un peu l’esprit, aller au chalet où je n’ai pas pu aller pendant un an. Et je vais prendre du temps avec ma famille, parce que ç’a été une année mouvementée.» Isabelle et son époux, Thierry Houillon, ont préparé la venue des filles, Audrey, 25 ans, avocate, et Laura, 18 ans, étudiante en arts visuels, qui fait également des bijoux à la main et tient une boutique de vêtements vintage en ligne.

«On a repeint le chalet, on a travaillé sur le terrain, je me suis mis les deux mains dans la terre. On a fait plein d’aménagements. On est prêts...» «Je vais prendre du temps avec ma famille, parce que ç’a été une année mouvementée.»

Jusqu’au 18 juin, on peut écouter Isabelle en semaine, de 10 h à midi, au 98,5 FM.

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