Roxane Gaudette Loiseau aborde la sexualité féminine dans un livre

Photo : Sébastien Sauvage

Michèle Lemieux

2021-11-30T14:00:00Z

Avec une amie sexologue, Roxane Gaudette Loiseau a eu envie d’aborder la sexualité féminine dans un livre intitulé Petit manifeste de la masturbation féminine. Pour avoir grandi auprès d’une mère et d’une grand-mère qui l’ont éduquée sans tabous, elle souhaite à son tour être une maman qui élève ses enfants librement.

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Roxane, d’où vous est venue l’idée d’écrire un livre sur la masturbation féminine?
Ça faisait longtemps que ça me trottait dans la tête. À l’adolescence, lorsque je me suis mise à explorer mon corps avant même d’avoir des relations sexuelles, je me suis rendu compte que j’étais mal renseignée. À l’époque, on ne trouvait rien sur Internet à ce sujet et on ne pouvait pas écouter un podcast sur la question. Ce sont des outils très récents. Mélanie Guénette Robert, ma collègue et bonne amie, et moi avons eu envie d’écrire ce livre. Nous avons constaté que c’est le premier livre au monde qui ne parle que de masturbation féminine.

Étiez-vous consciente de toucher à un sujet encore tabou?
Je n’ai pas eu peur de choquer ou de déranger, mais je n’étais pas consciente, tout comme Mélanie, à quel point la recherche scientifique à ce sujet est limitée. Et dans ce qui a été fait, on sent encore le tabou entourant cette question, de même qu’un désintérêt des institutions patriarcales. On a même retranché certaines informations dans le but évident de contrôler la femme et sa sexualité. J’espère encourager et inspirer les femmes à explorer leur sexualité et leur corps de manière décomplexée. Être autonome sexuellement est la clé pour avoir des relations sexuelles épanouies. 

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À titre de parent, souhaitez-vous discuter de sexualité avec vos enfants?
J’ai une fille de cinq ans et un garçon de sept ans. Je suis une maman très ouverte, comme ma mère l’était et comme ma grand-mère maternelle l’était aussi. Je discute avec mes enfants sans tabous. Un jour, à la garderie, on m’a dit que mon fils avait expliqué le cycle menstruel... Mes enfants savent ce que sont les règles. Ils connaissent bien leur anatomie. Nous avons aussi une grande ouverture face à la nudité. Pour moi, c’est quelque chose de naturel et non de sexuel, et j’essaie de transmettre cela à mes enfants. Depuis que j’ai subi une réduction mammaire, je ne porte plus de soutien-gorge. L’autre jour, mon fils est tombé sur un soutien-gorge et il se demandait ce que c’était: il n’en avait jamais vu! (rires) Il faudrait qu’on en arrive à désexualiser la poitrine.

Vous tentez donc, le plus possible, d’éduquer vos enfants de manière à ce qu’ils soient libres de préjugés.
Oui. Et j’essaie de faire en sorte qu’ils ne soient pas trop genrés. Si mon fils veut mettre du vernis à ongles, il en porte comme ma fille. Je suis fière de cela. Chez nous, il n’y a pas des choses pour les filles et d’autres pour les garçons. Ma fille n’a pas de limites dans sa tête au sujet de ce qu’elle peut être, de la manière qu’elle peut s’habiller, de ce qu’elle peut aimer. Mon fils non plus. Plus nous élèverons nos humains ainsi, mieux la Terre se portera. Comme mère, on a un grand rôle à jouer auprès d’eux. Être maman, c’est tellement stressant! (rires) En tant que parents, nous voulons tellement leur donner ce qu’il y a de mieux que nous nous mettons beaucoup de pression... Nous voulons leur donner la perfection, alors qu’ils n’attendent pas cela de nous. Quand je m’en fais, ma mère m’aide tellement à relativiser les choses...

Qu’est-ce que votre mère et votre grand-mère ont pensé du livre?
Ma grand-maman est décédée au moment où j’ai proposé l’idée. Je n’ai jamais pu lui en parler... C’est dommage, car c’est beaucoup grâce à elle que je l’ai écrit. Mes parents sont très fiers. Ils trouvent que c’est le projet qui me ressemble le plus à ce jour. Le jeu, c’est un milieu difficile... Je ne suis pas très réseaux sociaux. Je ne force pas les choses. J’ai ma petite vie à la campagne. Mon chum est électricien, le père de mes enfants est mécanicien automobile. Depuis que j’ai eu mes enfants, je n’ai pas tourné. Je suis souvent vue comme la fille sexy. J’ai eu une réduction mammaire, car comme toutes les femmes dans ma famille, j’étais pulpeuse.

Pourquoi avoir subi cette intervention?
Pour mon plaisir personnel... J’étais très sexuée. On m’engageait pour être la maîtresse, la prostituée, la fouteuse de troubles. Il y avait toujours un côté sexuel dans mes rôles. J’aime être sexy, mais je peux faire autre chose. Malgré cela, c’est quelque chose qu’on n’exploitait pas. Après avoir fini d’allaiter mes enfants, je me suis dit que ce serait agréable de ne pas devoir me mettre quatre chandails pour aller faire du sport ou encore de pouvoir acheter une chemise qui boutonne aussi bien à la poitrine qu’à la taille.

Parce que plusieurs inconvénients viennent avec le fait d’avoir une forte poitrine?
Oui. Je me rappelle ma grand-mère: sa peau était creusée au niveau des bretelles de son soutien-gorge. Avant, on ne voyait que mes seins. J’en avais assez. Je suis contente de l’avoir fait. J’adore mes seins. Je suis bien dans ma peau. Ça laisse un bel espace aux boîtes de casting qui peuvent voir autre chose chez moi. Je suis intelligente et j’ai quelque chose à dire. J’ai aussi un bon esprit critique. Lorsque j’ai décroché mon rôle dans Yamaska, j’étudiais en sciences politiques à l’université.

Qu’aimiez-vous dans ce domaine?
J’aime débattre, j’aime apprendre. C’est un aspect de moi qu’on ne connaît pas et qui était dans l’ombre. J’ai toujours voulu faire quelque chose de signifiant. Avec le livre, j’ai l’impression de léguer quelque chose d’utile à ma fille et aux autres femmes. Je ne souhaite pas faire des sous avec ce livre. Je veux surtout que les femmes se le partagent et que les mamans l’achètent pour l’offrir à leur fille. Ce projet me rend fière de moi. C’est vrai que jouer me manque, mais c’est hors de mon contrôle...

Petit manifeste de la masturbation féminine, publié aux Éditions de l’Homme, est une collaboration de Roxane Gaudette Loiseau et de Mélanie Guénette-Robert, sexologue.  

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