Rosalie Taillefer-Simard ne se laisse pas limiter par sa surdité

Photo : Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2021-06-07T14:52:45Z

C’est avec enthousiasme que Rosalie Taillefer-Simard a accepté d’être la porte-parole de la Semaine québécoise des personnes handicapées, qui célèbre ses 25 ans cette année. Malgré sa surdité, la jeune femme a choisi de se dépasser en relevant différents défis. Parce qu’elle poursuit avec ardeur les rêves qui l’habitent, Rosalie incarne un modèle des plus inspirants.

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Rosalie, ce rôle de porte-parole qu'on vous a confié, c’est un beau mandat. Comment avez-vous réagi?
Lorsque mon agente, Claudine Bachand, m’a appelée pour me demander si cet engagement pouvait m’intéresser, j’ai été tellement surprise! Je n’aurais jamais imaginé devenir un jour porte-parole pour la Semaine québécoise des personnes handicapées. Ça me touche, car je me dis que ce que je fais inspire peut-être les gens. 

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Parce que vous ne vous laissez pas limiter par votre surdité?
Effectivement, je ne me suis jamais empêchée de vivre. Je fais ce que j’aime, je sors. Faire face aux défis me fait grandir et m’améliore. Il arrive parfois que ça me stresse un peu, entre autres parce que j’ai peur de ne pas être en mesure de communiquer, surtout avec les masques. Souvent, nous, les personnes handicapées, nous ne voulons pas déranger. Pour ma part, je me sens intégrée à notre société, mais il y a des améliorations à faire pour que chaque personne handicapée puisse y parvenir. Je veux faire le mieux possible pour porter le message et rappeler qu’il faut s’accepter comme on est.

Est-ce une chose que vous avez réussi à faire?
Oui, et je suis chanceuse, car j’ai une belle famille. J’ai reçu beaucoup d’amour. L’important, c’est d’écouter les voix positives dans notre entourage et non les voix négatives ou celles qui ne nous amènent pas plus loin. Il faut avancer, foncer. J’aimerais que les gens qui ont des incapacités puissent réaliser leurs rêves.

Vous-même, vos parents vous ont encouragée et aidée à renforcer votre confiance en vous...
Oui, parce que mes parents ne m’ont jamais imposé de limites. Par exemple, je voulais danser. Ils ne m’ont jamais dit que je ne pouvais pas le faire parce que je suis sourde! Je crois qu’il faut essayer au lieu de renoncer. Il y a des choses que je ne peux pas faire, mais c’est le cas pour tout le monde! Nous avons tous nos points forts et nos points faibles. 

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Malgré votre surdité, vous ne vous êtes donc jamais considérée comme étant handicapée?
Non, je n’ai jamais dit que je suis handicapée. Je préfère dire que j’ai une différence, mais ça ne me dérange pas qu’on dise que je suis handicapée. Mes parents n’ont jamais utilisé ce mot pour mon frère et moi. Nous avons plutôt parlé de différence, d’incapacité auditive, de surdité. 

Photo : Bruno Petrozza
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De nombreuses statistiques démontrent que les personnes handicapées ne sont pas toujours bien intégrées à notre société. Qu’en pensez-vous?
On estime que plus d’un million de Québécois ont une incapacité, qui va de l’autisme à une déficience de la parole. C’est beaucoup! Cette année, nous vivons cette semaine sous le thème de l’inclusion. Parfois, de petits gestes font la différence. Sur le site des personnes handicapées, on trouve tout plein d’informations à ce sujet. Il faut s’aimer comme on est, avoir confiance en soi. Quand on est positif, ça fait en sorte que l’entourage voit aussi le positif et nous amène à nous dépasser. 

D’où vous vient cette nature positive?
J’ai eu un bon entourage, de bons amis et de bons profs. Je me souviens qu’à l’école, une élève m’a déjà dit que j’étais bizarre, que je fonctionnais comme un robot. Elle faisait allusion au fait que j’avais subi une opération. Sur le coup, j’ai été un peu blessée. Pour une rare fois durant mon enfance, je suis rentrée chez nous en pleurant. J’en ai parlé avec mes parents, qui m’ont suggéré d’aller voir cette fille dès le lendemain pour lui expliquer ma différence. Ainsi, cette personne sensibilisée et comprendrait mieux ma situation. Par la suite, elle ne m’a plus jamais insultée. Je pense donc qu’il est important d’expliquer notre réalité.

Qu’est-ce qui vous a occupée durant la dernière année?
J’ai tourné dans LOL:-). J’adore ce projet! C’est une série qui me ressemble. Il y a peu de paroles et c’est rempli d’humour. J’aime l’humour. Par exemple, quand ma pile ne fonctionne plus et que je n’entends plus, mes amis me disent qu’ils vont en profiter pour parler dans mon dos... (rires) Il ne faut pas être susceptible. J’ai aussi joué dans Clash et j’ai animé Mission accessible. J’ai fait des masques avec Jean Airoldi, les masques Sourire. Je suis ambassadrice pour une compagnie de peinture faite au Québec, Colorantic. Je réalise tout plein de projets avec leur peinture: je repeins de vieux meubles et accessoires. Je leur donne une autre vie. 

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza



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Continuez-vous à peindre?
Oui, j’ai repris mes pinceaux et j’aimerais présenter une exposition en 2023. Ce qui m’étonne le plus, c’est qu’avant la pandémie, je me suis mise à faire des masques. Depuis, on ne parle plus que de masques! J’aimerais faire partie d’une série, incarner une personne malentendante qui comprend mal et qui déforme ce qui a été dit. J’aimerais que ce soit plein d’humour et rempli d’espoir. Ce serait une belle manière de montrer la différence.      

Puisque vous avez quitté la maison, arrivez-vous à garder le contact avec votre famille?
Oui, nous aimons nous parler, nous donner des nouvelles. Nous sommes très proches. Même chose avec ma marraine, Claudine Bachand. Je parle aussi à mon père, mais c’est ma mère que j’appelle tous les jours! Durant la dernière année, je ne me suis pas ennuyée! J’ai eu des projets à la maison, nous avons construit notre terrasse. Ça fait trois ans que mon amoureux, Gabriel, et moi vivons dans notre maison, mais ça fait plus de huit ans que nous sommes ensemble.     

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Et belle nouvelle entre toutes, vous êtes tante depuis peu, n’est-ce pas?
Oui, la petite, qui s’appelle Chloé, a un mois. Elle est super mignonne! C’est un bon bébé. Ses parents sont très heureux, mes parents aussi. Elle est en santé, c’est tout ce qui compte...      

La 25e édition de la Semaine québécoise des personnes handicapées s'est déroulée du 1er au 7 juin sous le thème Une société plus inclusive, un geste à la fois. Pour en savoir plus: ophq.gouv.qc.ca.


On peut se procurer ses masques Sourire à airoldicouture.com.
On suit Rosalie sur Facebook et Instagram.
 

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