Rosalie Taillefer-Simard se confie sur sa différence

Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2020-08-16T12:00:00Z
2023-10-12T23:46:11.571Z

En publiant une vidéo sur les enjeux liés au port du masque pour les malentendants, Rosalie Taillefer-Simard a suscité une forte réaction sur les réseaux sociaux! Avec la délicatesse qui la caractérise, la jeune femme nous sensibilise à l’importance de pouvoir communiquer visuellement quand on est aux prises avec un trouble de l’audition.

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Rosalie, vous ne vous attendiez sûrement pas à déclencher une telle réaction en publiant votre vidéo... Rappelez-nous ce qui vous a amenée à prendre la parole au sujet du masque.

Je n’en reviens pas de voir à quel point ma vidéo a été partagée (elle a dépassé les 1 200 000 vues)! Je tiens d’ailleurs à en remercier le public. Ça m’a touchée. Récemment, pour mon anniversaire, ma marraine, Claudine Bachand, m’a offert un masque pourvu d’une fenêtre transparente. La première fois que je l’ai porté, je me suis rendue dans une quincaillerie, et on m’a refusé l’accès au commerce. Je ne comprenais pas pourquoi.

Comment avez-vous réagi?

Je suis allée en chercher un autre dans ma voiture et j’ai pu entrer. Je suis retournée voir la personne qui m’avait refusé l’entrée pour comprendre ce qui n’était pas conforme. Elle ne le savait pas trop... En fait, je pense que c’était par manque d’information, car mon masque était conforme. C’est dommage que des gens sourds, comme moi, puissent se voir interdire d’entrer dans un commerce quand ils portent ce genre de masque. Plusieurs personnes ont un problème d’audition, que ce soit les gens âgés, sourds ou malentendants. C’est ce qui m’a motivée à faire une vidéo pour raconter mon histoire.

Et ça a fait boule de neige...

Oui. Des gens m’ont écrit, des mamans surtout, pour me dire que leur enfant sourd avait perdu son emploi parce qu’il avait du mal à comprendre les clients masqués. Des gens ont même décidé de s’acheter des masques comme le mien, et pas que des sourds! Il convient à tout le monde, et ça permet de voir le sourire des gens.

Il comporte une fenêtre qui vous permet de lire sur les lèvres, c’est bien ça?


Oui. Si une caissière a un masque et qu’elle me parle devant un plexiglas qui coupe le son, c’est dur pour moi de la comprendre. Lire sur les lèvres me permet de confirmer ce que je comprends. J’entends bien avec mon implant (elle a été opérée à quatre ans pour recevoir un implant cochléaire), mais je perçois moins de nuances dans les sons qu’une personne qui entend bien. Quand je regarde la télé, j’active les sous-titres et j’utilise un haut-parleur spécial connecté à mon implant. Je fais partie de la communauté sourde. Les personnes sourdes parlent la langue des signes. Je l’ai apprise et je peux communiquer avec elles. Plusieurs ne peuvent pas avoir d’implants, à cause d’une maladie, comme la méningite.

L’actualité vous a donc remise dans les rangs des porte-paroles pour la cause...

C’est vrai, mais j’aime aider les autres. Il y a des gens malentendants qui ne sont pas bien dans leur peau. J’aimerais tellement qu’ils s’acceptent. On a tous des différences; même ceux qui entendent bien en ont. Je suis fonctionnelle. Je dis rarement que j’ai un handicap. Je préfère dire que j’ai une différence. C’est personnel, chacun ayant sa façon de voir les choses, mais je trouve ça lourd de dire qu’on a un handicap... Au Québec, une personne sur dix a un problème de surdité.

D’où vous vient votre nature optimiste?


De mes parents, qui voient toujours le côté positif. Quand nous étions petits, mon frère, qui est sourd aussi, et moi ne connaissions pas tous les mots comme les autres enfants. Nos parents nous ont fait un livre avec tous les mots que nous avions du mal à prononcer. Par exemple, chaloupe pouvait sonner comme cantaloup. Quand nous relisons ce livre, Olivier et moi, nous en rions. Le fait de pouvoir en rire fait en sorte que nous sommes bien dans notre peau. Je n’étais pas la seule à être sourde dans ma famille: j’avais mon frère. Ça m’a aidée.

Parce qu’il vous a ouvert la voie, en quelque sorte?


Oui. Il a été le premier à tout faire: de l’entrée à l’école à l’arrivée au secondaire. Je l’observais. Il est positif, il aime la vie et les gens. Nous sommes très proches l’un de l’autre et aussi de nos parents. Mon copain est entendant; la blonde de mon frère est sourde, mais elle porte des appareils auditifs, et mes parents entendent. Ça fait donc trois couples différents: un sourd, un entendant et un autre, moitié-moitié! (rires)

Vos parents ont été aussi des modèles d’engagement pour les sourds.

Oui, ils sont extraordinaires! Ma mère (Marie-Josée Taillefer) est ambassadrice des cliniques de l’oreille Lobe. Il y a aussi Audition Québec qui donne des conseils pour les employés et les commerçants. Ils offrent même des macarons Je lis sur les lèvres pour ceux qui sont las de toujours répéter qu’ils sont malentendants. J’en parle pour faire connaître l’organisme... 

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Rosalie sera de LOL:-) cet automne, à TVA, et jouera dans la comédie musicale Footloose en 2021. De plus, elle prépare une exposition de peinture. On peut la revoir dans Mission accessible sur amitele.ca. Pour la suivre, allez sur sa page Facebook. Procurez-vous les masques SOURIRE en prévente à airoldicouture.com, qui seront disponibles à la fin août. Informez-vous sur les problèmes d’audition et les solutions à lobe.ca ou à auditionquebec.org

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