Claudette et Marie-Josée Taillefer se confient sur le lien très spécial qui les unit

Photo : Bruno Petrozza
Photo portrait de Louise Deschâtelets

Louise Deschâtelets

2021-12-01T14:00:00Z

Pour qui a besoin d’un petit remontant afin de traverser une période morose, je recommande une rencontre avec Claudette et Marie-Josée Taillefer. Ce matin, pour le simple prix d’un café siroté du côté de Laval, j’ai fait, grâce à elles, le plein de mes réserves d’énergie, de beauté, de douceur et de paix. De quoi passer l’hiver sans jamais ressentir la froidure du temps.

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J’imagine que ce lien très fort entre vous, qu’on percevait déjà dans votre cuisine du petit écran, a dû se bâtir au fil des années à travailler ensemble?
Claudette:
Pire que ça, Louise. Il était là dès l’arrivée sur Terre de Marie-Josée, même si sa venue fut un choc. Très vite après mon mariage, je suis tombée enceinte de mon aîné, et seulement trois mois après sa naissance, voilà que je suis de nouveau enceinte. On vivait alors, Claude et moi, dans un petit appartement, et disons qu’un deuxième bébé aussi vite, ce n’était pas dans nos plans. Mais dès la naissance de Marie-Josée, je me suis sentie comblée par cette enfant qui venait former la paire avec mon aîné, et elle n’était pas un bébé dérangeant. Je la vois encore dans sa chaise haute, observant en silence — mais ô combien attentivement! — les cabrioles de son frère qui en menait large. Un peu comme si elle étudiait la situation avant d’agir. Et même après, quand j’ai eu mon deuxième garçon, j’ai continué à trouver que j’avais la famille idéale pour moi. Ce n’est qu’à l’âge de trois ans que les choses ont changé pour Marie-Josée.

Veux-tu dire que l’enfant sage s’est mise à s’animer?
Marie-Josée:
Tu sais, on était deux caractères forts, mon frère aîné et moi, et avec à peine quelques mois de différence, on se confrontait pour savoir qui allait être le boss. Heureusement, nés tous les deux dans une famille intelligente où on prenait vite le temps de régler les choses qui clochaient, on a été amenés à faire la paix. Et surtout, une paix durable. Mes parents ont toujours eu une grande capacité à aplanir les aspérités. On est capables de se parler pour se comprendre, ce qui fait qu’entre nous, les enfants, il n’y a jamais eu de place pour l’envie, la jalousie ou tout autre mauvais sentiment. Chacun est heureux pour les deux autres, et je pense avoir transmis ça à mes propres enfants.

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C’est presque une démarche de clan?
C.:
Oui, car ma propre mère était bâtie sur le même modèle. Je n’ai jamais imaginé la vie autrement que dans l’harmonie. Quand il m’est arrivé de croiser sur ma route des duos mère-fille qui ne parvenaient pas à se comprendre et qui se manquaient de respect, ça me heurtait chaque fois. Je ne comprenais pas.
M.-J.: Mais tu sais, quand on se sent aimé et respecté, on a le désir que les choses aillent bien, et ç’a toujours été notre cas. Ma mère et mon père aimaient leurs trois enfants également, et nous, les enfants, on le sentait, alors on avait confiance en nous-mêmes et en nos capacités. 

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Mais d’où est venue l’idée de travailler ensemble en cuisine? Car s’il est un lieu de compétition et de conflits possibles, c’est bien là!
C.:
Ça nous avait inquiétées au début, mais on s’est vite dit que le respect qu’on avait l’une envers l’autre dans la vie allait se transposer en studio.
M.-J.: De plus, on est à la fois tellement pareilles et tellement différentes.

Donne-moi une idée de vos différences.
M.-J.: Ma mère aime tout préparer d’avance, alors que moi, je suis à la dernière minute. Elle a toujours une vue d’ensemble sur un projet, tandis que moi, je suis efficace dans les détails. Elle est vite, et moi, je suis lente. Je savais que je pouvais toujours compter sur elle pour la marche à suivre d’une recette sans jamais rien oublier, alors que je m’occupais de tout ce qui était technique sur le plateau.
C.:
On s’est toujours respectées dans nos différences! Et avant tout, on se faisait confiance. Ma fille croyait totalement dans le prof de cuisine que j’avais été, et moi, j’avais confiance dans sa connaissance du métier de la télé, acquise en bas âge.
M.-J.:
Très sincèrement, et contrairement à d’autres, ce long épisode de travail en commun nous a rapprochées encore plus au lieu de nous éloigner. On se sentait dans un cocon tellement tout fonctionnait bien. Et comme, à cette époque, les réseaux sociaux n’existaient pas, on avait l’impression d’être dans la même bulle avec le public. 

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Est-ce à dire que vous craindriez de refaire ça aujourd’hui?
C.:
Pour ma part, je te dirais que oui. Ça me troublerait beaucoup de me faire juger aussi directement comme ça se fait sur les réseaux sociaux. Je ne sais pas si je le supporterais. On travaillait fort, mais on avait la chance de le faire dans des conditions idéales, où notre équipe était comme une famille élargie.

Est-ce que l’esprit qui vous animait dans le temps, celui de faire savoir que la cuisine, ça n’est pas si complexe et que c’est exceptionnel même dans la simplicité, vous guide aussi dans ce numéro spécial de
Recevoir?


M.-J.:
Tout à fait en ce qui concerne la cuisine comme telle. En même temps, on veut transmettre aux gens l’envie de faire de leurs repas un moment de beauté. 
C.: Je repense à ma propre mère, qui prenait soin de mettre un napperon et une serviette de table ainsi qu’un bouquet de fleurs devant elle à chacun de ses repas en solitaire. Aujourd’hui, on est à l’ère du bol dans lequel on met tout pêle-mêle. Je ne me vois pas servir ça à mon mari.
M.-J.: (Dans un grand rire) Eh bien moi, maman, je suis assez bol! Mais des beaux bols, par contre. Des bols dans lesquels je dispose les aliments de façon harmonieuse. Je pense que mon bol à moi, je pourrais le servir à mon père et que ça passerait!

As-tu eu envie de reproduire avec tes enfants ce cérémonial du repas que tu avais connu et que tu connais encore chez tes parents?
M.-J.:
Tout à fait. D’ailleurs, avec deux enfants ayant des problèmes d’audition, le moment du repas était celui où ils pouvaient parler de ce qu’ils avaient vécu à l’école, de ce qui fonctionnait, mais surtout de ce qui ne fonctionnait pas. C’était notre occasion comme parents de les écouter.
C.: Comme quand tu étais jeune, Marie. On faisait le point avec nos enfants à chaque repas. Ainsi, on ne les perdait pas de vue. J’en profite pour te dire, Louise, l’admiration que mon mari et moi avons pour Marie et René, qui ont si bien réussi l’éducation de leurs enfants, malgré leur handicap. Les larmes me montent aux yeux chaque fois que j’y pense.
M.-J.: Voyons, maman, tu exagères! Mais je prends quand même le compliment.
C.: En plus d’avoir été capables d’éviter le piège de la surprotection avec leurs enfants, ils en ont fait des références sociales en matière de réussite d’intégration de la différence. Et ça, sans jamais attirer l’attention d’aucune façon. C’est tout un exploit!
M.-J.: C’est vrai que je suis fière de voir aller Olivier et Rosalie. Ils sont aimables avec les gens et se sont totalement intégrés à la société. Il faut dire qu’à la base, la ferme de mes parents a joué un grand rôle pour leur permettre de commencer cette intégration avec leurs cousins et cousines.

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Photo : Bruno Petrozza
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Une fois l’Halloween passée, on se dirige vers le temps des fêtes. J’imagine que, chez vous, ça va se fêter en grand!
M.-J.:
Tu peux le dire! On commence d’ailleurs déjà à s’en parler, parce que tout le monde participe, et cette année, ça va se passer chez mes parents.

Quand vous avez pris la décision d’acheter une ferme, Claude et toi, était-ce dans la perspective d’avoir un lieu pour recevoir?
C.:
Tout à fait. La force d’une famille tient dans les liens qui se tissent entre ses membres, pourvu qu’on leur donne l’espace pour s’épanouir. La ferme joue ce rôle, et on le pressentait en faisant le choix de s’y installer. Elle l’a joué quand les enfants étaient petits, et elle continue de le jouer maintenant qu’ils sont grands et que certains ont même des enfants. Je me souviens encore quand mes trois petites-filles s’endormaient devant le feu de foyer et que deux d’entre elles prenaient soin de mettre Rosalie dans le milieu pour faciliter sa compréhension. Et puis Claude, qui avait perdu sa famille quand il était jeune, a toujours ressenti le besoin de combler ce vide.
M.-J.: Après un temps des fêtes célébré chacun de notre côté en 2020, on se prépare pour se retrouver à la ferme. Et comme la roue tourne, il y aura quatre bébés avec nous cette année.
C.: Eh oui! je suis quatre fois arrière-grand-mère. Même si la covid nous a changés, elle ne nous a pas retiré l’envie de fêter et de revenir à nos traditions, incluant notre distribution de cadeaux et toutes nos autres folies. 

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Photo : Bruno Petrozza
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Le menu est-il déjà déterminé?
C.:
Mon fils Carl, le plus jeune, a élevé des dindes cette année, et on va en manger une. Tu t’imagines? Je vais cuisiner une dinde 30 livres!
M.-J.: Mais comme on va se voir à plusieurs reprises, on va aussi faire un repas de ragoût de boulettes et d’autres repas avec des plats traditionnels... et on n’oubliera surtout pas les desserts. (rires)

En marchant vers la sortie du café où nous étions attablées, nous avons continué de parler, et c’est Claudette qui vous livre le mot de la fin: «Tu sais, Louise, le mot tradition ne doit jamais rimer avec obligation. Les choses doivent toujours être faites dans le plaisir pour prendre toute leur valeur!» Venant de la bouche d’une telle cuisinière, cette maxime ne nous libère-t-elle pas du terrible poids de la performance?

Pour connaître la suite de leurs festivités, procurez-vous le magazine Recevoir, dans lequel elles vous livrent les secrets de leur repas des fêtes.

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