Julie Le Breton a récemment vécu une expérience de tournage qui l’a transformée

Julie Le Breton s’apprête à célébrer le 25e anniversaire de sa carrière. Pour la comédienne — et pour notre plus grand plaisir! —, les contrats continuent d’affluer, tant à la télé et au théâtre qu’au cinéma. Au cours de la dernière année, une expérience de tournage l’a transformée. Elle a vécu l’un des grands moments de sa vie.

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Julie, comment décrirais-tu Isabelle, ton personnage dans le film Tu te souviendras de moi présentement à l’affiche?

Comme bien des gens de mon âge, elle se retrouve dans une situation où l’un de ses parents devient vulnérable et elle ne peut pas s’en occuper, parce que la vie va trop vite. 

Dans quel domaine travaille-t-elle?

Elle est journaliste. Elle vit une grande culpabilité, un deuil aussi, parce que son père est atteint d’alzheimer. 

Bien que le tournage de ce long métrage remonte déjà à quelques années, en as-tu gardé des souvenirs particuliers?

Oui. C’était l’automne, et on tournait des scènes extérieures. Il y a eu un coup de vent, et des centaines de feuilles jaunes se sont mises à virevolter autour de nous. J’ai alors pensé que cette magnifique image accompagnait bien certains questionnements soulevés dans le film. À quoi sert la vie? À quoi ça sert de continuer? Que reste-t-il à la fin, quand tout s’étiole autour de soi, quand la mémoire s’en va? Ces moments de magie nous raccrochent à la vie. 

Ce mois-ci, la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé arrive sur Club illico. Qui est Mireille, ton personnage?

Mireille est thanatologue. Elle retourne dans le village de son enfance pour s’occuper du corps de sa mère décédée. Lorsqu’elle était adolescente, un schisme familial est survenu... La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé est une pièce de Michel Marc Bouchard, un huis clos se déroulant dans une salle d’embaumement. Xavier Dolan, le réalisateur de la série, l’a transformée en une fresque familiale de cinq heures. Cinq épisodes bien touffus, bien garnis, avec des allers-retours dans le temps. C’est magnifique! 

On m’a dit que les cinq épisodes pouvaient être considérés comme autant de films de Xavier Dolan...

Exactement. La série met en scène des personnages carencés, plein de failles, qui baignent dans l’incommunicabilité. Je pense qu’elle va rejoindre bien des gens, parce que parfois, dans les familles, il y a beaucoup de choses qui accrochent. Des secrets bien enfouis, des non-dits qui nous empêchent d’entretenir un lien véritable. La série traite de rédemption. Et le tournage a été l’un des grands moments de ma vie, tant sur le plan professionnel que sur le plan humain. 

Pourquoi?

Pour avoir été dirigée par Xavier, pour avoir effectué des recherches manifestes dans toutes les sphères, pour avoir eu le privilège du temps. Xavier a réussi à obtenir des sous à l’étranger. Le fait d’avoir plus d’argent nous a donné plus de temps. Ç’a m’a transformée. J’ai passé beaucoup de temps sur le plateau à regarder les gens travailler, tant Xavier que les autres acteurs. 

Plus que d’habitude?

Oui. C’est comme si je redécouvrais mon métier.

Depuis combien d’années exerces-tu ce métier?

Presque 25 ans; j’ai obtenu mon diplôme de Lionel-Groulx en 1998. Je tourne dans la série IXE-13 en ce moment, et je vois une différence dans mon niveau de confiance. J’accède beaucoup plus rapidement à une vérité, à une profondeur. J’ai constaté ça en jouant dans La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Je suis vraiment contente.

L’année 2022 aura donc été parti- culièrement importante pour toi...

J’ai eu une année faste, avec beaucoup de théâtre. D’ailleurs, jusqu’au 3 décembre, je joue dans La fureur de ce que je pense à l’Espace Go. J’y reprends un rôle que j’avais créé en 2013. Suivra une tournée à travers le Québec pour Rose et la machine. 

Actuellement, tu incarnes Roxane Racicot dans IXE-13, une série qui sera offerte sur Club illico en 2023. Qui est-elle?

C’est une espionne. Elle a travaillé pour les services secrets pendant la Deuxième Guerre mondiale et elle essaie de reprendre une vie normale, mais son passé la rattrape.

Tu viens d’évoquer tes 25 ans de carrière. Quels en sont les moments charnières?

Il y en a plein! Je vois ça comme une longue construction qui va se poursuivre; en tout cas, c’est ce que je souhaite. Mais quand je suis sortie de l’école, je n’ai pas tout de suite obtenu la consécration. De toute façon, je ne crois pas que j’aurais été assez solide pour y faire face. En même temps que j’acquérais de la confiance, je gagnais en expérience. Il reste qu’il y a eu des moments charnières. Je pense, entre autres, à Québec-Montréal, Maurice Richard et Les beaux malaises.

À quoi ont ressemblé tes premières années, une fois ton diplôme obtenu?

J’ai eu mon premier contrat dans Watatatow. Puis un deuxième dans Macaroni tout garni, où je prêtais ma voix à un personnage animé. Cela me permettait d’explorer, et d’avoir beaucoup de temps pour voyager et maintenant et vivre ma vingtaine à fond. C’est dans la trentaine que je me suis mise à à travailler à un rythme beaucoup plus soutenu. Soudainement, il ne m’était plus possible de partir pendant trois ou quatre mois en Asie, par exemple. Je suis assez privilégiée, mes années se remplissent avec des projets que je choisis avec mon cœur. J’ai une bonne étoile: les rencontres marquantes arrivent au bon moment.

Toi qui, pendant longtemps, as été une grande voyageuse, y a-t-il aussi des voyages à ton agenda?

Je n’ai pas de grands voyages prévus pour l’instant, parce que je suis passablement occupée jusqu’au printemps prochain. Par contre, je vais continuer à faire de petites escapades à la campagne, autour de Montréal ou ailleurs au Québec, chez des amis, des proches, pour faire de la randonnée pédestre, qui est un voyage en soi. 

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