«Une vue sous les étoiles»: La fascinante histoire des ciné-parcs d'ici

Vendredi 5 juin 21 h, Historia

Marie-Hélène Goulet

2020-06-05T10:00:00Z
2023-10-12T23:40:43.938Z

Puisque la distanciation sociale forcera peut-être les cinéphiles à privilégier les ciné-parcs plutôt que les salles de cinéma cet été, la série documentaire Une vue sous les étoiles tombe à pic. La production donne envie de regarder un bon film, confortablement assis sur la banquette arrière de notre voiture.

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Ce n’est pas la pandémie de COVID-19 qui a donné l’idée au producteur Orlando Arriagada de s’intéresser aux ciné-parcs québécois, mais plutôt une anecdote de son collègue scénariste Louis-François Grenier, qui lui a raconté sa première sortie au ciné-parc avec sa blonde, à l’adolescence. Cette anecdote amusante et croustillante, qu’on découvre dans le premier épisode, a inspiré le producteur, qui a vu en ce lieu de rassemblement une façon différente de raconter le Québec.

«Pour mes séries documentaires, je cherche des sujets rassembleurs. Il faut que les gens de toutes les générations aient une histoire à raconter à ce propos. C’est la beauté d’Une vue sous les étoiles, qui lie trois générations et qui touche aussi à l’histoire du Québec», explique Orlando Arriagada, qui a quitté son Chili natal pour la Belle Province il y a une trentaine d’années.

Quarante ans de retard
Les huit épisodes d’Une vue sous les étoiles sont effectivement une bonne façon de revenir sur un passé pas si lointain et pourtant bien différent d’aujourd’hui. Saviez-vous que le Québec est en retard d’une quarantaine d’années sur les États-Unis en ce qui a trait aux ciné-parcs à cause de l’emprise de la religion catholique? Le clergé était tout à fait contre ces lieux de perdition, où des jeunes pouvaient se tripoter sans chaperon sur la banquette arrière de leur voiture.

Le premier épisode, intitulé Une histoire d’amour, explique notamment comment les instances catholiques ont pu faire pression sur le monde politique afin que les policiers ne tolèrent aucune représentation cinématographique en plein air, mises à part celles concernant la religion ou le patriotisme. «Un nom résume tout le blocage qu’il y a eu au Québec par rapport aux ciné-parcs: Maurice Duplessis. Il refusait catégoriquement qu’on ouvre des ciné-parcs un peu partout dans la province. Il a longtemps résisté», explique le André Lavoie.

Pour regarder des «vues» en plein air, les Québécois traversaient la frontière américaine pour s’agglutiner dans les drive-ins de Plattsburgh. Ce divertissement était tellement populaire que Chantal Renaud le chantait dans Plattsburgh Drive-in Blues. Il faut dire que plusieurs établissements de l’État de New York — dont le fameux Curry Hill Drive-in — diffusaient des films en français et publiaient même leur programmation dans les grands journaux d’ici.

Il a fallu changer la loi et attendre 1970 pour qu’ouvre enfin un premier ciné-parc bien de chez nous. Toutefois, lors des premières années d’opération de ces écrans extérieurs, on ne pouvait y présenter que des films destinés à toute la famille.

Les irréductibles
En plus de raconter l’histoire cinématographique du Québec, Une vue sous les étoiles nous donne l’occasion de découvrir les irréductibles propriétaires des ciné-parcs québécois encore ouverts. Il y en avait six au moment du tournage, l’été dernier, mais il n’y en a plus que cinq à la suite de la fermeture de celui de Boucherville, à l’automne, après 46 ans d’existence. Le Ciné-parc Saint-Hilaire est sous les projecteurs dans le premier épisode. Il est opéré par le vétéran André Monette et son jeune partenaire, Kevin Patenaude. Ce dernier, qui a rencontré sa femme dans un cinéma, passe ses étés près des écrans avec ses trois enfants, qui mettent tous la main à la pâte. «Je pense que c’est moi qui ai le plus beau travail. Je ne compte pas les heures. Je viens m’amuser ici», affirme-t-il.

Les gens de Chandler, SaintHilaire, Orford, Belle-Neige, Saint-Eustache et Boucherville ont accueilli Orlando Arriagada et son équipe avec beaucoup de chaleur et d’enthousiasme. «Ils étaient tous très contents de nous recevoir. Pour eux, cette participation donne un coup de main à une industrie en difficulté. Ils subissent beaucoup de pression, entre autres du monde immobilier, qui souhaite acquérir leurs grands terrains à cause de l’étalement urbain», explique le producteur. Qui sait, l’été 2020 sera peut-être l’occasion de donner un nouveau souffle à ce milieu si riche en souvenirs!

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