Marianne St-Gelais s’ouvre sur sa nouvelle relation amoureuse

Courtoisie

Michèle Lemieux

2020-06-24T20:00:00Z
2023-10-12T23:41:59.543Z

La trame de sa vie a été ponctuée par l’atteinte de sommets exceptionnels dans le sport, suivis de la retraite, d’une rupture, de la naissance de sa filleule, Livia, et de l’amour retrouvé. En 15 ans, Marianne St‐Gelais a vécu des moments tantôt exaltants, tantôt éprouvants. La médaillée olympique les revisite avec nous.

• À lire aussi: Marianne St-Gelais nous raconte son voyage au Népal avec sa sœur

Marianne, quels sont les projets qui vous occupent depuis votre retraite du sport professionnel?
Avant la crise de la covid-19, j’avais commencé à donner un coup de main à mon ami Jean-Pier Gravel, qui a fondé le Département des moments (dont la mission est de créer des moments de bonheur pour les gens, par exemple pour des anniversaires). Je compte poursuivre ce mandat. Je désire continuer à donner des conférences dans les écoles et les entreprises. À mon retour de Vancouver, on m’a demandé de raconter mon histoire et j’ai accepté de le faire, car j’aime beaucoup aller à la rencontre des gens.

Il y a eu aussi la sortie de votre livre, récemment.
Oui, Raconte-moi Marianne St-Gelais. C’est une belle collection qui inspire les jeunes. On veut qu’ils puissent avoir des modèles de discipline et de persévérance. On a tendance à penser que les gens qui réussissent ne traversent pas de difficultés. Dans chaque livre de Raconte-moi, on montre aussi les moments difficiles. Dans ma vie, il y en a eu plusieurs! C’est ce qui m’a construite et qui m’a permis de devenir l’athlète et la personne que je suis devenue.

Publicité

Depuis 15 ans, vous avez vécu des moments extraordinaires. Quel est le premier qui vous vient en tête?
À 20 ans, j’ai remporté ma première médaille olympique. C’était non seulement la première, mais nous étions en sol canadien, à Vancouver. Je l’ai obtenue sur ma distance de prédilection: le 500 mètres (elle a également fini deuxième au relais de 3000 mètres). Je n’ai pas réalisé sur le coup ce que je venais d’accomplir. C’était tellement grandiose! 

Que ressentiez-vous?
C’est en revenant à la maison que j’ai compris qu’il y aurait un avant et un après Vancouver. J’étais une autre personne parce que j’entrais dans la catégorie des médaillés. C’était un sentiment d’accomplissement. Et c’est dans les dernières années, c’est-à-dire à partir de la retraite, que tout a pris son sens. Les Jeux de 2010, 2014 et 2018 demeurent de belles années pour moi. En 2018, je n’ai pas remporté de médaille, mais ces jeux à Pyeongchang ont bouclé la boucle de ma carrière. Dans la même année, j’ai fait mes derniers tours de piste à Montréal. Le patin m’a apporté beaucoup de beaux moments. J’ai remporté le titre de championne du monde en 2016. Mais il y a aussi eu de moins bons moments...

À quoi faites-vous allusion?
J’ai perdu mon entraîneur, que j’adorais... Il est parti entraîner des athlètes en Russie. J’ai vécu mon moment de révolte: cette année-là, j’ai refusé de patiner pour les championnats du monde.

Quels sont les grands moments que vous avez vécus en tant que femme?
J’ai eu 30 ans en février dernier. Ce n’était pas si pire que ça... mais j’entendais une petite voix dans ma tête qui me rappelait que je n’avais pas accompli tout ce que j’aurais souhaité avoir réalisé à 30 ans. Je pouvais cocher bien peu de choses sur ma liste... Ça me faisait mal de le constater. Le sport a volé 18 ans de ma vie. Je ne le dis pas de manière péjorative, mais le sport m’a quand même pris 18 années. C’est normal qu’à 30 ans je ne sois pas au même endroit qu’une personne qui a suivi un parcours normal: avoir fini son université, s’être construit une maison, avoir un amoureux et des enfants. Je ne corresponds pas du tout à ce modèle de femme.

Publicité



Mais si vous ne tenez pas compte de cette liste, êtes-vous heureuse?
Oui, je le suis. Je vis bien avec les choix que j’ai faits, mais disons que cette petite voix n’a pas été fine à mon égard à mes 30 ans... Je suis en paix avec mon parcours. Il faut arrêter de se comparer. Mes amies qui ont mon âge n’ont pas la même vie que moi...

Vous parliez précédemment de retraite. Est-ce difficile de prendre sa retraite durant la vingtaine?
Oui, ç’a été un événement important. En 2018, il y a eu la retraite, mais aussi la rupture d’avec Charles (Hamelin). Nous allions célébrer nos 11 ans ensemble. La retraite, c’est le deuil du sport compétitif de haut niveau, mais je reste une sportive dans l’âme. C’était aussi devoir faire le deuil d’une deuxième famille, de gens qui m’ont poussée et amenée à un haut niveau. Sortir de ce cadre, ça fait mal. Je n’étais pas nécessairement outillée pour affronter le monde. La rupture n’a pas aidé...

Parce que vous entreteniez un lien symbiotique?
Nous étions ensemble 24 heures sur 24. Nous avions la même passion, les mêmes goûts. Lorsque j’ai quitté le sport, j’ai aussi quitté mon amoureux, mon coéquipier, mon meilleur ami, mon coach. Mais je n’avais pas nécessairement envie de quitter mon ami. J’aurais aimé l’avoir encore dans mon quotidien, mais ça ne fonctionne pas ainsi. Ç’a été difficile. J’ai l’impression que j’avais besoin de ça pour devenir une meilleure personne. J’ai compris que je voulais que ma prochaine relation soit différente. J’avais vécu quelque chose d’exceptionnel et ça nous a permis d’être les meilleurs athlètes que nous pouvions être.

Vous avez retrouvé l’amour. En quoi, justement, cette relation est-elle différente?
Je crois être une meilleure blonde, une meilleure femme pour mon copain. Je suis beaucoup plus indépendante, j’ai mes projets. Je m’apprécie, je m’aime, je me valorise... et je n’ai pas besoin de lui pour exister. C’était important pour moi d’y arriver avant de me lancer dans une nouvelle relation amoureuse. Elie et moi avons un passé très différent. Au début, j’ignorais si j’étais encore capable de m’engager. Je ne voulais pas investir 11 ans de ma vie pour aboutir à une rupture. Ça m’empêchait de plonger. Finalement, j’ai compris que je n’aurai jamais cette certitude. Au bout du compte, lui et moi, nous ne nous sommes jamais lâchés. C’est une belle personne. Il n’a pas besoin de moi pour vivre.

Publicité

Quels grands moments avez-vous vécu sur le plan personnel?
Oui, la naissance ma filleule, Livia, en 2016. Ç’a été un moment marquant. Ma famille a toujours été mon ancrage. Nous sommes tous très proches et fiers les uns des autres. Nous sommes quatre enfants dans la famille, Livia est le premier petit-enfant. Ça a été un déclencheur de ma retraite. Durant la même année, mon papa nous a annoncé qu’il avait un cancer de la prostate. Il a été opéré et il va très bien, mais cet enchaînement d’événements m’a forcée à réfléchir. À partir de ce moment, j’ai vu le sport différemment. Je ne voulais pas passer à côté de ma vie... 

    

Raconte-moi Marianne St-Gelais est en vente. Comme ambassadrice du Département des beaux moments, Marianne chapeautera les activités pour l’île de Montréal. Elle participe aux Suppléants, diffusée en semaine à 15 h 30, à Télé-Québec et sur le site de la chaîne.

Publicité

Sur le même sujet