Marie Tifo rend hommage à Monique Mercure

Photo : Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2020-07-14T20:05:19Z
2023-10-12T23:15:56.792Z

Toute jeune, alors qu’elle habitait au Saguenay, Marie Tifo a vu jouer de grandes comédiennes de chez nous. Deux d’entre elles l’ont particulièrement touchée: Andrée Lachapelle en raison de son humanité et Monique Mercure pour son jeu flamboyant. C’est de cette dernière que Madame Tifo a choisi de nous parler.

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Au cours des ans, Marie Tifo a eu l’occasion de croiser bien des femmes inspirantes. «Andrée Lachapelle et Monique Mercure ont été de grandes inspirations pour moi: Monique pour son jeu flamboyant, sa grande force et sa folie, et Andrée pour sa vie et pour ce qu’elle était. Quand on rencontrait cette femme, on était touché par la grâce. Ces deux comédiennes représentent deux côtés de moi-même. Je me reconnais en elles. Leur disparition, tout comme celle de Michelle Rossignol, m’a troublée. Pour moi, ça marque la fin d’une époque... Je me sentais comme une héritière de ces femmes, qui ont été mes modèles et à qui je me suis identifiée.

J’ai eu le bonheur de jouer avec elles et je les ai tellement aimées! Je leur voue une grande reconnaissance pour tout ce qu’elles nous ont apporté et pour l’image des femmes qu’elles ont su imposer. Elles ont été des pionnières. Elles ont été parmi les premières à dire: “Je veux être comédienne.” Elles ont travaillé tout en élevant des enfants dans les années 1950, à une époque où il n’y avait pas de CPE. Quand je suis arrivée, dans les années 1970, elles avaient déjà labouré le terrain et établi des bases. J’avais envie d’être comme elles», se rappelle Marie Tifo.

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De beaux moments
Puisqu’il faut choisir, c’est de Monique Mercure que Marie Tifo a choisi de nous parler. À l’origine, cette grande artiste souhaitait s’accomplir en tant que violoncelliste. «C’était d’abord une musicienne, souligne Marie Tifo. La musique a toujours été importante pour elle. On le sentait parce que lorsqu’on faisait des spectacles, Monique avait une connaissance que nous n’avions pas. Je l’ai connue sur la scène de La complainte des hivers rouges, montée par Michelle Rossignol. Par la suite, nous avons joué ensemble dans un film d’Yves Simoneau, Dans le ventre du dragon, et nous nous sommes donné la réplique dans Tartuffe. Nous avons aussi joué dans L’hiver de force, au TNM, et nous sommes allées présenter cette pièce au Théâtre de L’Odéon, à Paris. Je garde de bons souvenirs de toutes ces productions. Lorsque Monique et moi nous nous rencontrions, nous passions toujours de beaux moments. Nous étions très près l’une de l’autre. Nous avions une énergie très semblable.»

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Une carrière impressionnante
Monique Mercure a campé de nombreux personnages, dont des femmes de caractère. Des années 1960 à 2016, on l’a vue notamment dans Sous le signe du lion, Monsieur le ministre, L’héritage, Le retour, Providence et Mémoires vives. «En tant qu’actrice, c’était une bombe, se rappelle Marie Tifo. Elle avait une grande force et une grande puissance. En même temps, elle avait une sorte de fragilité. Quand on jouait avec elle, on pouvait tout à coup apercevoir une espèce de douceur ou même de peur dans ses yeux. On avait envie de la prendre dans nos bras. Elle était aussi fantasque et savait se montrer audacieuse. Elle était prête à tout quand elle jouait! Elle était comme une enfant: elle aimait jouer.»

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Primée à Cannes
Première Québécoise primée à Cannes, Monique Mercure a reçu le Prix d’interprétation féminine en 1977 pour son rôle dans J.A. Martin photographe. «Elle était extraordinaire, tout comme elle l’était dans les films de Jean-Claude Labrecque — Les vautours, Les années de rêves. Dans Providence, elle tenait le rôle de la chef de clan. Elle campait des femmes d’affaires, des femmes fortes. C’était une partie de Monique. Au théâtre, elle s’exprimait encore plus. La première fois que je l’ai vue au théâtre, c’était dans Les belles-sœurs, dans la peau de Rose Ouimet. C’est là que je l’ai découverte et que j’ai compris que c’était une très grande actrice.» 

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