Quatre ans après la mort de sa mère Janine Sutto, Mireille Deyglun s’ouvre sur leur relation

Photo : Bruno Petrozza / Les Pu

Érick Rémy

2021-03-08T14:00:00Z

Le 28 mars 2017, à trois semaines de ses 96 ans, la légendaire comédienne Janine Sutto décédait de causes naturelles. Quatre ans plus tard, Mireille Deyglun, sa fille, ressent encore le vide de son absence et avoue qu’elle n’a pas pu boucler toutes les boucles avec elle avant son départ.

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«Ma mère et moi avons eu une vie tumultueuse. Je suis encore fâchée de ne pas avoir pu régler certaines choses entre nous. Ma nature me pousse à vouloir tout comprendre, mais ma mère n’était pas comme moi. J’aurais eu besoin qu’elle réponde à certaines de mes questions. Maman était quelqu’un de profondément secret. Elle avait 3000 couches de protection. En fait, je ne connais personne qui l’ait vraiment connue, sauf une de ses amies, qui est maintenant décédée», confie la comédienne Mireille Deyglun.

Sans trop vouloir entrer dans les détails de leur dynamique familiale, elle explique qu’elle a dû, depuis ce temps et par la force des choses, tirer elle-même ses propres conclusions. «Avec le recul, j’ai compris certaines choses, mais pas d’autres. Heureusement, j’ai eu la chance de beaucoup parler avec elle avant qu’elle ne meure. Maman était terrorisée à l’idée de mourir. Finalement, elle est partie en paix, dans mes bras», dit-elle avec soulagement.

Sébastien St-Jean / Agence QMI
Sébastien St-Jean / Agence QMI

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Malgré ce regret, la fille de l’actrice garde plein de beaux souvenirs de celle qui l’a mise au monde. Quant aux différentes étapes incontournables du deuil, elle souligne: «Un deuil, c’est difficile à faire. Ça signifie que c’est terminé. Il n’y a pas de revenez-y. Je ne suis pas encore en paix avec tout, mais la vie est bien faite, car avec le temps, on ne retient que les bons moments.» Tous les matins, après avoir ouvert les rideaux du salon, elle tourne la page d’un beau livre de photos du monde, une pour chaque journée de l’année, déposé sur un meuble rapporté de Chine par son mari. Ensuite, elle jette un regard sur une photo encadrée de Janine et lui dit bonjour. «C’était près d’un an avant son décès. Ma mère, ma fille et moi étions toutes trois réunies lors d’une soirée au théâtre. J’ai beaucoup de photos et d’objets d’elle dans la maison. Maman est encore très présente dans mes pensées. Je lui parle souvent. D’ailleurs, je me suis aperçue que, comme elle le faisait, je parle moi aussi à voix haute quand je suis seule», avoue-t-elle en riant.

Jeune de cœur

Après avoir perdu son père, Henry Deyglun, alors qu’elle n’avait que 12 ans, sa sœur jumelle trisomique, Catherine, il y a 10 ans, et sa mère, en 2017, Mireille est aujourd’hui la seule survivante de la famille Deyglun-Sutto. Malgré cela, elle affirme ne pas ressentir d’urgence de vivre. «Dans ma tête, j’ai encore toute la vie devant moi. C’est bizarre, mais je ne me sens pas vieillir. Il faut dire que j’ai eu un bel exemple avec ma mère. Elle me disait toujours que chaque âge comporte ses moments formidables. Oui, j’ai des rides qui apparaissent, mais je n’en fais pas une obsession. Il vaut mieux accepter de vieillir que de courir après sa jeunesse. Et comme je ne fais pas de télé, je ne passe pas mon temps à me regarder. (rires) »

Le couple réuni en juin

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TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI
TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI

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Son dernier rôle à l’écran remonte à Mémoires vives. Entretemps, son mari, l’ex-journaliste Jean-François Lépine, a accepté un poste de directeur des représentations du Québec en Chine. Vivant en permanence à Shanghai, il a vu son mandat de trois ans être prolongé de deux années. De son côté, habitant seule dans leur maison et veillant au bien-être des siens tout en poursuivant sa carrière, Mireille avait fait, jusqu’en janvier de l’an dernier, de nombreux allers-retours pour être auprès de l’homme qu’elle aime. «Heureusement, il revient en juin. Bien que ma santé mentale aille bien, je n’arrive pas à me résigner à être enfermée pendant 14 jours par les autorités chinoises dans un hôtel afin d’aller rejoindre Jean-François. Comme un peu tout le monde, la pandémie nous a ébranlés et fragilisés», concède-t-elle, s’excusant presque d’attendre ici son retour définitif.

Même s’ils ont été des semaines, voire des mois ensemble en Chine, quand son conjoint sera de retour au Québec, ce sera la première fois que le couple se retrouvera seul à seul, sans enfants, dans sa maison. L’automne dernier, Sophie, 27 ans, a finalement quitté le nid familial pour aller rejoindre sa meilleure amie en Égypte, avec qui elle met un CPE et une école primaire sur pied.

Quant à l’aîné, Félix, 30 ans, il vole de ses propres ailes depuis déjà quelques années et a une belle carrière en développement des affaires. «Après cinq ans de vie pas tout à fait normale, nous sommes très conscients que cela va nécessiter une adaptation. Même si ça fait plus de 30 ans que nous sommes mariés, je sais que rien n’est jamais acquis. Tout pourrait s’arrêter demain. Cependant, nous avons toujours été bien ensemble et, même lorsque les enfants vivaient avec nous, on ne s’est jamais privés d’avoir notre vie de couple — un conseil de Janette Bertrand.»

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Photo : Bruno Petrozza / Les Pu
Photo : Bruno Petrozza / Les Pu

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N’envisageant ni l’un ni l’autre de prendre leur retraite, les conjoints de 62 et 71 ans entrevoient avec bonheur l’idée de voyager ensemble à nouveau un jour rien que pour le plaisir et, qui sait, de peut-être devenir grands-parents. D’ici là, la comédienne fait des voix et de la direction d’acteurs en surimpression vocale.

Depuis 10 ans, on l’entend dans Vendre ou rénover, diffusée à Canal Vie. Et lorsque les mesures sanitaires s’assoupliront, on devrait la voir à nouveau sur les planches dans l’une des pièces de la compagnie de théâtre La Comédie Humaine avec laquelle elle jouait, jusqu’en mars de l’an dernier, dans Le malade imaginaire, la 4e représentation.

Mireille participe à Vendre ou rénover au Québec, dont la cinquième saison est diffusée le mardi à 21 h, à Canal Vie. La troisième saison est aussi en rediffusion sur la chaîne en semaine à 8 h et minuit.

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