Patsy Gallant nous raconte sa rencontre avec la reine Élisabeth II

Photo : Julien Faugere / Les Pu

Michèle Lemieux

2020-11-07T15:00:00Z

Avec ses succès, ses relations jet-set et sa personnalité incomparable, Patsy Gallant fait partie de l’histoire de notre musique. Mais derrière la chanteuse glamour, la femme a connu sa part de hauts et de bas, de joies et de chagrins. Dans une autobiographie intitulée Ma vie en technicolor, la célèbre interprète de Stella Spotlight dans Starmania revient sur quelques-uns de ces grands moments.

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Patsy, vous avez, semble-t-il, quelques beaux projets au programme. De quoi s’agit-il?
J’aimerais faire un album. J’ai d’ailleurs écrit une première chanson: Mon bel indifférent. Compte tenu des circonstances, mes spectacles ont été reportés. Et je viens de publier ma biographie, Ma vie en technicolor, qui permet de découvrir la femme derrière l’artiste. Ce survol de ma vie a été un bilan obligé. Je suis une fille qui ne regarde pas en arrière. Je ne renie pas mon passé, mais je regarde vers l’avant. Revenir sur certaines périodes de ma vie a été très difficile. Je n’en revenais pas d’avoir fait certaines choses... J’ai eu trois vies en une! Dans mon livre, je vais de ma naissance jusqu’à aujourd’hui. Je pesais deux livres et demie. J’étais extrêmement petite. On m’a mise dans un incubateur, sinon je serais morte...      

Très tôt, vous avez été prise d’une grande passion pour le chant. C’est avec vos sœurs que vous avez fait vos premiers pas...
Oui, j’ai débuté avec mes sœurs au Nouveau-Brunswick. On me surnommait Cheetah, comme le singe, et Bugs Bunny à cause de mes dents. J’avais une drôle de bouille. Aujourd’hui, à 72 ans, je me trouve belle. Sur scène, j’étais heureuse, car j’avais de l’attention. Un jour, quelqu’un a dit à ma mère qu’elle pouvait toucher 100 $ par semaine pour ses quatre filles si elles allaient chanter à Montréal. En moins de temps qu’il faut pour le dire, elle a fait nos valises, et nous avons abouti chez ma grand-mère! 

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Courtoisie
Courtoisie



Votre maman a donc joué un rôle déterminant dans votre vie!
Oui, c’était une femme admirable à qui j’ai d’ailleurs dédié mon livre. En lisant ma biographie, j’ai trouvé ça dur de repenser à ma mère... Elle gérait notre carrière, elle faisait nos costumes. Au Nouveau-Brunswick, nous étions très pauvres. Mon père était régulièrement mis à pied et il essayait, tant bien que mal, de faire vivre ses 10 enfants. Je ne désirais pas aborder la misère dans ma biographie. J’ai voulu donner de l’espoir aux gens, les inspirer et leur permettre de rêver. Il y a beaucoup d’amour dans mon livre. Je suis une fille heureuse. Même si je suis passée à travers différentes épreuves, c’est grâce à elles que je suis celle que je suis: une battante!

Un jour, il y a eu une rupture avec votre mère. Racontez-nous dans quel contexte vous avez quitté la maison...
J’étais souvent chez une amie avec qui je découvrais la vie. Je chantais depuis l’âge de trois ans et je donnais toujours tout mon argent à ma mère. Un jour, j’ai croisé Chantal Renaud, qui m’a dit que je n’étais pas obligée de le lui donner. À l’âge de 18 ans, je suis partie sans prévenir. Je voulais vivre ma vie. Ç’a été terrible... Je vois ma mère sur le balcon me lancer: «Si je meurs, ce sera de ta faute!» Et elle est morte un an plus tard. J’ai mis 10 ans à m’en remettre... Ce n’était pas de sa faute si elle avait dit ça: elle n’arrivait pas à exprimer autrement le mal que cela allait lui causer à elle et à toute la famille. Si je quittais la maison, ça voulait dire que les Sœurs Gallant se séparaient et qu’elle n’aurait plus d’argent pour nourrir les autres enfants à la maison... J’étais son bijou. J’étais sa Shirley Temple.

Et vos sœurs, qu’en ont-elles pensé?
Ç’a été difficile pour mes sœurs de me voir au sommet, car elles étaient aussi bonnes que moi. Parfois, elles se sont demandé: «Pourquoi elle et pas moi?» Aujourd’hui, elles sont toutes très fières de moi.     

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Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

Vous évoquez les passages de votre vie où vous avez sombré dans l’alcool et la drogue. Est-ce qu’il vous a fallu du courage pour en parler?
C’était les années 1970. Je détestais la drogue. J’en faisais pour être complice avec mon mari, que j’aimais tant et qui consommait. Tu sais, quand tu aimes quelqu’un et que tu es prête à faire n’importe quoi... La coke n’était pas pour les gens de la rue, c’était pour l’élite. On buvait du champagne et on sniffait de la cocaïne. Moi, je n’avais pas besoin de ça. J’avais naturellement de l’énergie. Ma drogue, c’était la scène. J’ai d’ailleurs laissé mon mari à cause de la drogue.

Quels ont été les événements les plus marquants de votre vie?
Il y en a eu plusieurs. J’ai rencontré la reine Élisabeth, le prince Albert et tant d’autres! C’est fou quand on y pense: je ne suis qu’une petite fille du Nouveau-Brunswick qui n’avait rien à manger et qui s’est retrouvée un jour aux côtés de la reine d’Angleterre! Je l’avais ratée une fois, je ne voulais pas la rater une seconde fois. J’ai descendu à toute vitesse les 150 marches qui nous séparaient et je me suis dirigée droit sur elle! Plus j’approchais et plus je voyais l’inquiétude dans ses yeux. C’est Brian Mulroney qui s’est penché vers la reine pour lui dire de ne pas s’inquiéter, car il me connaissait! (rires) Luc (Plamondon) et moi, nous en avons fait des virées! Il disait toujours: «Ne l’appelez pas Patsy Gallant, mais Party Gallant!» Autre beau souvenir: avec Star Académie à Paris, nous avions 100 millions de téléspectateurs. C’était diffusé dans toutes la francophonie! Je suis fière de faire encore mon métier. Chanter et danser comme je le fais à mon âge, c’est exceptionnel. 

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Photo : Etienne Boisvert / TVA
Photo : Etienne Boisvert / TVA

Comment avez-vous réagi lorsque votre fils, Jason, a souhaité faire ce métier à son tour?
J’en suis tellement fière! Mais ce métier est difficile. Je lui en ai trop demandé. J’ai reçu plusieurs trophées au cours de ma carrière, mais ce n’est rien comparativement à ce que je ressens pour mon fils. Être sa mère est ma plus grande fierté. Nous avons une relation symbiotique. Comme m’a dit un psychologue un jour: fusion égale confusion... Il a 35 ans, et je le traite comme s’il en avait 5... Je ne peux pas me détacher de lui. Je l’aime 

Photo : Stephanie Lefebvre
Photo : Stephanie Lefebvre

tellement!

Avez-vous renoncé à l’amour?
Jamais! Rendue à mon âge, je ne m’attarde plus à mes chagrins d’amour. Je passe toujours au travers et toujours de la même manière: j’écris. J’ai vécu des deuils, des chagrins, mais je suis une optimiste de nature.

Ma vie en technicolor est publiée aux Éditions La Semaine. On suit la chanteuse sur sa page Facebook.

Éditions La Semaine
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