Noémie Godin-Vigneau est consciente que son personnage dans L’Échappée fait jaser

Photo : Karine Lévesque

Michèle Lemieux

2022-03-01T16:45:00Z

Récemment, son personnage de Maude Jutras dans L’Échappée a bien fait jaser. Après toutes ces années, Noémie Godin-Vigneau se sent privilégiée de pouvoir encore pratiquer son métier. Si elle profite des moments creux en lançant des projets, elle est heureuse de remonter sur les planches dans la pièce Les trois sœurs, qui devait être présentée il y a deux ans.

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Noémie, votre personnage a suscité beaucoup d’intérêt dans L’Échappée.
Oui. On parle de l’inceste des pères, mais il existe aussi des mères qui ont des relations incestueuses. Dans le cas de Maude, il y a manifestement des séquelles psychologiques, mais cela reste inacceptable. Cette infirmière a perdu son conjoint, avec lequel elle a eu un fils, Fabien. Le décès de cet homme qu’elle admirait a créé une grande faille psychique chez elle. Son amour pour son fils n’a pas été freiné, et inversement. Je crois que son amour est réel, mais il y a aussi un transfert de sentiments relié au père. C’est rare qu’on mette ce genre de personnage en lumière...

Vous a-t-on parlé beaucoup de Maude?
Mes parents m’en parlent! Je pense que ça a créé un malaise, mais en même temps, il faut porter complètement les personnages qu’on joue. En tant que parent, l’amour qu’on ressent pour son enfant et qu’on reçoit de lui est tellement vaste et grandissant que c’est créer une déchirure traumatique terrible de transgresser la ligne... L’âme humaine est aussi lumineuse que sombre. Sans justifier ses comportements, je crois que nous avons opté pour l’empathie envers le personnage. 

Yan Turcotte
Yan Turcotte

En outre, vous renouez avec le théâtre.
Oui, je suis dans Les trois sœurs, de Tchekhov, dont la représentation était prévue au TNM en mars 2020 et qu’on a reprise. J’en suis aussi à terminer une deuxième saison d’un beau projet, Tire-toi une bûche!, avec le Théâtre des Petites Âmes, une compagnie pour la petite enfance. Nous improvisons des contes dans les garderies et les écoles. C’est un merveilleux projet! 

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À travers le temps, vous avez réussi à durer dans ce métier. Est-ce une réalisation pour vous?
Je n’en reviens pas, je touche du bois! C’est épuisant parfois... Je me suis souvent demandé si j’allais tenir encore des années à ne jamais savoir ce qui viendra ou non. Mais je suis toujours heureuse dans une salle de répétition, autour d’une table avec des camarades à lire des textes ou sur un plateau de tournage. J’ai décidé de continuer, mais j’essaie d’élargir mon horizon en développant des projets dans les écoles, par exemple.

Vous êtes-vous habituée à cette insécurité ou ressentez-vous une certaine usure?
J’ai appris à composer avec ça, et il y a quand même des avantages à pouvoir gérer son temps. Ce n’est pas désagréable d’avoir plusieurs choses en même temps, puis de connaître une accalmie. Il y a beaucoup de temps à soi qu’on peut consacrer à une autre sphère de notre vie. Mais oui, c’est usant. J’ai reçu un salaire régulier à deux occasions dans ma vie: lors de mon congé de maternité et avec la PCU. J’avoue que ça me permettait de prévoir. Cela dit, j’aime beaucoup ce que je fais et j’ai réussi à ne vivre que de mon métier.

Vous dites qu’avoir beaucoup de temps libre reste un grand avantage de ce métier.
Oui, c’est un privilège de pouvoir faire sa propre gestion d’horaire. Je ne suis pas prise dans une routine avec quelques semaines de vacances par an. Il m’est arrivé d’avoir moins d’énergie ou de disponibilité mentale ou émotionnelle, pour des raisons personnelles. C’est pour ça que comme artiste, je crois qu’il faut avoir un certain filet social.

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En contrepartie, vous avez été une maman plus présente que la plupart des parents?
C’est possible. J’ai voulu et choisi cela. J’ai chouchouté ce temps précieux. Construire nos liens avec nos proches et nos êtres aimés, c’est si important.

Avez-vous d’autres passions, outre le jeu?
Je fais du yoga. J’ai suivi une formation à l’automne 2020. J’avais besoin de faire quelque chose. Je pourrais enseigner un jour. Ça me fait beaucoup de bien et ça peut en faire à tous, jeunes et moins jeunes. Il faut bouger, activer la dopamine. On vit une époque anxiogène. Il faut trouver le moyen qui nous convient pour atteindre un équilibre psychique, émotionnel et physique. La pratique du yoga apporte une sorte d’ancrage et un équilibre. J’avais aussi envie de travailler dans la communauté, j’ai donc fait un cours de création artistique dans les écoles. J’ai donné des ateliers au printemps dernier. 

Enseignez-vous le yoga à votre enfant?
Nous en avons fait plus souvent quand il était petit. À présent, nous sommes plus dans les batailles de kung-fu. (rires) Nous faisons beaucoup de musique ensemble, nous chantons. Il suit des cours de piano, nous jouons des percussions. 

Comment vous êtes-vous adaptée à la pandémie?
Après l’état de choc, j’ai eu le sentiment de vivre un rapatriement. Tout s’est arrêté. Bien humblement, je me sens douée pour l’adaptation et pour tirer le meilleur de chaque situation, mais je suis consciente de ma chance. Je vois les fossés qui se creusent, ici et ailleurs...

Quelle est la valeur de la famille et de l’amitié à travers tout cela?
Nos parents ne sont pas près de nous, mais ils sont proches de cœur. Je m’ennuie de mes amis, de ma famille. La rencontre de l’autre, ça nous nourrit de façon importante. Ça m’a manqué...

L’Échappée est diffusée le lundi 20 h, à TVA.
Noémie joue dans Les trois sœurs, jusqu’au 5 mars au Théâtre du Nouveau Monde, puis en tournée jusqu’au 4 avril (tnm.qc.ca).
Pour plus de détails sur le projet Tire-toi une bûche!, allez au theatredespetitesames.com.

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