Marilou se confie sur son rôle de maman de deux jeunes filles

Marï Photographe

Joël Legendre

2021-09-08T10:00:00Z

En entrant dans le studio photo, j’ai d’abord été ébloui par la magnifique lumière de cette journée. Aussitôt la porte fermée, un retentissant «Allo Joël!» sorti de nulle part m’a presque fait sursauter! Je me suis avancé et j’ai aperçu, derrière un paravent, épaule dénudée et sourire aux lèvres, une jeune femme qui semblait tout à fait en harmonie avec la photographe. C’était Marilou en pleine séance photo!

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Je me suis alors rappelé la dernière fois que je l’avais rencontrée. Elle était encore une toute jeune chanteuse à l’époque. Malgré son immense gentillesse, je l’avais sentie à la fois timide, sensible et fragile. Étant donné son jeune âge, peut-être était-elle un peu dépassée par ce métier qui déséquilibre si souvent les âmes pures. Ce matin-là, je savais bien que je rencontrerais une autre Marilou, mais jamais je ne me serais attendu à ce que me réservait cette jeune femme accomplie et si bien dans sa peau. Rencontre avec une femme assumée.      

Marilou, d’où est venue l’idée de ton émission Trois fois par jour & vous?
C’est un concours de circonstances. Je fais des capsules sur le Web depuis longtemps et ça me plaît bien, car je fais ces capsules à ma manière et je ne prétends pas être une cheffe cuisinière. De plus, je trouve qu’il y a beaucoup d’émissions de cuisine à la télévision, alors je n’ai jamais eu envie d’expérimenter une autre plateforme.

Qu’est-ce qui t’a fait changer ton fusil d’épaule?
Je me suis dit que si je pouvais apporter, à travers la télévision, un côté humain à la cuisine, ça pourrait être intéressant. 

Une forme d’introspection?
Tout à fait! Je suis une fille qui se pose beaucoup de questions. Je suis en plein cheminement pour apprendre à me connaître davantage. Je crois qu’une conversation autour d’une bonne bouffe est propice aux confidences et à la découverte de soi. Je pense que ce qui nous reste d’un repas en bonne compagnie, ce n’est pas le délectable clafoutis aux bleuets, mais plutôt les conversations échangées durant ce repas. Pour moi, la cuisine sert à mettre la table à tout un éventail d’émotions ressenties et partagées.

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Ressens-tu que tu as une certaine notoriété par rapport à ton travail?
Je dirais que oui. Il y a sept ans, lorsque j’ai commencé mon blogue, personne n’y croyait. On me disait: «Tu ne peux pas parler seulement de bouffe et des choses que tu trouves belles dans la vie...» Et pourtant, ça a fonctionné. Alors aujourd’hui, je ressens ce respect. Lorsque Québecor m’a contactée, je me suis sentie prête à écouter sa proposition. 

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Dis-moi si je me trompe, mais je crois t’avoir déjà entendue dire que l’idée derrière ton blogue était justement de ne plus dépendre de gros décideurs?
Tu as tout à fait raison! Mais lors de ma première rencontre avec les gens de Québecor, j’ai ressenti tout de suite un réel accueil et la volonté de me laisser carte blanche pour cette émission de télé. Je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de cette belle occasion qui m’était offerte. De plus, ils ont modelé les horaires autour de ma vie de famille. Quel privilège! J’ai su à l’intérieur de moi que j’allais regretter si je disais non. Et je te confirme que je n’ai aucun problème à dire non dans la vie! 

Quel est le contenu de ton émission?
Chaque épisode tourne autour de différents invités et d’une thématique. On aborde tout ce qui a un impact sur la nourriture: le stress, l’anxiété, l’enfance, etc. J’ai rencontré, entre autres, des neuropsychologues, des nutritionnistes, des pères au foyer, et je me suis rendu compte que nous avons tous les mêmes défis et les mêmes tabous.

Comme quoi?
Combien de fois, comme parent, a-t-on l’impression de ne pas être adéquat par rapport aux repas qu’on prépare à la maison? Quoi faire si mon enfant refuse de manger des légumes?

Tu as choisi d’aborder des sujets dont on ne parle pas assez souvent...
Oui. Par exemple, avec Kim Thúy, on a parlé de l’ouverture sur les différences, ce qui nous a amenées à cuisiner des rouleaux impériaux au pâté chinois! (rires)

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Toutes ces discussions se font donc en cuisinant?
Oui. On présente plus de 90 recettes dans cette première saison.      

Quel a été ton défi comme animatrice?
D’aller dans la profondeur. J’avais le réel désir d’aller chercher l’âme de mes invités.

Tu y es arrivée à tous coups?
Non. J’ai senti quelquefois de la résistance chez mes invités, et à d’autres reprises, c’est moi qui avais de la difficulté à aborder un sujet trop intimement lié à ce que j’ai déjà vécu. Mais de ces entretiens sont ressortis de magnifiques bijoux. 

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As-tu un de ces moments privilégiés en tête?
Je pense à Félix-Antoine Tremblay, qui a eu des troubles alimentaires et qui raconte que sa propre mère en avait souffert, elle aussi. Petit, il a dû à de nombreuses reprises monter le volume de la télévision pour ne pas l’entendre se faire vomir... Certains se demanderont si de telles révélations ont leur place dans une émission de cuisine, mais moi je sais pertinemment que oui! 

C’est un peu ta mission avec 3 fois par jour, non?
Certainement! Je souhaite transformer pour le mieux la relation que les gens ont avec la bouffe. Je crois qu’avec ce genre de discussions, on peut éclairer les téléspectateurs qui, par exemple, ne vivent pas avec un comportement de trouble alimentaire. J’ai aussi invité un mixologue qui gagne sa vie avec l’alcool, alors que je n’en consomme pas du tout.

Désires-tu faire tomber les tabous?
Je veux qu’on comprenne bien nos différences. J’ai constaté que le point commun entre tous mes invités est la peur extrême du rejet. On craint de ne pas être accepté, aimé ou à la hauteur. On se monte si souvent des scénarios ou encore on se forge une personnalité loin de notre essence première. J’ai voulu mettre la hache là-dedans!

Tu sembles être une fille qui carbure aux projets et aux défis. Qu’as-tu retiré de cette expérience?
J’ai carrément appris un nouveau métier: celui d’animatrice. J’ai réalisé en interviewant mes invités que c’est tout un métier. Ce nouveau rôle m’a beaucoup stressée. J’ai appris ce que c’est que d’être généreux en tant qu’invité; lorsque cette qualité est moins présente chez un invité, l’animateur doit en pédaler un bon coup! Tellement qu’après ce tournage, j’ai tenu à faire une pause.

C’est nouveau, chez toi, cette écoute de toi-même?
Absolument! Depuis huit ans, je n’avais jamais vraiment arrêté. En fait, même si je regarde plus loin, j’ai commencé à travailler à l’âge de 11 ans, et tout s’est enchaîné pour moi sans que j’arrête vraiment. 

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Qu’as-tu fait pendant cette pause?
J’ai passé beaucoup de temps avec mes enfants. À vrai dire, je suis souvent avec Jeanne et Rose, mais là j’étais présente à 100 %. Ma tête était avec elles; je ne pensais pas toujours à mon travail. 

Dirais-tu qu’un certain équilibre se manifeste dans ta vie?
Oui. C’est vraiment ce à quoi j’aspire, mais ce n’est pas facile avec le métier que j’ai choisi. J’ai tout de même réalisé qu’il y a une forme de fuite dans le fait de toujours vouloir être occupé. Mais plus je me guéris de mes blessures, plus j’arrive à faire face à ce vide-là. 

Où en es-tu dans ta relation avec la chanteuse en toi?
Je suis en train de démêler cette partie de ma vie, et ça me fait un bien énorme.

Pourquoi avoir choisi de séparer ces deux carrières plutôt que de les unir?
Je crois que, du moment où tu vis un traumatisme, tu dois prendre le temps qu’il faut pour régler tout ça. 

Et il vient d’où, ce traumatisme?
J’ai commencé beaucoup trop jeune. J’étais une enfant trop fragile émotionnellement pour ce que je devais assumer. Quand j’ai commencé 3 fois par jour, je disais que je ne referais plus jamais de musique. Il y a eu huit ans de chanson, puis huit années consacrées à la bouffe. Là, je sens que je suis prête à réunir les deux.

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Quelle place prend la musique dans ta vie présentement?
Je tripe tellement! J’ai appelé le réalisateur et compositeur Fred St-Gelais pour qu’il m’installe un studio dans ma chambre. Aussitôt que je le peux, je me rends dans un magasin de musique pour m’acheter tantôt une guitare, tantôt un ukulélé. Je n’ai pas besoin de montrer ce que je fais. Quand je mets une vidéo sur les réseaux sociaux, je ne vais même pas lire les commentaires. Pour moi, c’est un désir d’offrir un cadeau.      

As-tu l’impression de guérir une partie de toi en réintégrant la musique dans ta vie?
Totalement! Tout a commencé le jour où j’ai chanté devant ma fille Jeanne et qu’elle m’a dit que je chantais bien. J’ai décidé que j’allais affronter cette boule que j’avais dans la gorge pour que mes enfants me voient totalement heureuse. Maintenant que cette boule est partie, il me reste le public à apprivoiser de nouveau. Mais je ne me mets aucune pression. Cependant, j’aimerais bien faire totalement la paix avec la chanteuse en moi.

Et si on parlait de la maman que tu es... Comment te qualifies-tu?
J’ai commencé par être une mère extrêmement couveuse et trop intense, puis je suis devenue une maman plus en paix avec elle-même. Avant, je mesurais mes qualités de mère à partir des réactions et des agissements de mes enfants. Mais le jour où Rose est arrivée, le fait d’en avoir deux m’a imposé un relâchement. Quand mes deux filles pleuraient en même temps, je n’avais pas le choix d’en consoler une à la fois et de constater que l’autre n’en mourait pas.

Qu’as-tu choisi de faire concrètement?
J’ai décidé de mettre mes limites et d’imposer un cadre à mes enfants. Je deviens femme sur tous les plans. Je m’assume et je veux que mes filles voient cette facette de leur mère. Je me permets maintenant d’être plus autoritaire, même si, au départ, c’était plutôt de la douceur que je voulais constamment leur donner. Je crois que je ne m’assumais pas totalement comme mère. Mais là, je m’assume!

J’ai l’impression que tu vivais le complexe de l’imposteur dans tous les aspects de ta vie...
Tout à fait! Et tout ça est en train de se guérir. Ça part probablement du fait que je n’ai pas mon diplôme d’études secondaires. J’ai longtemps cru que je n’avais aucune intelligence, donc je me suis toujours sentie comme un imposteur partout!

Le succès que tu connais n’a pas fait disparaître cette honte?
Le succès matériel ne guérit pas grand-chose. Mais le travail personnel et spirituel que j’ai entamé il y a quelques années fait son œuvre de plus en plus. C’est drôle, parce que beaucoup de gens rêvent d’avoir du succès pour donner un sens à leur vie, mais moi qui ai connu le succès jeune, j’ai toujours senti qu’il me manquait quelque chose de fondamental.

C’est un héritage magnifique que tu transmets probablement à tes filles...
Je veux que Jeanne et Rose se valorisent par rapport à ce qu’elles sont et non par rapport à ce qu’elles auront. Je veux avant tout leur transmettre la liberté que j’ai choisi d’avoir en créant mon entreprise. J’en ai eu assez d’être une artiste à la merci des autres. Il y a plein d’aspects que je n’aime pas nécessairement dans le fait d’avoir une compagnie, mais la liberté que cette dernière m’apporte est plus forte que tous les ennuis réunis. Je veux que mes filles se sentent libres elles aussi! 

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À 13 h pile, Marilou était attendue pour un autre rendez-vous. Je l’ai vue se préparer en vitesse à quitter le studio. Elle a tout de même pris le temps de s’informer de mes enfants et de remercier toute l’équipe de mise en beauté. J’ai regardé cette femme devant moi et j’ai reconnu cette fragilité qui m’avait intrigué lors de notre première rencontre. Mais n’est-ce pas dans la vulnérabilité qu’on puise notre plus grande force? Tu es une source incroyable d’inspiration, Marilou. Bonne route!      

Trois fois par jour & vous, trois fois par semaine, du lundi au mercredi, à 18 h 30, à Zeste.
Voyez un épisode en rediffusion, le
samedi 10 h, dès le 11 septembre, à TVA.
Pour en savoir plus sur son blogue et ses produits, rendez-vous à
troisfoisparjour.com.

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