Survivante de trois cancers, Lulu Hughes se confie sur son retour à la musique

Photo : SEBASTIEN SAUVAGE / TVA

Michèle Lemieux

2022-11-01T11:00:00Z

À 55 ans et malgré trois cancers, Lulu Hughes n’a rien perdu de sa fougue légendaire. Après 12 ans d’absence sur disque, l’auteure-compositrice-interprète revient en force avec un album très personnel dans lequel, entre autres, elle rend hommage à sa mère, qui l’a beaucoup inspirée dans sa vie. Sereine, Lulu a accepté de nous donner des nouvelles de sa santé, qui va admirablement bien. De toute évidence, le pire est derrière elle...

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Lulu, vous allez lancer un nouvel album. Cela faisait 12 années d’absence sur disque...

Oui, mon dernier album est sorti en 2010. J’étais en Allemagne à l’époque. Quand je suis revenue à Montréal en 2014, je faisais une grosse dépression. Puis, en 2016, je suis tombée malade. J’ai eu trois cancers les uns à la suite des autres. Puis, il y a eu la covid... Tout ça explique que le temps a passé. Et j’avais peur de présenter un nouvel album. Je me suis demandé si j’avais encore ma place. Pour une femme de 55 ans, sortir un disque, c’est plutôt audacieux. 

Que nous proposez-vous dans ce nouvel opus qui comporte 10 pièces?

C’est mon album le plus personnel. Dans les précédents, j’avais beau composer et écrire des chansons,
je parlais rarement de moi. Cette fois-ci, je n’ai fait que ça! J’avais beaucoup de choses à dire! (rires) Je suis moins pudique qu’avant. Je suis contente d’avoir encore ma voix. J’y ai toujours fait attention: je ne fume pas, je n’ai pas de problème de consommation, je ne prends pas de drogues, mais la chimio peut éventuellement affecter la voix. 

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Cela a-t-il eu finalement un impact?

Ça a changé ma voix pendant un moment, mais elle est revenue à la normale. C’est comme mes cheveux: j’ai retrouvé ma crinière. La chanson Built Near the Water, qui est aussi le titre de l’album, fait référence au passé. J’explique pourquoi je suis partie. Je pensais que ça réglerait mes problèmes et la peine que je vivais. Finalement, la vie finit toujours par nous rattraper...

Photo : SEBASTIEN SAUVAGE / TVA
Photo : SEBASTIEN SAUVAGE / TVA

À quoi cette expression fait-elle précisément référence?

C’est une expression que mon ex-mari m’avait dite parce qu’il trouvait que j’étais très émotive et que je pleurais beaucoup. J’ai trouvé que c’était une très belle phrase et je l’ai gardée en mémoire. Les autres chansons évoquent le moment présent, le fait de vieillir. Je suis dans la cinquantaine, mais je n’ai jamais été aussi bien dans ma peau et heureuse dans la vie! Je suis en paix avec moi-même. C’est de ça que j’avais envie de parler. Les cancers que j’ai traversés m’ont appris que rien ne dure.
Il y a beaucoup d’espoir dans cet album. Même si je vois encore le mauvais dans la vie, j’ai choisi de
me concentrer sur le bon. Être en vie, c’est déjà quelque chose de formidable.

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Votre historique de santé vous a-t-il amenée à apprécier encore plus la vie?

Oui, car vivre est un privilège. Demain, tout peut s’arrêter. Je peux sortir d’ici et me faire frapper par une voiture. Mais je n’ai pas l’impression que je vais mourir jeune. Je crois que je vais être ici pour un bon bout encore. Je veux vivre de beaux moments. Je n’ai pas peur de mourir, mais je n’ai pas envie de mourir. Je veux faire encore plein de choses. Ceux qui ont peur de mourir ont généralement peur de vivre...

Vous parlez aussi de votre mère sur cet album...

C’était une femme extraordinaire! Comme bien des enfants, j’ai sûrement été ingrate envers elle sans le vouloir. Elle m’a souvent tapé sur les nerfs, mais j’ai toujours su qu’elle était une femme peu banale. Dans les mois qui ont précédé son décès, elle était très malade, mais elle demeurait sereine. Elle a été un bel exemple pour moi. Elle a passé les dernières années de sa vie à penser que je ne l’aimais pas. Si j’ai un seul regret, c’est celui de ne pas avoir su lui montrer à quel point elle comptait pour moi. C’est fini, elle n’est plus là. Alors, tout ce que je peux faire, c’est écrire des chansons là-dessus. Je crois que l’âme survit; je sais que ce que j’écris se rend à elle. Chaque fois que j’interprète des chansons pour ma mère, je souhaite que ça lui montre combien je l’ai aimée et combien je l’aime encore. Je m’ennuie d’elle. Elle me manque terriblement. À sa mort, j’ai réalisé que, malgré toutes les formes d’amour qu’on peut vivre, il n’y a qu’une seule personne qui nous aime inconditionnellement: notre mère.

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Parlez-nous de la chanson que vous lui dédiez...

 Quand elle est décédée, j’avais 49 ans; j’en ai maintenant 55. Le jour où elle est partie, j’ai pleuré dans ma voiture. Je me demandais qui allait m’aimer comme elle m’aimait. C’est ce qui a donné naissance à la chanson Who’s Gonna Love Me?. Le fait d’avoir un enfant m’a permis de comprendre ma mère. Je n’ai qu’une fille et je trouve ça difficile. Ma mère a perdu son mari à 27 ans. Elle avait cinq enfants et elle en a élevé deux qui n’étaient pas à elle. J’avais trois ans quand mon père est mort. Elle a survécu à tout cela! Elle a fait du mieux qu’elle pouvait. Elle avait manqué d’amour, mais elle aimait beaucoup. Si je peux être le tiers de ce qu’elle a été, le jour de mon départ, je serai très sereine aussi! 

Quel legs vous a-t-elle laissé?

Avec ma mère, j’ai appris à me battre. Elle était toujours au combat. Par mimétisme, j’ai fait comme elle, même si ce n’était pas dans ma nature d’être une personne vindicative. Il a fallu que je sois malade pour laisser derrière moi cette manière d’être. Mais la force qui m’habite me vient d’elle. Un jour, j’ai entendu ma fille, Mélodie, qui a 12 ans, dire: «Ma mère est très courageuse.» Ça m’avait beaucoup touchée. Elle a une grande maturité émotive et sociale. De mon côté, je me disais que la maladie, ça allait finir par finir, que ce n’était pas permanent. Mélodie, pour sa part, a vu mourir ma mère. Elle pensait qu’elle perdrait elle aussi sa mère. En dépit de la maladie, j’ai fait en sorte de préserver son enfance. Je me suis organisée pour qu’elle n’ait pas à s’occuper de moi.

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Photo : Eric Myre / TVA Publica
Photo : Eric Myre / TVA Publica

Comment va votre santé actuellement?

Je vais très bien. Concernant le cancer du sein que j’ai eu, je suis en rémission, car ça fait plus de cinq ans. J’ai eu un cancer de l’utérus avec une récidive. Dans trois ans, je serai en rémission de ce cancer. Je suis en pleine forme! Pendant la pandémie, j’ai pris quelques livres. Depuis, je n’ai pas maigri, mais franchement, I really don’t care! Je suis relaxe et sereine.

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L’album Built Near the Water est offert exclusivement sur le site luluhughes.ca. On suit les projets de Lulu sur ses réseaux sociaux.

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