Mariana Mazza témoigne du choc qu’elle a vécu lors de son entrée dans la trentaine

Photo : Bruno Petrozza

Patrick Delisle-Crevier

2020-10-26T13:00:00Z

Il y a quelques mois, Mariana Mazza faisait une première véritable incursion au cinéma en présentant le film Femme ta gueule, une transposition au grand écran de son premier spectacle solo. Durant le confinement, elle a ressorti de ses tiroirs un projet de film qui a pour titre Maria, qu’elle tournera sous peu. Elle nous parle de ce nouveau défi ainsi que de sa vie de trentenaire, avec tout ce que ça implique!

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Mariana, comment est née l'idée du film Maria?
Je discutais avec mon amie Justine Philie et, à un moment donné, nous nous sommes mises à parler des gens de notre génération, qui ne se refusent jamais rien. Justine m’a alors mentionné qu’elle avait lu une nouvelle, où des parents poursuivaient des professeurs qui avaient confisqué le téléphone cellulaire de leurs enfants. Nous nous sommes dit: «Ça y est, on est rendus là: il n’y a plus de respect pour l’autorité!» Je me suis demandé ce que je ferais si j’étais prof, et paf! l’idée du film était née! Le film racontera l’histoire d’une fille dans la trentaine qui ne fait pas grand-chose de sa vie. Sa mère est grandement malade et, avant de mourir, elle demande à sa fille de faire quelque chose d’utile de sa vie. Comme il y a pénurie de professeurs dans les écoles, elle s’engage dans cette voie. 

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Tu joueras toi-même le rôle de Maria?
Oui. Cette femme va vite se rendre compte qu’être prof, ce n’est pas seulement une question d’apprentissage. Ça implique de gérer un paquet d’autres problèmes, comme le racisme, la grossophobie et l’homophobie, et aussi ceux qui se déroulent à l’extérieur de l’école. Rien ne sera simple! 

Si tu étais professeure, comment serais-tu?
Je ne sais pas trop... J’ai l’impression que c’est le métier le plus difficile du monde! Être professeur, c’est une question de passion: tu dois l’avoir et être capable de la transmettre aux étudiants. Tu dois parvenir à leur donner le goût d’apprendre la matière que tu enseignes. Donc, c’est trop difficile pour moi de savoir comment je serais comme professeure. Mais je peux quand même dire que je serais du genre qui ne se contenterait pas d’axer ses cours uniquement sur la matière; je parlerais aussi de la vie.

Tu vas incarner Maria, qui sera ton premier rôle principal au cinéma. As-tu le vertige à l’idée de relever un tel défi?
Quand j’ai écrit le scénario du film avec Justine, ç’a vite été clair que je jouerais le rôle de Maria. C’est certain que, plus le tournage approche, plus ça me fait peur. Il y a beaucoup de texte à apprendre; tout ça est un peu nouveau pour moi. Il y a 98 scènes dans le film, et je ne suis pas dans deux d’entre elles seulement... Je dois apprendre à être une actrice; ce n’est pas un métier facile. Je dois aussi retenir un peu l’humoriste en moi pour qu’elle ne prenne pas trop le dessus sur l’actrice. Je travaille fort pour être à la hauteur, mais je me donne droit à l’erreur. 

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Est-ce que Maria est un personnage qui te ressemble?
Non, mais je ne joue pas non plus une personne qui est très loin de moi. Ce n’est pas un personnage de composition comme le serait celui d’une infirmière qui travaillerait sur le terrain, en pleine guerre, dans un film d’époque. L’intrigue de Maria se passe en 2020, dans une société semblable à celle dans laquelle j’habite. Ce sera du travail et il faudra trouver le bon dosage. Je suis des cours de jeu et je le fais aussi pour m’amuser.

Était-ce volontaire pour toi d’explorer le métier d’actrice?
Pas du tout. Je ne suis pas une fille qui a un plan de carrière. Mais à cause de la pandémie, mon agenda s’est complètement vidé. En fait, la première de mon spectacle Impolie devait avoir lieu ce soir. Je devais ensuite partir en tournée. Ce n’est finalement pas ça du tout. Quand je regarde la situation actuelle, je me dis que la scène va probablement être la dernière chose qui va rouvrir. Je me suis donc retrouvée avec du temps. Et, comme nous tournons le film en moins de deux semaines, je me suis lancée. Mais devenir une actrice n’était pas un objectif. Je n’étais pas sûre du tout d’arriver à trouver du financement pour le film, et je n’étais pas plus certaine que le monde allait aimer le scénario. Je suis confiante sur scène, mais pas par rapport au cinéma.

Tu tournes dans quelques jours. Comment te sens-tu?
Je ne me sens pas bien du tout. Je n’ai pas dormi cette nuit, je me sens malade et pas concentrée. Porter un tel film sur mes épaules, ça me rend nerveuse: c’est un gros défi. De plus, je me sens un peu coupable d’être aussi gâtée et de tourner un film, pendant que tant d’amis n’ont pas de job ou que d’autres amis chanteurs ou acteurs doivent occuper des emplois qui les éloignent de ce qui les passionne, parce qu’ils n’ont pas
le choix. Pour revenir au film, j’ai une seule certitude: c’est qu’il va être drôle. Et je suis bien entourée: je vais jouer aux côtés de gens que j’aime beaucoup, comme Korine Côté, Yves Jacques et Florence Longpré. Donc, ça va bien aller.

Comment as-tu vécu les derniers mois?
Quand même bien. Ce que j’ai trouvé le plus difficile, ç’a été de voir des gens autour de moi être affectés par la pandémie; certains avaient des membres de leur famille qui étaient malades. Et le fait de ne pas pouvoir voir mon monde a aussi été très difficile.

Ta tournée Impolie est reportée à une date indéterminée. Est-ce que l’idée de ne pas savoir quand tu pourras à nouveau faire de la scène t’angoisse?
Pas tant que ça, parce que ça me permet d’entreprendre d’autres projets. Ce sera aussi la première fois que je prendrai le temps de ne faire qu’une seule chose à la fois. Mais je sais que tout va revenir éventuellement.

Comment as-tu accueilli les annonces touchant la culture dernièrement?
C’est difficile de comprendre tout ça. Je trouve ça triste pour les propriétaires de salles de spectacles et de cinéma, parce que les gens faisaient attention. Ils avaient pris les bonnes mesures. Ils ont dû se casser la tête pour faire des horaires, des plans de salles, créer de nouvelles façons de procéder, tout ça pour ensuite passer au couperet à la suite des décisions prises par le gouvernement. Nous sommes un petit milieu, nous ne brassons pas des millions comme Broadway à New York. Parfois, nos petites salles en arrachent même quand il n’y a pas de pandémie, alors c’est encore plus difficile pour eux présentement, et ce le sera tout autant pour eux quand viendra le temps de se relever après tout ça. J’essaie de me dire que tout ce qui se passe, c’est pour le mieux, mais j’ai beaucoup de difficulté à y croire.      

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza


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Tu as eu 30 ans cet été. Qu’est-ce que ça représente pour toi?
Je vis vraiment ça plus difficilement que je le croyais. Au départ, je voyais ça comme un chiffre. Mais finalement, avoir 30 ans, ç’a été un petit choc. Il y a plein de changements qui se produisent: je n’ai plus la même énergie ni la même tolérance, je prends du poids plus vite et je m’endors plus facilement. Mais, en même temps, j’ai l’impression que je vais vivre une belle année. Je compte bien profiter de ma trentaine! Je sens aussi que je suis en train de me calmer un peu et que j’ai un meilleur équilibre. 

Si tu pouvais décrire ta vingtaine en quelques mots, qu’est-ce que tu dirais?
Ah! mon Dieu! Je dirais un tourbillon impossible à arrêter, un gros tremblement de terre. Sérieusement, dans ma vingtaine, je pense qu’il n’y a pas eu une seule journée qui a été normale. J’espère juste que ça va se calmer dans ma trentaine. 

Tu es très proche de ta mère. Est-ce difficile de ne pas la voir en raison de la pandémie?
Comme on va tourner une grande partie du film chez ma mère, je vais la voir un peu, mais on va prendre certaines précautions. Quand on se voit, on ne fait pas exprès pour se coller, même si c’est difficile pour moi de ne pas coller ma maman. Elle est venue m’aider à déménager et elle a passé quelques jours à la maison quand c’était permis. Ce qui me manque le plus de la vie d’avant, c’est la légèreté des gens dans la société. Je trouve que le monde a peur, et ça me fait de la peine. C’est difficile d’avoir l’air heureux ces jours-ci. 

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Tu as quitté Montréal... Qu’est-ce qui a motivé cette décision?
Je pense que c’est dû à l’arrivée de la trentaine, à l’envie de calmer un peu mon rythme et d’être moins souvent en ville, parce que j’étais tannée de devoir me chercher un stationnement chaque soir en rentrant chez moi. L’hiver, ça me gossait de devoir sortir pour changer ma voiture de côté. Donc, j’ai eu envie de me payer le luxe de vivre ma vie différemment. De plus, Montréal, actuellement, c’est déprimant et triste. Je ne m’attendais pas à quitter Montréal aussi vite, mais la maison que je voulais s’est présentée; comme j’avais mis un peu d’argent de côté, je me suis lancée dans cette folie. J’aime la vie dans ma nouvelle demeure. Chaque fois que j’entre dans ma maison, je remercie le ciel d’habiter là. Je suis vraiment une nouvelle Mariana Mazza 2.0.! 

Femme ta gueule: Le film est disponible sur Club illico.
La comédie Maria sortira en salle dans les prochains mois.
On retrouve Mariana à titre de collaboratrice à Salut Bonjour et à La Tour, à TVA.
Pour en savoir plus sur l’artiste: marianamazza.com.

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