Un rôle au cinéma qui marque un tournant pour Mariana Mazza
Samuel Pradier
Alors qu’elle poursuit assidument la tournée de son spectacle Impolie, Mariana Mazza est aussi à l’affiche des cinémas dans le film Lignes de fuite, dans lequel elle joue une des trois amies qui se retrouvent après plusieurs années. Ce rôle plutôt dramatique marque un tournant pour la comédienne, puisqu’il lui a permis d’aller puiser dans un autre registre que l’humour.
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Dans Lignes de fuite, Mariana Mazza incarne une experte en finances qui gagne très bien sa vie, amoureuse d’une artiste visuelle anglophone qui connaît également beaucoup de succès avec sa nouvelle exposition. Mais en retrouvant ses vieilles amies du secondaire, les choses ne se passeront pas forcément comme prévu. L’humoriste a accepté la proposition de Catherine Chabot, qui a écrit et coréalisé le film, notamment pour son propos éclairant et réaliste sur les amitiés toxiques. «J’aime le fait qu’on sait que ça va exploser, mais qu’on se demande toujours à quel moment. J’ai beaucoup aimé l’écriture sur la façon dont les amitiés peuvent être négatives, les répliques méchantes entre les filles... Mon personnage, qui est une fille gentille au départ, devient quasiment une méchante à la fin. Il n’y a rien de plus sauvage qu’une femme blessée.»
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Elle-même a vécu plusieurs ruptures amicales douloureuses par le passé, dont une tout récemment. «Quelques semaines après le tournage, j’ai aussi dû renoncer à un trio d’amies. Ça faisait des années qu’on restait amies sous prétexte que ça faisait longtemps qu’on l’était. Le film m’a en quelque sorte donné le courage de faire ce qu’il fallait.»
Elle explique ce cheminement par le fait qu’on change pour le mieux en vieillissant, qu’on assume davantage qui on est, et qu’on devient plus proche de nos émotions et de nos besoins. «Quand j’étais plus jeune, j’avais moins confiance en moi, mais j’étais solide. Je fonçais. Aujourd’hui, je dirais que je suis plus insécure, mais que je suis hyper confiante. Quand quelqu’un me fait une remarque sur mon poids ou que des amis me taquinent, je peux juste dire que je n’ai pas envie d’en parler. On n’a pas forcément envie de porter nos blessures de jeunesse, même si elles restent.»
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Intensité du personnage
Mariana Mazza soutient qu’elle n’aurait pas été prête à jouer un rôle dramatique plus tôt dans sa carrière. «J’avais besoin d’expérience et de me découvrir en tant que femme, d’aller chercher des émotions. Je pense que, pour ce genre de rôle, il faut avoir vécu des choses et pouvoir se mettre dans une zone spéciale, se crinquer à être dans cet état d’esprit. Par exemple, c’est difficile de refaire 50 fois la scène dans laquelle je pleure. Il faut avoir ce vécu. Il faut pouvoir s’imaginer comment on serait si ça nous arrivait ou replonger là-dedans si ça nous est déjà arrivé.»
Elle explique qui si elle est arrivée à pleurer la mort de la mère de son personnage dans son film Maria, c’est parce qu’elle a pu s’imaginer la scène dans la réalité, puisqu’elle commence à voir sa propre mère vieillir. «Mais je n’aurais pas pu le faire à 20 ans, quand elle était en pleine fleur de l’âge.»
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L’importance de l’amour
Heureusement, l’amour est un baume qui aide à avancer dans la vie. «La douceur dans l’amour m’a probablement aidée, que ce soit dans l’amour amical, familial ou en couple. Le calme et le sentiment de ne pas être seule aide beaucoup. Comme mon personnage dans le film, quand on change de comportement dès que quelqu’un d’autre ou un groupe débarque dans notre quotidien, c’est le signe qu’il se passe quelque chose. L’amour ne nous sauve pas, mais il nous fait comprendre à quel point on n’est pas bien ailleurs.»
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L’humour en priorité
Même si chacune de ses apparitions au cinéma a été surprenante et saluée par tout le monde, que ce soit dans De père en flic 2, Bon Cop Bad Cop 2 ou Maria, Mariana Mazza n’a pas autant d’ambition dans ce domaine qu’en humour. «Je ne sais pas si je vais refaire du cinéma. Ça va dépendre si on m’approche pour faire quelque chose qui m’intéresse. Je vais continuer à écrire mes petites affaires pour moi, mais j’ai plus de prétention en humour qu’en cinéma. Je vais attendre qu’on me demande d’auditionner, mais je n’insisterai pas pour aller en audition pour un rôle particulier. Il faut que quelqu’un ait confiance en moi et qu’il me voie faire tel ou tel personnage dans son film. Je ne veux pas m’imposer dans ce milieu. Je pense que mes capacités n’y sont pas aussi optimales qu’en humour.»
Si Mariana dit attendre qu’on l’approche pour d’autres projets, elle n’a cependant aucune attente particulière. «Mais je dois dire que j’ai adoré le tournage de Lignes de fuite. J’ai même préféré jouer ce rôle-là que ceux que j’ai tenus dans des comédies. J’ai de plus en plus envie de mélanger l’humour et le drame, un peu comme avec mon film Maria, qui est aussi touchant sur certains sujets. En cinéma, on apprend constamment. Maintenant que j’ai joué ce rôle, je pourrai éventuellement m’écrire un rôle dramatique.»
Les gens qui ont déjà vu son spectacle Impolie, ou encore ceux qui vont bientôt le découvrir, pourront faire un lien avec son rôle dans le film Lignes de fuite, surtout avec son envie d’être autre chose qu’une usine à gags. La profondeur n’est pas forcément opposée à l’humour. «Dans mon show, il y a des blagues de cul, mais ça va aussi plus loin. Je me montre super vulnérable sur scène. Je raconte des choses que je n’ai jamais dites, même pas à ma famille. J’aime aller taquiner le malaise et l’inconfort, parce que ça nous confronte. Et le fait d’être confrontés nous met dans une belle émotion, je trouve.»
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Chroniqueuse littéraire: une crédibilité qui fait vendre
Mariana Mazza est régulièrement invitée à Bonsoir bonsoir! pour faire une chronique littéraire sur les livres qu’elle a lus et aimés. Une passion cachée qu’elle a dévoilée lors de la première saison de l’émission de Jean-Philippe Wauthier. «À la toute première émission, il y a trois ans, j’intervenais pour le segment Qu’est-ce qu’on fait avant de se coucher? et j’ai proposé un livre. Un ami qui travaille sur l’émission m’a dit que j’avais donné envie de lire ce livre à tout le monde, et je lui ai répondu que je pourrais faire une chronique s’ils le voulaient. Ça s’est passé comme ça.» Mariana reconnaît qu’au départ, les gens étaient surpris, car ils ne savaient pas qu’elle était une grande lectrice depuis toujours. «La première année, les gens pensaient que c’était un gag. La deuxième saison, les gens ont commencé à suivre mes recommandations. Et cette année, je pense que j’ai une véritable crédibilité.» La preuve? Les ventes de livres dont elle parle explosent après chacune de ses chroniques.
► Le film Lignes de fuite est toujours à l’affiche des cinémas et la tournée Impolie se poursuit. Infos: marianamazza.com.
