Nathalie et Ève Simard se confient sur leur complicité à toute épreuve

Photo : Bruno Petrozza
Photo portrait de Louise Deschâtelets

Louise Deschâtelets

2021-09-08T16:12:32Z

Quand on m’a demandé si j’accepterais de faire une entrevue avec Nathalie Simard et sa fille, Ève, j’ai répondu d’un oui spontané. Mais plus la date de l’entrevue approchait, plus le trac me gagnait à la pensée de devoir m’immiscer dans l’intimité d’une femme que j’avais connue alors qu’elle était une enfant vedette qui grandissait avec grâce sous les yeux du public... jusqu’à ce fatidique printemps 2004, le moment où a été rendu public l’abus sexuel que lui faisait subir son impresario depuis plusieurs années. Comment allais-je faire pour aborder cette partie de son passé? Sera-t-il possible de le faire en présence de sa fille sans les heurter toutes les deux? Comment devrai-je m’y prendre pour leur donner envie de se confier à moi?

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Le jour dit de l’entrevue, j’ai décidé de me rendre au studio du photographe avant l’ heure prévue, pour m’imprégner de l’atmosphère qui y régnait et avoir un aperçu du moral des troupes. À peine m’étais-je calée dans le canapé au fond du studio que la luminosité émanant de ces deux blondes qui se ressemblent comme des sœurs m’a frappée. Puis, le «bonjour» cristallin que Nathalie m’a lancé en m’apercevant a fini de me rassurer: j’ai tout de suite su que la paix et la sérénité seraient de la partie pour faire de cette rencontre un moment magique. 

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Nathalie et Ève, ça fait un moment que je vous observe pendant cette séance de photos, et j’ai remarqué qu’il y avait une telle complicité entre vous deux que ça annulait les générations et que vous deveniez comme des sœurs. Est-ce que je me trompe?
Ève:
Tu ne te trompes pas du tout. Je vais même aller plus loin. Ma mère, c’est tout pour moi. Elle est ma mère, ma meilleure amie et ma sœur. On fait tout ensemble. On va magasiner, on mange au resto et on fait des sorties de filles, elle et moi!
Nathalie: Cependant, contrairement à beaucoup d’autres enfants, Ève m’a toujours appelée maman. Pour moi, ce titre-là est important, parce que dans ma vie, il n’y a qu’une personne qui peut m’appeler comme ça, et c’est Ève. Mais en même temps, je confirme qu’elle est aussi ma meilleure amie et ma complice.

Qu’est-ce qui vous a autant rapprochées?
N.:
Notre vie n’a pas toujours été simple. On a traversé des hauts, mais aussi beaucoup de bas. On a rencontré de nombreux écueils. Et en fait, c’est la covid qui nous a permis de mieux nous connaître et de nous apprivoiser. Juste avant l’arrivée du confinement, Lévis, mon chum, et moi, on s’était séparés. Alors nous vivions à deux, Ève et moi. Comme nous étions enfermées ensemble et que nous dormions ensemble avec nos chiens, ça nous a donné l’occasion de faire le point, de nous retrouver, de nous libérer de nos difficultés et de construire ce qu’on vit présentement. Ça m’a permis de reprendre ensuite de façon plus sereine ma relation avec Lévis. Et ça a permis à Ève, de son côté, de reconnaître son amour pour Maxime, avec qui elle vit désormais; elle a même décidé d’arrêter la pilule pour faire un bébé.
È.: À cause de la covid, notre vie d’avant a été mise sur pause. On a donc été obligées de nous regarder telles qu’on était pour pouvoir passer à une autre étape de notre vie.
N.: Je suis tellement fière de ce que ma fille est devenue grâce à l’éducation que je lui ai donnée! On a dépassé l’étape de la maman ours qui protège son enfant, pour en arriver à une relation d’égale à égale, plus équilibrée. Ève est maintenant une femme d’affaires accomplie, capable de mener sa vie à sa façon. Elle excelle dans son entreprise de toilettage d’animaux. Je ne m’en fais plus pour elle, parce que je sais qu’elle est capable, à sa façon, de mener sa vie à bon port. Cette liberté que je lui accorde, elle la mérite.      

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza


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Iriez-vous jusqu’à dire que la covid vous a servi de catalyseur de vie?
N.: Oui, parce que ça a propulsé Ève vers son destin, quand elle s’est rendu compte de l’amour que Maxime avait pour elle. Ça m’a permis de reprendre sur de meilleures bases ma relation avec Lévis, ce qui a donné à Ève la liberté dont elle avait besoin pour sortir du cocon familial et s’épanouir. J’ose avancer que nos deux couples forment un quatuor du tonnerre!

La mère poule ne regrette rien?
N.: Rien du tout, au contraire! Même si Ève a toujours été ma motivation pour vivre et survivre dans les moments difficiles — et encore plus quand le suicide m’effleurait l’esprit! La seule pensée qu’elle avait besoin de moi me ramenait sur terre; elle qui n’avait que moi dans la vie, vu que son père a toujours été absent. Désormais, je sais qu’il y a une autre personne pour elle. Il s’appelle Maxime et il l’aime. Ça m’apaise.

Ève, est-ce que le fait de savoir que ta mère avait besoin de toi à ce point a été difficile à supporter par moments? Surtout que vous en avez traversé des tempêtes, et certaines étaient publiques en plus!
È.: Comme tout le monde le fait en temps de crise, je pense avoir réagi comme il le fallait. Quand j’entrais dans la chambre de ma mère et qu’elle était prostrée dans son lit, les rideaux fermés, je la forçais à se lever et à revenir à la vie. Mon instinct me dictait de faire réagir la personne que j’aime le plus au monde pour la sauver. C’était juste un comportement normal, je crois.
N.: Là où ce n’était pas normal, j’en parle d’ailleurs dans mes conférences, c’est que c’était ma fille qui prenait soin de moi. Comme ma sœur Line qui avait pris soin de moi alors qu’elle n’avait que 12 ans. Heureusement, les choses ont changé, et la mère que je suis désormais a repris sa vie en main. Elle a enlevé ses bras autour des épaules de sa fille pour la laisser libre de vivre sa vie. Cela me permet aussi d’accepter la présence de mon gendre dans sa vie. È.: Mon plus grand bonheur, c’est de voir que ma mère s’est rendue où elle est aujourd’hui. Elle s’assume telle qu’elle est, et ça, ça me donne la liberté de m’assumer moi aussi.
N.: Malgré ça, je me sens intérieurement comme si j’avais quatre ans. Tout me fascine dans l’existence,
et je vis enfin cette enfance qu’on m’avait volée. 

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Je vais dire quelque chose d’effrayant, en espérant ne pas vous choquer l’une et l’autre... Ne pensez-vous pas que c’est souvent après avoir vécu de très grandes douleurs qu’on peut parvenir à vivre de très grands bonheurs?
N.:
Tu ne peux pas dire plus vrai! Si tu n’as pas vécu le pire, tu as souvent bien du mal à reconnaître les vrais bonheurs. Si aujourd’hui je suis en mesure d’évaluer combien ma fille est heureuse, belle et épanouie, c’est très certainement parce qu’on l’a vécu rough pendant tant d’années, elle et moi. Tout ce travail qu’on a fait pour en arriver là, on veut le partager avec les gens pour leur donner de l’espoir.
È.: Je vais faire une analogie. Quand tu sautes dans une piscine, tu dois toucher le fond pour être capable de te donner une poussée pour remonter. Nous, c’est ce qu’on a fait.
N.: Et pas juste une fois à part ça! De fois en fois, on était mieux équipées pour s’en sortir. Comme on dit: «Tant qu’il y a d’la vie, il y a d’l’espoir! Et tant qu’il y a d’l’espoir, il y a d’l’a vie!» 

Photo : Denis Methot
Photo : Denis Methot


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Parmi vos proches, les gens pensaient-ils que vous alliez vous en sortir, aussi bien la mère que la fille?
N.:
Non. La plupart d’entre eux disaient que je surprotégeais ma fille. Mais moi, j’ai toujours su qu’une mère qui avait vécu ce que j’avais vécu enfant se devait de faire le maximum pour protéger sa propre enfant. À mon anniversaire, cet été, mon frère Jean-Roger, de qui je suis très proche, me disait à quel point ma fille me ressemblait au même âge. Ça m’a tellement touchée!      

À vous regarder tous les quatre et à vous entendre (car les deux garçons, Lévis et Maxime, sont là et lancent certains commentaires pendant l’entrevue), j’ai l’impression que vous êtes entrés dans une phase de rédemption où chacun sait désormais quel rôle il joue et comment le jouer dans la pièce de votre vie commune.
N.:
Exact! Et ce qu’on joue, ce n’est que du bonheur!

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza


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Nathalie, comme tu collabores déjà à La Semaine et que tu diriges un autre magazine sur le bien être — dont tu t’apprêtes à lancer le numéro 2 qui aura pour thème Osez devenir qui vous êtes vraiment! —, peut-on en conclure que ta prochaine décennie sera concentrée sur l’écriture?
N.:
Tout à fait! Je dois te dire que je pense souvent à toi quand je réponds aux gens dans ma chronique «Nathalie, votre confidente», à La Semaine. J’adore jouer ce rôle de courroie de transmission pour venir en aide aux gens en leur donnant accès à tout ce dont ils ont besoin pour soigner leur âme et leur corps afin d’évoluer. Je me suis donné ce rôle à travers toutes ces publications et j’en suis fière. 

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Iriez-vous jusqu’à dire toutes les deux que la covid vous a pour ainsi dire permis d’entrer de plain-pied dans vos vies de femmes?
N.: Oui, Ça s’est fait instinctivement. Il y a eu des bouts rough par rapport à ma séparation, mais la covid nous a permis de mieux repartir. Ève m’a permis de mieux traverser ma séparation et, en même temps, on s’est épaulées l’une l’autre pour mieux avancer ensuite.

Et toi, Ève, parle-nous de ton entreprise.
È.:
Après avoir travaillé quelques années pour Mondou, la fibre entrepreneuriale a vibré en moi. Comme mon beau-père me poussait dans cette voie et que j’avais déjà une belle feuille de route en toilettage animalier, j’ai décidé de partir à mon compte. Depuis que j’ai crée mon entreprise, les affaires vont super bien. 

Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere


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Comment vois-tu la suite, Nathalie?
N.: J’aimerais conclure en disant que tous les écrits auxquels je participe donnent un sens à ma vie. C’est un grand accomplissement qui me permet de faire ce qui me passionne: donner des outils aux gens en espérant sincèrement leur venir en aide et apporter un peu de lumière dans leur vie pour qu’ils puissent à leur tour goûter au bonheur que j’ai installé dans la mienne. 

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Le second numéro du magazine Simplement bien avec Nathalie — Osez devenir qui vous êtes vraiment! — sera en kiosque le 16 septembre. Entourée d’experts, Nathalie explore des pistes pour être heureux: trucs de méditation, témoignages sur la résilience et autres conseils pour ramener le bonheur dans sa vie.
Nathalie fait aussi le saut en animation radiophonique dès le 7 septembre. Elle sera à la barre de l’émission quotidienne
Vos midis avec Nathalie, de 11 h 30 à 13 h, sur les ondes du 92,9, la station Country pop.


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