André Robitaille fait de rares confidences sur son couple

Photo : Dominic Gouin

Patrick Delisle-Crevier

2022-07-19T04:00:00Z

C’est au tour d’André Robitaille, l’animateur, comédien et producteur de prendre place dans notre fauteuil multicolore. Il cumule les projets de théâtre pendant la belle saison, mais en tant que producteur et metteur en scène. Il signe la mise en scène des pièces Les voisins et Le dîner de cons qui sont présentées un peu partout au Québec cet été. On a bien sûr discuté de la prochaine saison des Enfants de la télé, mais aussi de sa rupture avec Martine Francke après 30 années de vie commune, de ses enfants, de la nouvelle femme de sa vie, Julie, et aussi de l’avenir, au moment où il souhaite donner plus de place à l’acteur.

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L'instant présent 

André, comment vas-tu en cet été 2022?

Je vais très bien. Je suis en santé, ma gang aussi, et je travaille. Je fais de belles productions et je suis heureux. Cet été, la production théâtrale m’occupe beaucoup puisque la boîte de production Monarque, que j’ai créée avec Mario Provencher, s’occupe de pas moins de quatre pièces de théâtre: Les voisins, Le dîner de cons, Le grand virage et Le curieux destin de Marcel. Dans tout ça, je signe la mise en scène d’Un dîner de cons et des Voisins, et je serai sur scène dans Des cailloux plein les poches dans quelques mois. J’ai aussi Les enfants de la télé qui reviendra en ondes cet automne. J’ai donc un bel été en perspective!

Photo : Dominic Gouin
Photo : Dominic Gouin

On te voit de plus en plus faire de la production et travailler dans l’ombre. Est-ce volontaire?

Oui, car j’adore ça! J’aime m’impliquer dans la production et prendre parfois une pause de la scène. J’aime le travail avec les acteurs et engager des comédiens de talent pour mener à terme une production. Cette saison, je gère une centaine de personnes qui sont de grands acteurs, je voulais donc être prêt. Ce travail de production est immense; ça apporte une petite pression. Mais j’adore faire ça! Je connais les pièces par cœur et les individus aussi. Je sais où je m’en vais et je travaille avec des gens et des concepteurs incroyables! 

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Cet automne, tu animeras Les enfants de la télé pour une neuvième saison et tu auras une nouvelle coanimatrice. Est-ce que d’autres changements seront apportés à l’émission?

Oui. Il y aura un nouveau décor. C’est très beau! Et même si l’émission existe depuis 13 ans, ce n’est pas un vieux show de télé. Ce sera vraiment au goût du jour. Mélanie Maynard sera à mes côtés en remplacement d’Édith Cochrane. On a fait quatre émissions ensemble à ce jour, et c’est super cool et facile de travailler avec elle. Cette fille-là est drôle. Avec Édith, c’était super facile et le fun aussi. Quand elle m’a dit qu’elle quittait l’émission, ce fut un choc pour moi! C’était comme un couple qui se brise. Mais je comprenais son choix. Et quand j’ai su que c’était Mélanie Maynard qui la remplaçait, j’ai été rassuré. 

As-tu pensé à quitter l’émission?

Jamais! Je suis bien dans cette émission. Le concept est solide, et je me sens à ma place. J’ai fait beaucoup de télévision dans ma vie et j’ai eu une carrière qui a ratissé très large, allant du human au niaisage, en passant par la jeunesse. J’ai fait de la fiction, des téléséries, des téléromans... J’ai été à toutes les stations et ça fait 30 ans que je fais ce métier. Je connais donc les gens: qu’il y ait un politicien, un humoriste ou une chanteuse à l’émission, je suis la plupart du temps en terrain connu lorsque chacun arrive sur notre plateau. Comme ma palette est large, ça me rend pertinent dans cette chaise-là. Et j’ai du fun à faire ça. Ça me passionne d’animer Les enfants de la télé

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L’animation prend beaucoup de place depuis plusieurs années... Était-ce dans ton plan de carrière?

Je suis sorti de l’École nationale de théâtre en 1989 et, dans ma tête, je voulais jouer au théâtre. Très rapidement, j’ai embarqué dans l’émission 100 limite. Je touchais donc déjà un peu aux variétés, et ça m’a éloigné tranquillement de la fiction. Je n’ai pas vu venir ça, mais j’ai adoré faire Les Bleu Poudre. Il y a eu ensuite Vazimolo, puis Les Mordus... J’alterne donc les mandats entre le jeu, le variété et l’animation depuis 30 ans. Je faisais Les Bleu Poudre tout en jouant un Shakespeare au TNM. J’aime ça comme ça. Je me sens privilégié de pouvoir mener une telle carrière. L’acteur est toujours vivant, même si l’animateur est beaucoup plus visible. 

Photo : Dominic Gouin
Photo : Dominic Gouin

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Est-ce que l’acteur en toi est rassasié?

Non, j’aimerais jouer plus, mais je me dis que j’ai encore le temps. J’aimerais avoir une carrière un peu comme celle de Janine Sutto, dans la longévité. J’imagine que ce sont les lois du marché qui vont un jour pousser l’animateur vers la sortie. Mais je suis encore heureux d’animer des émissions, surtout qu’on me propose toujours de beaux projets. Je compte rester tant que les projets seront intéressants et que le public voudra de moi. Quant à l’acteur, je pense qu’il peut bien vieillir. J’aimerais jouer un grand rôle dans une série ou un truc du genre. J’ai envie de mener de plus en plus mon bateau vers ça. 

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Mais fais-tu de la place pour ça?

Oui, j’en fais de plus en plus, et le téléphone sonne. J’ai des petits projets qui arrivent ici et là. J’ai un rôle dans la série Pour toi Flora, une magnifique série au sujet sérieux, délicat et lourd. Je suis content et fier d’en faire partie. Je joue le père Bédard, un prêtre responsable d’un pensionnat. C’est un homme de foi et d’affaires qui tente de sauver son pensionnat, quitte à pousser certaines choses sous le tapis. J’espère que les gens vont détester ce personnage. Ce fut un beau défi de jouer ça parce que mon personnage était très présent et surtout parce qu’il avait beaucoup de texte à dire en anichinabé. J’ai dû travailler cela syllabe par syllabe. Je voulais vraiment que ce soit crédible; et c’est délicat de jouer le méchant parce qu’il faut nuancer. 

As-tu peur parfois que l’animateur fasse oublier le comédien?

Peur, non, mais c’est tout de même une préoccupation pour moi. L’animation me rend heureux dans ma vie et dans mon portefeuille. Mais artistiquement, j’ai besoin de jouer. Je suis rendu à une étape dans ma vie où je peux choisir, et présentement, je fais le pari d’essayer de jouer plus. C’est certain que j’ai la crainte de voir le comédien être happé par l’animateur. Heureusement, je joue dans une pièce de théâtre au moins une fois par année, et les gens qui vont au théâtre savent que je suis encore comédien. 

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Parle-moi de tes grands entretiens avec des gens tels que Janine Sutto, Béatrice Picard, Dominique Michel et Jean-Pierre Ferland?

J’adore faire ça! Le concept est né à la suite d’un appel de Janine Sutto qui avait envie de parler. J’ai alors eu l’impression que c’était son chant du cygne, qu’elle voulait dire des choses avant de partir. Ce fut un moment privilégié avec mon amie Janine qui, au départ, souhaitait faire un livre. Ensuite, j’ai eu envie d’en faire d’autres parce que ce sont de belles pages d’histoire et des moments privilégiés passés avec des grands. J’aimerais en faire plus. Il y a des gens avec qui je voulais le faire, mais qui sont partis trop vite, comme Andrée Lachapelle. Je ferais avec joie une grande entrevue comme ça de façon hebdomadaire. Je reste inspiré par l’envie de Janine de déposer un document que les jeunes pourront voir et où ils apprendront des choses sur le métier. J’aimerais aussi un jour faire une série d’entrevues, mais sur le vrai monde: des gens pas connus qui ont des histoires exceptionnelles.

Photo : Dominic Gouin
Photo : Dominic Gouin

Regard sur le passé

Tu comptes 30 années de carrière... Quel bilan en traces-tu?

Quand j’y pense, je suis fier de continuer à faire ce métier et de continuer à jouer. Je suis fier aussi d’avoir su souvent inventer des projets qui m’ont amené à travailler, même si des fois je suis fatigué de ça. Quand je joue un rôle, comme dans Pour toi Flora, c’est fantastique parce que ce n’est pas moi qui écris et qui produis, et je peux me consacrer à mon métier d’acteur. Mais quand je joue au théâtre dans un spectacle que je produis, et que j’en signe la mise en scène et que je dois gérer la vente de billets... Après 30 ans de carrière, c’est fatigant. D’où l’envie d’être invité à jouer dans des affaires. Mais ma carrière ne ressemble pas exactement à ce à quoi je m’attendais. Je ne pensais pas faire autant d’animation, même si j’ai toujours été l’animateur de service dans les camps de vacances et les soirées dans mon village. Je pense que c’était naturel pour moi. 

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Parlons du comédien... Est-ce qu’il y a un rôle dont tu es particulièrement fier ou est-ce que tu attends toujours ce rôle?

La réponse facile serait de dire que mon personnage dans Pour toi Flora est un rôle dont je suis fier. J’ai aussi adoré jouer l’amoureux André Chartier dans 30 vies. J’ai aimé ce personnage et j’aimais le rythme rapide de cette émission. Mariloup Wolfe, avec qui je jouais, était la meilleure compagne que je pouvais avoir pour jouer ce rôle. Je suis fier du parcours de ce personnage qui n’était pas le plus gentil des gentils. J’ai aussi beaucoup aimé jouer dans la série Hommes en quarantaine

Dis-moi, André, cette envie de faire ce métier, d’où remonte-t-elle?

À mon enfance. C’est le cliché du petit gars de cinq ans qui faisait des sketchs. Je ne verbalisais pas mon envie de devenir comédien, je le faisais tout simplement. J’aimais faire mes petits numéros: j’imitais Raymond Lévesque, je dansais du charleston et, vers l’âge de 10 ans, je faisais des monologues que j’écrivais moi-même. Tout ça s’explique parce que je venais de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier (Sainte-Catherine-de-Portneuf à l’époque) où il y avait 3000 habitants. Tout était à faire du côté des loisirs et de la culture, et j’étais très dynamique là-dedans. Comme mon père travaillait à l’église, j’avais accès aux locaux et au sous-sol. J’y ai donc amorcé des projets de théâtre. J’ai déjà voulu être prof d’école, mais le métier de comédien a pris le dessus. Mais je me reprends aujourd’hui, car j’enseigne à l’École nationale de l’humour, ce qui me réjouit! 

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À 58 ans, as-tu la vie que tu voulais?

Je n’ai jamais pensé à la vie que je voulais, mais je constate que la vie va vite. Mon père est décédé il y a une quinzaine d’années; nous étions très complices. C’est un deuil qui est encore très présent. Quand j’étais enfant et adolescent, j’avais l’impression que mon père était vieux. Pourtant, il y a la même différence d’âge entre lui et moi qu’entre moi et ma fille. J’ai presque 60 ans, mais je me garde en forme — je joue au hockey deux fois par semaine et au tennis — et je ne me sens pas vieux. Mon corps, ma tête et mon cœur vont bien. Mais quand mon grand ami Jean-Marc Vallée est décédé, ç’a été un gros choc, car il avait le même âge que moi. C’est un deuil très dur qui me remue. Cette mort, c’est un coup sur la gueule, parce que ce n’est pas une affaire d’âge. Ça fait réfléchir et ça me donne envie de mettre le pied au fond, de mordre dans tout ce qui m’arrive et de prendre soin de ma gang. 

Parle-moi de tes deux enfants, David et Lili...

Mon fils a 27 ans, il a sa maison de productions, Casadel films, et ça explose de partout pour lui et ses associés. Il est le meilleur coordonnateur au monde. Ils font du documentaire, de la fiction et de la pub, et ça marche très bien. Il a mis la musique de côté; ça me déçoit parce que c’est un bon musicien. Mais il est sur son X, il tripe fort, il est en amour avec sa blonde et il est heureux. Mon fils est le meilleur des fils, il est magnifique! C’est un bel être humain. Ma fille, Lili, est elle aussi fantastique! Elle a 19 ans et elle vient de terminer ses études collégiales. Là, elle part en voyage avec sa grande amie. Elle veut faire ce métier et elle joue beaucoup ces temps-ci. Elle a joué, entre autres, dans District 31 et elle tourne dans plusieurs projets cet été. Elle a le vent dans les voiles. Elle tient de sa mère, Martine Francke, qui est une grande actrice. 

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Tu as été avec leur maman, Martine Francke, pendant 30 ans. Comment as-tu vécu cette rupture?

Ce fut difficile. Je nous voyais inséparables, comme Pierre Curzi et Marie Tifo. (rires) Cette rupture s’est vécue avec des douleurs et des difficultés, mais aussi avec de la franchise et de l’honnêteté. 

Est-ce que tu as vu la fin de cette relation comme un échec?

On dirait que j’ai le goût de dire non... C’est plus une suite, un chemin différent que l’on prend. Nous sommes encore très proches, elle et moi. On s’est parlé encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs son anniversaire. Elle est une femme importante dans mon cheminement. C’est certain que ça n’a pas été le plus beau party du monde que de traverser cette tempête-là, mais nous l’avons fait avec beaucoup de respect et de bienveillance, en donnant la priorité à nos enfants. L’aspect technique qui vient avec tout ça est lourd aussi: l’argent, les clés de maison, les horaires, le chien. Avec le temps, ça devient anecdotique, mais il faut le vivre. Il y a beaucoup de respect, de complicité et d’amitié là-dedans. 

Tu es de nouveau en amour. Y croyais-tu encore?

Oui, j’y croyais encore. J’ai rencontré Julie (Boisvert) sur le plateau d’Entrée principale. Elle travaillait en contenu. Nous nous connaissions depuis un bout déjà, et finalement l’amour a frappé. Ça fait presque cinq ans que nous sommes ensemble. Ma blonde est une fille de contenu. Elle a travaillé sur l’émission 100 génies, elle est une des conceptrices du film Seuls et elle est en train de démarrer une émission de science qui sera un genre de Découvertes, mais pour les jeunes. Ma blonde est une femme merveilleuse, elle a des enfants merveilleux, et nous formons une belle grande famille ensemble. Tout se place! Cette femme est une belle grande chose qui est arrivée dans ma vie. Et je dis ça sans vouloir ternir quoi que ce soit de ce qui a précédé. Ce n’est pas de quitter quelque chose pour aller ailleurs. C’est de quitter quelque chose qui ne te comble plus pour que l’ailleurs s’ouvre.

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Photo : Dominic Gouin
Photo : Dominic Gouin

Droit devant

Pour la suite des choses, dans quoi as-tu le plus envie de mordre?

Je m’occupe de moi, mais j’ai vraiment envie de m’occuper du monde autour de moi. Je suis très soucieux du bien-être de mes enfants, de ma blonde, des enfants de ma blonde, de ma mère, de ma sœur et de mon frère. J’ai une belle grande famille, ma tablée est belle, et ça me rend heureux. J’ai cinq enfants à table — les miens et ceux de ma blonde —, et ils s’entendent super bien. C’est juste magnifique! Ils sont complices entre eux. Cette vie de famille, cette vie de folie me comble. J’aime voir ma gang au chalet, et c’est là-dedans que j’ai le plus envie de croquer en ce moment. 

Comment vois-tu les prochaines années de ta vie?

Je veux continuer de jouer, je veux aussi continuer de faire beaucoup de voyages. J’ai beaucoup voyagé avec mes deux enfants et, même si ceux-ci ont désormais l’âge de voyager avec leurs conjoints, on s’est promis de continuer de faire des voyages ensemble. On a, entre autres, fait un beau voyage safari en Afrique. J’ai envie de voyager et j’ai envie de me prendre des plages de vacances plus longues quand c’est possible. Je veux prendre le temps. Je suis bien aussi où je suis stationné, dans ma vie urbaine à Montréal et dans ma maison à la campagne. Cet endroit est mon repère; je sors mes outils et je m’amuse. J’aime prendre soin de ma place, accueillir des gens. Je suis aussi fier des projets de théâtre que nous mettons en place.  

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Pour plus d’informations sur les pièces de théâtre de Monarque Productions: monarqueproductions.com.
Les enfants de la télé sera présentée cet automne à Radio-Canada.
Pour toi Flora est disponible sur Tou.tv Extra.

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