Des adieux touchants à Renée Martel

Isabelle Clément

Victor-Léon Cardinal

2022-04-02T13:00:00Z

C'est le samedi 26 mars qu'ont eu lieu les funérailles de Renée Martel. Un millier d'admirateurs et des amis artistes s'étaient déplacés à la Basilique Saint-Frédéric, à Drummondville, pour rendre un tout dernier hommage à la reine du country. Voici un résumé de cette matinée marquée par la tristesse.

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Un vent d’hiver soufflait ce matin-là sur la basilique Saint-Frédéric. On entendait le cri des bernaches dans le ciel, seul signe annonciateur du printemps. Alors que le calme planait sur le centre de Drummondville, un corbillard, fendant le vent, est venu se stationner devant l’immense basilique de couleur ocre. De ce véhicule sont sortis en silence sept hommes vêtus de noir, portant un grand cercueil en acajou orné de fleurs blanches. À 10 h pile, le cortège a commencé à monter les marches tandis que sonnaient avec puissance les cloches de cette basilique où, 74 ans plus tôt, Renée Martel avait été baptisée. L’endroit même où elle avait célébré les funérailles de ses parents, Marcel Martel et Noëlla Therrien, en 1999 et en 2015. 

Les portes se sont ouvertes devant les porteurs, nous laissant entrevoir au fond du bâtiment religieux un écran géant sur lequel était projetée une grande image de la chanteuse. Toute vêtue de rose, Renée Martel portait un regard bienveillant sur la nef encore vide qui s’étendait devant elle. Sous le cliché était inscrit: «Renée Martel: 26 juin 1947 – 18 décembre 2021.» Une épitaphe nous rappelant que, le 18 décembre dernier, cette femme forte, résiliente, généreuse et optimiste nous quittait, des suites d’une pneumonie sévère, laissant dans le deuil ses deux enfants, Laurence Lebel et Dominique Chapados, ses quatre petits-enfants, Henri, Noah, Dante et Eli, son frère, Mario Martel, et laissant aussi un grand vide dans le cœur de tous ses admirateurs.      

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Photo : Valerie Blum
Photo : Valerie Blum


PRÈS DE 1000 PERSONNES PRÉSENTES
En attendant le début de la cérémonie célébrée par l’abbé Jean-Luc Blanchette, des centaines de personnes s’étaient massées au cœur de la basilique Saint-Frédéric afin d’assister à ce dernier adieu à une femme et une artiste unique qui a marqué leur vie. 

Vers 10 h 30 est arrivée Laurence Lebel, la fille de la défunte, qui est entrée dans la basilique pour y rejoindre sa famille. À l’entrée de l’édifice était remis à tous un signet souvenir au dos duquel étaient imprimés les mots de la chanson Un coin du ciel, issue du répertoire de Marcel Martel, comme si ce dernier s’adressait directement à sa fille, venue le rejoindre dans les cieux: «Un coin du ciel où l’on vivra tous deux ma chérie, Un coin du ciel où l’on s’aimera toute la vie, Mon cœur t’appelle et te réclame jour et nuit, Sois-moi fidèle, je t’aimerai toujours ma jolie.»      

Photo : Valerie Blum
Photo : Valerie Blum


SES AMIS AU RENDEZ-VOUS
Alors que 11 h approchait à grands pas, près d’un millier de personnes occupaient déjà les bancs sous le regard de celle qu’ils ont chérie pendant près de 70 ans de carrière. Dans les premiers rangs se trouvaient quelques amis artistes chers au cœur de Renée Martel, dont Michèle Richard, Paul Daraîche, Joe Bocan, Marie Denise Pelletier et le musicien Éric Maheux, du groupe Kaïn. On reconnaissait aussi le producteur Martin Leclerc, gérant de Renée Martel depuis plusieurs années. Celui-ci produira d’ailleurs, le 10 septembre au Festival western de St-Tite, le spectacle C’est mon histoire, au cours duquel Annie Blanchard, Isabelle Boulay, Émilie Daraîche, Paul Daraîche, Laurence Jalbert, Nathalie Lord et Patrick Norman rendront un ultime hommage à l’œuvre de Renée Martel. 

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Photo : Valerie Blum
Photo : Valerie Blum



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UN COMPAGNON DE TOUJOURS
De son côté, Paul Daraîche, qui s’était fait un devoir d’être présent, honorera prochainement la mémoire de sa grande amie disparue en compagnie de sa fille Émilie, de Laurence Jalbert et d’Annie Blanchard, dans le cadre de la tournée Contre vents et marées, qui débutera le 7 mai à Sherbrooke. «J’ai décidé́ d’aller de l’avant avec cette tournée parce qu’il s’agissait d’un projet qui nous tenait très à cœur, à Renée et moi. Ce spectacle sera composé de toutes les chansons de notre album Contre vents et marées, paru l’automne dernier. Nous y interpréterons aussi les plus grands succès qui ont marqué la carrière de Renée, dont J’ai un amour qui ne veut pas mourir, Cowgirl dorée, Liverpool et bien d’autres. Je tiens vraiment à ce que ce spectacle soit magnifique!» nous a-t-il confié. Rappelons que Paul Daraîche entretenait depuis 50 ans une amitié à toute épreuve avec Renée Martel, dont il partageait aussi la date de naissance.     

Photo : Valerie Blum
Photo : Valerie Blum

 

UNE AMIE FIDÈLE
Pour sa part, Michèle Richard avait fait la route depuis les Laurentides pour dire adieu à son amie. Celle-ci était émue aux larmes lorsque nous l’avons croisée. Bien qu’elle ne se soit pas confiée aux médias, la chanteuse a tenu à s’exprimer sur son deuil en décembre dernier sur sa page Facebook. «Renée (Néné), depuis que tu es partie, chaque soir quand la nuit tombe, je me sens seule de ma gang... Avec tous ces départs: toi, Louvain, Nicole, Pierre et Johnny. Toutes nos vies se déroulent dans ma tête. Je me souviens d’un voyage magnifique à Puerto Rico, où Dominique, ton petit garçon, est venu nous rejoindre, son nom accroché au cou en sortant de l’avion. Ta fille, Laurence, que j’ai prise dans mes bras, avait quatre jours. À ton mariage, tu étais belle comme un ange; j’étais là, près de toi. À mon mariage en 1991, tu étais toujours aussi belle, comme un ange. Les confidences amoureuses à travers les déceptions et les joies, les succès et les larmes, on connaît ça. Tu pars avec tous mes secrets, moi je garde les tiens à jamais. Je suis brisée à jamais, ma Néné», avait-elle écrit trois jours après l’annonce du décès de sa complice de longue date. 

Photo : Valerie Blum
Photo : Valerie Blum


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UN TÉMOIGNAGE TOUCHANT
À 11 h 15, alors que tout le monde avait pris place dans la basilique, l’abbé a invité Dominique Chapados, le fils de Renée Martel, à offrir un touchant témoignage à sa mère. Celui-ci est né de la relation de la chanteuse avec le bassiste Jean-Guy Chapados, décédé en 2008. «Je me permets de parler au nom de ma sœur, Laurence, et en mon nom. [...] Notre mère nous a inculqué le bonheur, la paix d’esprit, la joie. Sur scène, elle était électrisante. J’en ai été témoin dès mon jeune âge, comme membre du public, et plus tard comme musicien. Sur une scène, elle était entière, chez elle, avec son public.» 

L’aîné de Renée Martel a aussi tenu à remercier les artistes qui ont croisé son chemin au fil des ans. «Nommer chaque artiste incroyable avec qui elle a eu le plaisir et l’honneur de partager la scène serait impossible. J’aimerais souligner parmi eux Annie Blanchard, Paul Daraîche, Richard Desjardins, Patrick Norman, Éric Maheux et bien d’autres. Elle aimait tous ces gens talentueux et sympathiques. Aux très nombreux musiciens qui ont partagé la scène avec elle, je vous fais à tous un gros câlin rempli d’amour et de gratitude. Merci d’avoir partagé votre passion avec ma mère.» 

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Dominique Chapados ne pouvait pas passer sous silence l’extrême fidélité des fans de Renée Martel, qui l’ont suivie d’hier à aujourd’hui. «Je tiens à remercier le public qui est toujours là! Pendant près de 70 ans, de génération en génération, vous avez porté Renée Martel dans votre cœur. Vous avez été bons avec elle. Vous avez été au rendez-vous, remplis d’amour, d’accueil et d’acceptation, dans les bons comme dans les moins bons moments. Ça voulait tout dire, pour elle. Jusqu’à la toute fin, elle avait hâte de faire sa tournée avec Paul (Daraîche). Elle m’a toujours dit qu’elle était extrêmement chanceuse de vous avoir», a-t-il conclu, sous un tonnerre d’applaudissements.      

Photo : Valerie Blum
Photo : Valerie Blum


UNE CÉRÉMONIE EN TOUTE SIMPLICITÉ
Ensuite, l’abbé Jean-Luc Blanchette a pris le relais en précisant à la foule que Renée Martel tenait, dans ses dernières volontés, à ce qu’aucune de ses chansons ne soit interprétée pendant la célébration. L’abbé a toutefois tenu à baser son homélie sur J’ai un amour qui ne veut pas mourir. «Je trouve dans cette chanson tout le sens des funérailles chrétiennes. Cette présence de Renée Martel va rester dans le cœur de ses proches et dans le cœur de ses fans, car son amour ne peut pas mourir», a-t-il souligné. 

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Il a donc lu les paroles de cet impérissable succès de la défunte. «J’ai un amour qui ne veut pas mourir, Et c’est ma raison d’aimer la vie, Depuis le jour où tu m’as souri, J’ai un amour qui ne veut pas mourir, J’ai un amour qui ne veut pas mourir, Et qui grandit avec les saisons, C’est pour toi qu’il chante sa chanson, Ce grand amour qui ne veut pas mourir.» 

En dehors de cet unique clin d’œil au répertoire de la défunte, le volet musical de la célébration était entièrement composé de chants classiques et religieux. 

Photo : Valerie Blum /
Photo : Valerie Blum /


LE DERNIER ADIEU
Après une cérémonie sobre d’un peu plus d’une heure, l’abbé Jean-Luc Blanchette a mis fin à la célébration. Se sont alors levés tous les hommes et les femmes présents dans la basilique afin de voir défiler, pour une ultime fois, le cercueil qui emportait Renée Martel vers son dernier repos. S’en sont suivies à l’extérieur de longues accolades entre proches et amis de la chanteuse, dont les vies auront été marquées à jamais par le passage de cette figure emblématique de la musique country au Québec. 

Tandis que tout le monde rentrait chez soi la larme à l’œil, le corbillard a repris sa route, scellant ainsi l’adieu à une femme exceptionnelle dont l’œuvre restera immortelle.

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