Roch Voisine fait de belles confidences sur sa vie de père et sa carrière

Jean-Charles Labarre

Patrick Delisle-Crevier

2021-10-13T11:00:00Z

Le chanteur est actuellement en pleine tournée pour son spectacle Americana Light, dans une nouvelle formule adaptée à la réalité pandémique. Rencontré en coulisses peu avant de monter sur scène, Roch a pris le temps de nous parler de sa vie de papa d’une fillette de 14 mois, de ses projets et de cette belle tournée qui s’étirera jusqu’en mai 2022.

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Roch, tu entames la grande tournée Americana Light. Comment ça se passe?
En raison de la pandémie, nous avons dû revoir la tournée du 10e anniversaire d’Americana, car c’était impossible de faire un spectacle à grand déploiement. Americana Light est une version épurée et plus chaleureuse. Je voulais offrir un spectacle un peu plus recherché et surprenant. En présentant le tout en formule acoustique, j’ai aussi changé des chansons. J’y ai songé tout l’été, j’ai fait les ajustements nécessaires, et nous avons actuellement un beau spectacle.

Parle-moi justement du choix des chansons...
Americana a évolué dans le temps. Au départ, c’était un spectacle destiné au public français, avec des chansons que ce public connaissait du répertoire country. À l’époque, c’était vraiment un pari qu’on avait fait, car le country n’avait pas tant la cote en France. Ça a marché un peu là-bas, mais c’est surtout ici que cette tournée a connu un grand succès, au point où il y a eu trois shows Americana. Aujourd’hui, dans le choix des chansons, ce spectacle est beaucoup plus californien, plus folk, plus épuré et plus vocal. Il y a un heureux mélange de genres musicaux et de belles surprises.

Tu fais ce métier depuis 35 ans, mais tu ne t’es jamais assis sur tes lauriers à te contenter de chanter encore et encore tes vieux succès. C’est important pour toi de te renouveler sans cesse?
Oui. Je ne vais jamais me contenter de chanter Hélène ou d’autres vieux succès. J’essaie de me renouveler, de présenter constamment quelque chose de nouveau. Je ne veux pas étirer les choses pour rien. De toute façon, après un certain temps, j’ai envie de faire autre chose. Il y a des auteurs-compositeurs-interprètes qui ne font rien d’autre que leurs chansons, mais ce n’est pas mon cas. Je n’ai plus rien à prouver et je sais que je suis capable d’en écrire. Mais j’aime aussi chanter les pièces des autres. Je n’ai pas vécu ma période où je chantais les chansons des autres dans les bars, donc je me reprends aujourd’hui et j’adore ça! Je fais les chansons que j’ai envie de faire et de la façon que j’ai envie de les faire. 

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Est-ce que le public accepte de voir un spectacle de Roch sans entendre Hélène, par exemple?
Quand j’ai commencé à présenter Americana en France, les médias ne comprenaient pas comment je pouvais faire un spectacle sans chanter Hélène. Encore aujourd’hui, plus de 30 ans après sa sortie, on me demande cette chanson. Mais je ne veux justement pas être réduit à une seule chanson. Roch Voisine est autre chose que Hélène. Je trouve que ce serait extrêmement injuste de m’identifier à une seule pièce, comme si je ne savais faire que ça. Je comprends l’amour des gens pour cette chanson, mais je ne me gêne pas pour ne pas la faire. 

As-tu déjà cédé à la demande générale en spectacle?
Je pense que dans toute l’histoire d’Americana il y a eu une seule fois où je suis ressorti pour chanter Hélène en rappel. C’était à Carcassonne. Il y avait des milliers de personnes sur place. En sortant de scène, j’ai pris une douche, bu ma bière Clamato et jasé avec mes musiciens. Mon spectacle était terminé depuis une demi-heure lorsque mon stage man est venu me dire que le public était encore là à applaudir et à réclamer Hélène. Je ne les entendais pas, mais ça faisait 45 minutes que des milliers de personnes me réclamaient! Je suis ressorti et j’ai chanté Hélène. Mais une fois n’est pas coutume. 

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Quel regard jettes-tu sur des pièces comme Hélène avec le recul?
J’ai fait, refait et refait encore ces chansons... Elles ont leur place, mais en même temps j’aime m’éloigner de ça parfois. Je me suis arrangé pour le gérer un peu comme ça. J’ai 23 albums originaux et, des fois, j’aimerais les transformer, arriver avec un son différent. Hélène et la Rochmania, ç’a été fou, mais j’étais étiqueté comme un chanteur pour femmes, alors qu’Americana a amené les hommes dans mes salles de spectacles. Ça m’a enlevé l’étiquette de chanteur pour dames seulement.

Tu retrouves ces jours-ci ton public. Ça se passe comment pour toi?
Je suis heureux de voir que les gens sont de retour à mes spectacles. Le confinement, ç’a été long; je suis heureux de retrouver le public. Je remercie les gens de s’être fait vacciner et d’avoir leur code QR, parce que ça nous permet de chanter et de gagner nos vies. Ça change complètement la donne et ça rassure les gens.

Qu’est-ce qui a meublé ton temps durant la pandémie?
J’ai chanté sur le Web avec mes amis les Silver Foxes. J’ai aussi eu un enfant. La pandémie marque donc mon retour à la paternité. Ma fille, Lily-Dorina, a presque 15 mois; elle est née en plein cœur de la pandémie. Cette pause a été salutaire, puisque ça m’a permis de passer du temps avec elle.

C’est comment d’être papa à nouveau, alors que tes deux plus vieux sont maintenant des adolescents?
C’est fantastique! Mes deux fils ont 16 et 14 ans. C’est un bonheur d’être à nouveau papa. On est chanceux, on a une belle petite fille qui est en pleine santé, qui a de l’énergie et qui est adorable. Ma blonde est une maman extraordinaire.

Et comment se passe la vie de tournée avec un poupon?
Au départ, quand l’idée de la tournée est arrivée, je voulais que ça se fasse en famille. J’avais envie de partir sur la route, quand c’était possible, avec ma blonde, ma fille et mes deux fils. Mais avec la pandémie qui se poursuit, tout est plus compliqué. Quand j’ai eu mes deux fils, à l’époque, j’ai beaucoup raccourci ma tournée pour être plus souvent à la maison. Je vais faire de même cette fois-ci. Des fois, je devrai m’absenter quelques jours; c’est certain que je vais trouver ça très difficile. 

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Photo : Dominic Gouin
Photo : Dominic Gouin


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Ça fait 36 ans que tu fais ce métier. Que retiens-tu de toutes ces années?
J’ai commencé assez vieux, vers l’âge de 26 ans, et je me suis lancé dans ce métier en me disant que, si je le faisais, c’était pour rester et non pour aller faire autre chose ensuite. Je me croise les doigts, mais ça se passe bien. En même temps, tout a passé si vite. Je garde de merveilleux souvenirs autant d’ici au Québec qu’en Europe. J’ai été choyé par ce métier même si, au départ, ce n’est pas du tout ce que je voulais faire dans la vie. 

Tu voulais faire quoi?
Je voulais être médecin. J’ai des amis avec qui j’allais à l’école et qui sont médecins aujourd’hui. Je m’enlignais pour aller en physiothérapie. Mais je me suis mis à m’intéresser à la musique, j’ai voulu essayer sérieusement et j’ai quitté l’université. À l’époque, mon directeur m’avait dit qu’il pouvait me réadmettre pendant deux ans. Mais je ne suis jamais retourné parce que ma carrière en musique a fonctionné. 

Ce n’est pas banal, plus de 35 ans de carrière!
Effectivement, surtout après avoir commencé aussi vieux comme moi. Les gens arrivent si jeunes dans le métier de nos jours! Je ne suis pas le gars qui rêvait de chanter à quatre ans. Je suis particulièrement fier du côté multidisciplinaire que j’ai dans ce métier. Je suis producteur, j’écris, je suis metteur en scène, j’ai ma compagnie de disques et je suis propriétaire de mon catalogue en entier.

Justement, c’est plutôt rare pour un artiste de posséder les droits de son catalogue. As-tu la bosse des affaires?
Non, mais j’ai été bien entouré dès mes débuts dans ce métier, et ça m’a bien servi. Paul Vincent (son gérant de l’époque) a été de précieux conseil pour moi. Pour lui, c’était important que je garde les droits de mes chansons. J’ai appris à toujours bien m’entourer; c’est important pour un artiste de l’être.

Tes chansons ne tournent plus autant à la radio. Est-ce que ça te dérange?
Non. La radio, ce n’est plus ce que c’était. Les choses ont bien changé depuis, même la façon de pratiquer ce métier. On ne vend presque plus de disques aujourd’hui; désormais, la façon de gagner sa vie dans le milieu, c’est de faire des spectacles. Tout est rendu éphémère, et n’importe qui peut enregistrer des chansons dans un studio à la maison. C’est aussi de plus en plus difficile d’être rassembleur et d’amener les gens à écouter notre produit. Tout est trop fragmenté. Si je devais tout recommencer dans ce métier aujourd’hui, je ne le referais pas. Je serais physiothérapeute.

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Jean-Charles Labarre
Jean-Charles Labarre


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Est-ce que tu es nostalgique de l’époque de la Rochmania?
Non. J’ai bien vécu cette époque et j’ai eu du plaisir, mais il faut que ça retombe à un moment donné et c’est bien correct. Je ne suis pas du tout nostalgique de cette époque. D’ailleurs, ce genre de phénomène n’existe à peu près plus de nos jours. Oui, il y a des Shawn Mendes et Justin Bieber, mais c’est complètement différent. Ils vivent tous aux États-Unis et ont des carrières internationales. Ils se brûlent aussi beaucoup plus vite que nous à l’époque. J’ai eu ma dose de cette belle folie, mais à un moment donné, tu as envie d’un équilibre. Je ne revivrais plus une telle époque. 

Tu as 58 ans; il te reste quoi à accomplir?
Plein de choses encore! Je rêve de faire du cinéma depuis 30 ans. Tout le monde me parle de cinéma... sauf les producteurs et les réalisateurs! Je ne sais pas si je serais bon, parce que c’est un métier en soi. Je ne suis pas là pour voler la job de qui que ce soit, mais je suis curieux d’essayer.

Est-ce que tu penses à la retraite?
Non, oublie ça! Je ne sais pas ce que je ferais, et probablement que je virerais fou! Disons que depuis la naissance de ma fille, mes temps libres sont bien remplis. Cela dit, j’aime aller à la chasse et à la pêche. J’aimerais aussi aider les autres, m’occuper d’autres chanteurs, mais pas de n’importe qui. Ça a passé proche deux fois, mais malheureusement ça n’a pas fonctionné. Ça m’a déçu un peu, parce que c’étaient des gens qui avaient un grand talent. Je sais ce que je peux apporter aux autres, mais je suis très sévère dans ma façon de travailler.

On ne te voit pas en tant que mentor, coach ou professeur dans des émissions de télévision comme Star Académie ou La Voix. Pourquoi?
C’est volontaire. Mon problème avec ce genre d’émissions, c’est que ce sont des shows de télévision, mais la vie ce n’est pas un show de télé, et les carrières non plus. Honnêtement, je ne pense pas avoir une méthode de travail télévisuelle et qui attirerait la sympathie. Je suis très sévère et tout me paraît dans la face. Si j’aime, ça paraît, et si je n’aime pas du tout, ça paraît aussi. Je ne suis pas un grand pédagogue, je suis du genre à dire: «Suis ma trace en arrière, arrête de te plaindre et tu vas voir que ça va marcher.» Je n’ai pas trouvé de formule qui me conviendrait dans ce genre d’émissions.

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Jean-Charles Labarre
Jean-Charles Labarre



Est-ce que tu es un père autoritaire aussi?
Oui. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas de cœur! J’ai de la sympathie et tout, mais je ne serais juste pas bon devant les caméras. Moi, j’aime quand les choses sont bien faites, quand les efforts sont là. Si tu n’en fais pas, eh bien, attends-toi à ce que je te le dise et que je sois exigeant et sévère. Je pense que faire une telle émission, ça détruirait mon image! (rires)

Tu n’es pas très présent sur les réseaux sociaux. Pourquoi?
J’ai une certaine pudeur, je n’ai pas le goût de partager mes idées avec tout le monde. De plus, quand je vois la façon dont les gens réagissent sur les réseaux, je n’ai pas tant envie de m’exposer à ça. Je garde contact avec mes fans, j’aime faire des petites capsules, mais je ne suis pas celui qui va publier des photos de ma famille, de mon assiette ou de mes voyages sur les réseaux. Quand je suis avec mon public, je suis complètement là. Et quand je sors de scène ou après les spectacles, dès que j’entre dans ma vie privée, je suis complètement là aussi. On ne me voit que très rarement à des premières ou dans des galas. J’ai toujours été comme ça, même durant les belles années. Je n’aime pas faire ça; je ne suis pas à l’aise là-dedans. On ne me verra jamais non plus participer à un jeu-questionnaire télévisé ou aller dans un talk-show juste pour jaser. Il y a un côté «chien de cirque» que je n’aime pas tant dans ce genre d’exercice. J’ai donné à l’époque, mais depuis huit ans, c’est terminé. Je ne suis pas bon là-dedans de toute façon: tout paraît tout de suite dans ma face, je ne peux pas faire semblant. La vie est trop compliquée pour commencer à tricher. Même quand vient le temps de faire de la promo, je vais seulement aux endroits où je suis bien et où je suis à l’aise. 

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Cinq ans se sont écoulés depuis ton dernier album de chansons originales. Peut-on s’attendre à un nouveau disque éventuellement?
À quoi ça sert? Plus personne n’achète d’album; il faut se réinventer et surprendre les gens. Je pense que je vais plutôt sortir des chansons à la pièce. J’aime avoir une régularité face à mon public; je lui dois bien ça et je m’ennuie de lui. 

Pour connaître les dates de la tournée Americana Light et se procurer des billets: rochvoisine.com.


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