Frédérick de Grandpré exerce cette autre profession surprenante

Photo : Karine Levesque / TVA

Michèle Lemieux

2022-02-27T14:00:00Z

Se réinventer exige une grande part de courage. Âgé de 49 ans et papa de deux jeunes filles, Frédérick De Grandpré n’a pas eu peur de faire le saut et de retourner sur les bancs d’école. Aujourd’hui, l’acteur propose des ateliers de philosophie auprès des adultes, des adolescents et des enfants. Toujours passionné par son métier, l’acteur nous a émus récemment dans la série Les bracelets rouges.

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Frédérick, on t’a offert un beau personnage dans Les bracelets rouges.
C’est un beau cadeau que Yan (England) m’a fait. Je venais tout juste de terminer District 31. J’étais content qu’on me propose ce rôle. Même si la série se déroule en milieu hospitalier, il y a tellement d’espoir! On voit la force du groupe, et je crois qu’actuellement, nous avons besoin de sentir que nous sommes ensemble, connectés. C’était un beau personnage. Comme il est acteur, je le comprenais bien. Il était très proche de sa fille, et on l’a senti déchiré entre elle et son métier. J’ai la chance d’être moi-même très proche de mes filles. J’ai pu m’inspirer de cela. Ç’a été une belle rencontre avec Léanne Désilets, qui a joué ma fille dans la série.

As-tu d’autres projets au programme?
Pas pour le moment, mais j’espère que Les bracelets rouges sera un tremplin vers autre chose. Je fais toujours de la musique. Chaque fois que j’ai un spectacle au programme, je publie la date sur ma page Facebook.

Photo : Karine Levesque
Photo : Karine Levesque

Comment occupes-tu les périodes creuses sur le plan professionnel?
Depuis la fin de Mémoires vives, je suis retourné à l’école. Je suis diplômé en philosophie de l’Université Laval. J’anime des ateliers de philo avec les enfants, les adolescents et les adultes. C’est ce qui me nourrit sur tous les plans depuis quatre ans maintenant. J’ai fait un retour aux études. À l’aube de la cinquantaine, c’est vraiment ce qu’on appelle se réinventer. Ç’a été tout un challenge, et ça l’est encore parce que ma formation continue. C’est tellement vaste qu’on peut apprendre toute sa vie. Ça m’a réconcilié avec une partie de moi que je ne connaissais pas. Lorsque j’ai décidé d’être acteur, à 20 ans, j’ai développé le côté plus émotif et artistique de ma personnalité. J’avais laissé de côté l’aspect plus intellectuel et raisonné. C’est vraiment la lecture du livre de Frédéric Lenoir, Philosopher et méditer avec les enfants, qui m’a appelé. Je ressentais autant d’enthousiasme que lorsque j’avais décidé d’être acteur. J’ai donc décidé de m’investir à fond. Je sentais qu’il y avait quelque chose pour moi dans cette voie. J’ai suivi la formation initiale de la Fondation SEVE (Savoir être et vivre ensemble) de Frédéric Lenoir. Des sommités en philo de l’Université Laval ont contribué à parfaire cette formation très rigoureuse. Il y a toute une pédagogie autour de la philosophie avec les enfants pour leur apprendre à penser et à développer une pensée créative, critique et attentive.

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Retourner à l’école s’est avéré être un grand défi?
C’est un grand défi. Ça tombait bien, car j’étais dans un creux de vague. J’ai avancé petit à petit. J’ai fait mon certificat et j’avance vers le bac. J’ai un beau projet de maîtrise, j’attends juste de terminer mon bac pour le faire. C’est quelque chose que je construis lentement. La philosophie apporte beaucoup sur le plan personnel. C’est une réflexion sur notre propre vie. C’est avant tout l’art de l’émerveillement. Et qui de mieux placés que les enfants pour le faire? Lorsque je suis en atelier avec eux, je constate à quel point ils sont sages

C’est une grande satisfaction de contribuer à la vie de ces enfants?
C’est une manière de leur apprendre à dialoguer, à douter, à réfléchir et à être critiques face à leurs propres réflexions et celles des autres. Ça m’apporte beaucoup et je reçois de bons commentaires de la part des professeurs. 

Photo : Karine Levesque
Photo : Karine Levesque

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Ça prend du courage pour retourner à l’école en pleine quarantaine?
Oui, mais je suis content de l’avoir fait. On parle beaucoup de se réinventer actuellement. C’est ce que j’ai fait. J’avais 46 ans lorsque je suis retourné aux études. Il n’est pas nécessaire de faire un doctorat en philo, mais s’initier à quelque chose de nouveau, suivre des cours, c’est toujours motivant et inspirant. Ça donne un sens à la vie. Je crois que nous sommes tous, pour la plupart, à la recherche de sens. La société ne nous en donne pas tant que ça, il faut que ça vienne de nous et ça nécessite une réflexion. Personnellement, ça m’aide beaucoup.

Ça se concilie bien avec la vie familiale?
Oui. Faire cohabiter mes études avec la famille et le travail est un défi, mais nous avons fait des choix familiaux, et ça se passe bien. J’ai deux grandes filles de 11 et 9 ans qui sont autonomes. Je suis gâté, j’ai de bonnes filles et une conjointe très généreuse et compréhensive. 

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As-tu toujours senti le besoin de donner un sens aux choses?
Oui, et ce n’est pas pour rien que je me suis dirigé en philosophie. J’avais beaucoup aimé mes cours de philo au cégep. J’avais des questionnements, auxquels j’ai partiellement répondu par le théâtre, qui est aussi une réflexion sur notre propre existence. C’est fait de manière artistique, poétique, mais c’est quand même une réflexion sur la vie. Ça m’a nourri pendant des années et ça me nourrit encore, mais j’avais besoin d’aller plus loin.

À ton avis, la philosophie fait-elle de toi un meilleur père?
Nécessairement, quand on travaille sur l’être humain, on devient un meilleur parent, un meilleur acteur, un meilleur mari. Ce qui a changé dans mon rapport à mes filles, c’est l’approche. Comme parent, on est souvent dans la pédagogie de la réponse. Moi, je prône la pédagogie de la question. Quand un enfant pose une question, je lui demande: «Toi, qu’est-ce que tu en penses?» Ensuite, nous pouvons en discuter. Ça donne du pouvoir à l’enfant et ça le sécurise face à sa réflexion. Chaque fois que mes filles me posent des questions, au lieu de leur donner des réponses, nous essayons de trouver les réponses ensemble. Ça donne lieu à des soupers très animés! (rires)

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Photo : Karine Levesque
Photo : Karine Levesque

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Constates-tu que cette éducation a un impact sur elles?
Oui. Mon aînée est très raisonnée et ma plus jeune aime argumenter. Lorsque mes filles côtoient d’autres adultes et se mêlent à la conversation, ceux-ci sont souvent surpris d’entendre leurs points de vue. Je suis très fier de ça. La philosophie est un art de vivre. J’ai un projet d’émission à TFO: Pâte philo. Nous allons partir d’un thème et voir ce que les jeunes en pensent. Ça me motive beaucoup.

Tu auras 50 ans en mai prochain. Te sens-tu prêt à passer ce cap?
Oui. J’ai une bonne discipline de vie qui me permet de bien vieillir. C’est inévitable, alors il faut en tirer le meilleur parti possible. Je fais toujours des arts martiaux, mais aussi du ski, du patin, du tennis avec les filles. Je suis content, car ça m’ouvre à d’autres personnages...

Les bracelets rouges, mardi 20 h, à TVA.

Pour participer à un atelier de philosophie animé par Frédérick, on peut le contacter sur sa page Facebook ou via SEVE Canada.

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