Réfléchissez à deux fois avant de planifier votre voyage en Espagne : voici pourquoi
TVA Nouvelles
En Espagne, des mouvements contre le surtourisme se font de plus en plus forts. Les îles Baléares, les Canaries, Barcelone et Málaga sont particulièrement touchées. Le pays, deuxième destination touristique mondiale, cherche à trouver un équilibre entre l'économie du tourisme et le bien-être des résidents locaux.
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«Les Canaries n’en peuvent plus»: sous ce mot d’ordre, un appel à manifester samedi a été lancé dans les îles de cet archipel situé au large du nord-ouest de l’Afrique, prisé pour ses paysages volcaniques et son ensoleillement constant.
Objectif: obtenir l’arrêt de la construction de deux complexes hôteliers à Tenerife, principale île de l’archipel, et une meilleure prise en compte des habitants et de l’environnement face à l’essor jugé incontrôlé du tourisme.
«Nos îles sont un trésor qui doit être défendu», assure «Canarias se agota» («Les Canaries s’épuisent»), le collectif à l’origine de ce mouvement, dont certains membres ont entamé la semaine dernière une grève de la faim pour mettre la pression sur les autorités.
Protesters in Spanish Canary Islands on hunger strike over mass tourism https://t.co/JXXmc5sQxS
— BBC News (World) (@BBCWorld) April 12, 2024
L’an dernier, les Canaries ont reçu 16 millions de visiteurs, soit sept fois plus que ses 2,2 millions d’habitants. Un chiffre extrêmement élevé au vu des «ressources» locales, a déploré, lors d’un point presse, le porte-parole du collectif, Victor Martin, en dénonçant un « développement suicide ».
« Rentrez chez vous »
Cette colère n’est pas isolée, plusieurs mouvements «anti-touristes», abondamment relayés sur les réseaux sociaux, ayant émergé ces dernières semaines ailleurs dans le pays.
‘Go home’: Overtourism sparks backlash in Spain https://t.co/cectxSUIIM
— Digital Journal (@digitaljournal) April 16, 2024
À Málaga, haut-lieu du tourisme de «sol y playa» (soleil et plage) en Andalousie (sud), des autocollants aux slogans peu invitants ont fleuri sur les murs et les portes des logements touristiques («Avant ici, c’était ma maison», «ça pue le touriste», «rentrez chez vous»...).
Même chose à Barcelone ou aux Baléares, où des militants ont installé de faux panneaux à l’entrée de certaines plages faisant état, en anglais, de risques de «chute de pierres» ou de piqûres de «méduses dangereuses», afin de faire fuir les potentiels visiteurs.
Parmi les griefs mis en avant par les habitants figurent la pression immobilière, la multiplication des locations touristiques ayant contraint de nombreux habitants à fuir les centres-villes, ainsi que les nuisances sonores et environnementales.
En Catalogne, confrontée depuis trois ans à une sécheresse historique, la pression exercée sur les réserves en eau par les hôtels de la Costa Brava suscite ainsi l’agacement, alors que les autorités ont placé la quasi-totalité de la région en état d’urgence début février.
«Il y a des destinations touristiques qui sont à la limite de leur capacité», a reconnu récemment José Luis Zoreda, vice-président de l’organisation patronale Exceltur. «Il s’agit d’un problème qui apparaît ponctuellement en haute saison et dans certains endroits du pays, mais qui prend de l’ampleur».
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12,8% du PIB
Dans les années 2010, déjà, des habitants s’étaient mobilisés contre le surtourisme, principalement à Barcelone. Mais après la pause due à la COVID-19, l’exaspération semble avoir grimpé d’un cran, alors que l’Espagne a accueilli l’an dernier un record de 85,1 millions de visiteurs étrangers.
Soucieuses d’éviter tout engorgement, plusieurs villes ont pris les devants, à l’image de Saint-Sébastien, au Pays basque (nord), qui a décidé fin mars de limiter à 25 personnes les groupes touristiques dans son hypercentre après avoir interdit l’usage du haut-parleur lors des visites guidées.
Fin mars, Séville (sud) a, elle, annoncé qu’elle pourrait faire payer l’accès à sa célèbre Place d’Espagne pour les non-résidents. Barcelone a décidé de son côté de faire disparaître de Google Maps une ligne de bus très fréquentée par les touristes afin de la rendre aux habitants.
Pour les autorités, ces décisions ne sont pourtant pas simples à prendre. En Espagne, le tourisme pèse pour 12,8% du PIB et concentre 12,6% des emplois: d’innombrables familles dépendent donc de ce secteur et verraient d’un mauvais œil le pays se détourner de sa tradition d’accueil.
Les conséquences du surtourisme sur l’immobilier impliquent d’«agir pour limiter le nombre d’appartements touristiques», mais le gouvernement est aussi «conscient de l’importance du secteur touristique», a ainsi assuré dimanche la ministre du Logement, Isabel Rodríguez, en défendant une approche équilibrée dans un entretien au quotidien El País.
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