Guy A Lepage fait le bilan d’une saison hors-norme à Tout le monde en parle
Steve Martin
La 17e saison de Tout le monde en parle a certainement eu sa propre couleur en raison des changements majeurs qui se sont imposés pendant la pandémie. Mais comme nous avons pu le constater en discutant avec le producteur et animateur Guy A. Lepage, avec les contraintes vient aussi la chance de se réinventer.
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Guy, durant la saison, ton équipe a dû revoir sa façon de faire, notamment avec la diffusion en direct. Comment as-tu vécu ces chambardements?
On s’est bien adaptés. Le direct, j’en ai fait beaucoup dans ma vie, et en tant qu’animateur, ça ne m’a jamais dérangé. En tant que producteur, il y a malheureusement des invités avec lesquels on ne peut pas courir de risque dans un contexte comme celui-là, parce qu’on ne sait pas comment les choses vont se dérouler. Quand l’émission est enregistrée, s’il y a une erreur ou si l’invité raconte quelque chose qui n’a pas d’allure, je peux le couper au montage et revenir sur le sujet. Avec le direct, je n’ai pas cette marge de manœuvre, alors ça limite un peu le bassin. On invite surtout des personnes qui nous donnent l’impression qu’elles vont pouvoir répondre rapidement aux questions et demeurer sur le sujet durant les 15 minutes de l’entrevue.
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L’absence d’un public a aussi changé la dynamique de l’émission, non?
Il y a des avantages et des inconvénients à ça. Un des désavantages, c’est que sans public, certaines blagues peuvent tomber à plat. Et les applaudissements ne viennent pas après les moments qui en auraient peut-être mérité. En revanche, je trouve que les gens se confient davantage quand il n’y a pas de public. Dany Turcotte disait que c’était comme faire une émission de radio dans un studio beaucoup trop éclairé. Je trouve que c’est la meilleure définition jusqu’à maintenant!
La culture a été mise sur la glace durant la pandémie. Est-ce que ça vous a demandé d’adapter la structure de l’émission?
Je dirais que les proportions n’ont pas vraiment changé. Ce qui a été différent, c’est que peu importe l’invité, le sujet de la covid était toujours présent. Peu importe que ce soit une personne de la santé publique ou un Laurent Paquin, ça a affecté le travail de tout le monde, alors ç’a été un sujet récurrent. Par contre, j’ai remarqué que, depuis quelques semaines, on en parle moins. C’est un état qui continue de nous déranger, mais que nous avons collectivement accepté. Ça ne nous empêche pas de continuer à faire ce qu’on a à faire.
Après 17 saisons, ce doit être intéressant de voir à quel point certaines personnalités ont changé au fil du temps!
Tout à fait. Quand Michel Louvain est décédé, on s’est rendu compte qu’on l’avait reçu quatre fois. Ça veut dire que, en 17 ans, j’ai dû faire 120 minutes d’entrevue avec lui, dont une partie n’a jamais été montrée à la télé. Alors quand une personne comme ça meurt, on peut presque faire un mini-documentaire échelonné sur 17 ans. On commence à avoir une certaine pérennité, finalement.
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Au-delà de sa carrière, Michel Louvain a surtout été louangé pour sa décence et sa courtoisie. Ces qualités semblent d’autant plus précieuses à une époque où les opinions sont polarisées.
Tu as tout à fait raison. Il y a quelque chose que j’ai dit de M. Louvain et de trois ou quatre autres personnes dans ma vie, et c’est: «Son moule est cassé.» Il n’y aura plus de Michel Louvain, des personnalités qui vont repasser leur pantalon et se préoccuper de leur public, même au détriment de leur vie privée ou amoureuse. Nous sommes rendus ailleurs. Les gens ne fonctionnent plus comme ça aujourd’hui.
Malgré la pandémie, vous avez aussi reçu des invités qui nous ont fait du bien à leur manière. Selon toi, qui s’est particulièrement illustré dans ce contexte difficile?
Ce que France Beaudoin a fait pour notre bien-être collectif, le samedi soir, c’est majeur. Elle nous a montré comment, avec de la musique, des invités et une belle conception d’émission, il était possible d’oublier pendant une heure que nous étions dans une prison à ciel ouvert. En direct de l’univers, ç’a été une thérapie collective pour le Québec. Je pense qu’elle a été la plus impor- tante à la télévision.
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On ne peut passer sous silence les raisons du départ de Dany Turcotte et les messages haineux reçus par Anaïs Favron à la suite de l’entrevue de Maripier Morin. Est-ce que ça a eu un impact sur le plaisir que tu as à faire TLMEP?
Non, mais je suis très protecteur de mes amis. J’ai un côté très justicier, alors quand quelqu’un n’est pas capable de se défendre, je m’en occupe à sa place. Par contre, je n’ai pas du tout à être paternaliste avec Anaïs, car elle a du caractère et un front de bœuf. Elle est capable de se défendre. J’ai vu qu’elle avait été ébranlée au départ et je n’étais pas content, mais elle est très bien outillée. Je lui ai dit: «Welcome to my life! C’est comme ça pour moi depuis 40 ans.» (rires)
