Mélanie Maynard et Rosalie Bonenfant se confient dans une entrevue mère-fille

Photo : Julien Faugère

Mélanie Maynard

2022-07-19T04:00:00Z

Ma fille, Rosalie Bonenfant, a maintenant 25 ans, soit l’âge auquel je l’ai eue! Pour célébrer cette occasion unique, La Semaine m’a offert de réaliser une entrevue mère-fille. Même si l’exercice a pris des tournures de thérapie, on a eu du fun à jaser de nos carrières, de nos personnalités, de nos différences et de nos ressemblances, de notre féminité, de notre vision du monde. Ce n’est pas trop lourd, on vous le promet... on a quand même fait ça relaxe, à la maison!

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Photo : Julien Faugère / TVA Publications
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Pendant longtemps, tu as eu le syndrome de l’imposteur, car les choses sont arrivées très vite dans ta vie. Est-ce un sentiment qui t’habite encore?
C’est tout à fait féminin de douter de soi et d’avoir l’impression qu’on doit en faire plus. Quand j’ai de la facilité dans quelque chose, je n’arrive pas à valoriser mon travail... il faut que ce soit difficile et éprouvant. C’est pour ça que j’ai un sentiment d’imposteur; même si j’en fais plus que mes homologues masculins, j’ai l’impression que ce n’est pas assez. J’ai encore envie de brailler quand j’ai fini de travailler, car je n’ai pas l’impression d’avoir été assez punchée ou concise. Je me dis que si je veux faire œuvre utile, il faut que j’arrive à surpasser ça et être une fille qui s’assume pour ce qu’elle est. 

Quand tu étais jeune, je me souviens que tu jetais tes dessins au fur et à mesure, car tu ne les trouvais jamais assez beaux! Es-tu trop exigeante envers toi-même?
J’arrive à être fière de moi quand j’ai l’impression que j’ai travaillé pour arriver quelque part. Quand je pense à Inès, le film... J’ai tellement voulu le faire que j’arrive à en être fière, car je l’avais mis sur ma liste de visualisation. C’était ça, mon rêve! Il y a d’autres projets qui me sont offerts et que je n’aurais jamais osé demander. C’est dur de le prendre quand j’ai tout à prouver et que les autres me font plus confiance que moi-même. En même temps, j’essaie de me donner un peu de latitude, car ma vie serait plate en maudit si j’avais tout compris à 25 ans!

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Photo : © Film option
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Je trouve impressionnant tout ce que tu as accompli, autant à la télé comme animatrice qu’au cinéma comme actrice. As-tu fait la paix avec l’idée que tu es «la fille de»?
Je n’ai jamais cherché à me détacher de l’image que les gens peuvent avoir de nous deux. J’avais besoin de me détacher des attentes que tu avais envers moi ou de ton désaccord face à certains choix. Pour moi, c’était bien plus important que le fait que nos visages soient l’un à côté de l’autre dans le magazine La Semaine! Tu seras toujours ma mère et tant que tu ne fais pas quelque chose d’extrêmement gênant, je n’ai pas besoin de me dissocier de toi! (rires) On dirait que ça ne m’affecte pas vraiment, ce que les gens pensent, car tu m’as aidée à plein d’égards. Mais de toute façon, je sais que les rôles que j’ai obtenus, j’ai auditionné pour les avoir, alors tu n’y es pour rien.

Depuis que tu es petite, je me plais à dire que tu es une vieille âme. Est-ce que tu as encore ce feeling d’être toute seule au milieu des autres?
Je pense que ça m’a troublée de le nommer très jeune, ce sentiment d’être peut-être plus lucide et en avance sur mon âge. Je suis rendue à un âge où tout le monde en fait beaucoup autour de moi et j’ai l’impression de m’être perdue au cours des dernières années. J’en parle beaucoup en thérapie... J’apprends à arrêter d’avoir peur d’être ordinaire et à me valoriser dans le fait d’être, tout simplement. De ne pas chercher à accomplir plus que les autres. 

As-tu l’impression qu’en pratiquant le même métier que moi, tu dois porter une part de mes rêves?
Quand j’étais enfant, tu m’as déjà dit que si tu avais pu façonner l’enfant de tes rêves en pâte à modeler, ce serait exactement moi. Au début, j’étais extrêmement flattée, mais en y réfléchissant, je me suis dit que ce n’était pas une mince affaire! Par contre, tu es la première à me dire de me forcer moins... de botcher un peu plus. Je ne sais pas si je suis meilleure en faisant ça, mais je sais que j’ai plus de plaisir et j’apprends à aimer ce que je fais sans me sentir mal de recevoir des opportunités. 

Photo : Julien Faugère
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Quelle est la grande différence entre nous deux, selon toi?
J’ai longtemps pensé qu’on était pareilles, mais j’ai finalement compris qu’un enfant n’est pas le prolongement de son parent. Je ne suis pas une version différente de toi; je suis une version unique de moi! C’est peut-être une question d’âge, mais le regard qu’on porte sur la vie est un peu différent. Toi, tu as tellement le bonheur facile, et moi, c’est tellement quelque chose que je ne comprends pas. J’ai l’impression que ça va être la quête de toute ma vie. Je pense même qu’on est un peu le jour et la nuit, dans le sens où je suis plus taciturne, dans ma tête et portée vers l’introspection. Je suis plus dans la résolution de problèmes, et toi, tu regardes au-dessus des problèmes. Je pense que tu es bonne dans le laisser-aller, et moi, je suis plus dans l’auto-observation. Mais en même temps, je pense qu’on est un peu déjantées de la même façon! (rires)

Photo : Julien Faugère / TVA Publications
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Une autre grande différence entre nous, c’est que j’ai étudié à l’école de théâtre pour devenir comédienne, et quand le jeu s’est présenté, j’ai préféré bifurquer vers l’animation. De ton côté, le désir d’épouser des personnages est encore très présent malgré ta forte personnalité. Comment expliques-tu ça?
On dit souvent qu’on choisit le milieu des arts pour combler un trou émotif. Personnellement, je pense que je suis imperméable à l’amour des gens, alors que la haine me rentre dedans! (Mélanie est étonnée.) Je peux lire 100 bons commentaires, mais en recevoir un méchant... et c’est celui-là qui va m’atteindre! Le jeu ne permet pas d’exposer qui je suis, donc c’est moins confrontant. Je ne suis pas capable de me positionner dans l’espace public sans être complètement vulnérable et moi-même, et je pense que je tiens ça de toi! Je crois que de me retirer de [l’espace public] — même si j’en ai, des opinions! — c’est venu avec la pandémie.

Rosalie, tu portes plusieurs enjeux sociaux sur tes épaules. Est-ce que c’est lourd parfois?
Oui, mais c’est lourd aussi de porter nos paradoxes. On va marcher pour la planète, mais le soir, on se fait livrer un repas du restaurant. On se laisse pousser les poils, mais on se fait les ongles. Accepter ces nuances-là, c’est extrêmement difficile. On est multiples en tant que femmes et on n’est pas obligées de porter l’étiquette d’une féministe frustrée en col roulé. On n’est pas obligées de n’être qu’un clown ou une belle fille! C’est dur de désapprendre ça.

Photo : Julien Faugère / TVA Publications
Photo : Julien Faugère / TVA Publications

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Quel est ton rapport aux hommes?
Plus j’avance dans l’âge adulte, plus je me sens libérée de mon besoin de plaire aux gars même s’ils ne m’intéressent pas. Je n’ai plus besoin de leur regard pour valider ma féminité ou qui je suis. Et je crois que je me sens plus flattée lorsqu’une fille me complimente! Je valorise plus les relations que j’ai avec les filles, parce que je connais leur réalité; je sais ce qu’elles vivent et je les trouve fortes et inspirantes. Les gars ne m’impressionnent pas tant que ça! (rires)

Tu fais partie de l’une des premières générations «d’enfants du divorce». Crois-tu que ça a laissé des séquelles dans ta façon de t’engager en couple?
Dans ma première relation, je m’étais dit que ça allait être mon partenaire pour la vie et qu’on aurait une maison, des enfants. Aujourd’hui, je ne me valorise plus à travers le couple. Je ne sais pas si c’est propre aux enfants du divorce, mais il y a tellement de chances que ça chie en couple que j’ai envie d’explorer à l’extérieur des frontières de la monogamie. Je compare beaucoup l’amour amoureux à l’amour d’amitié. Pour moi, c’est un engagement similaire dans la compréhension, dans le désir que l’autre soit réellement heureux. Je trouve que de s’attendre à ce qu’il comble tous nos besoins alors qu’on a aussi plein d’amis, c’est beaucoup de pression à mettre sur un partenaire. J’ai plus envie d’avoir un partenaire qu’une obligation. Mais tu sais, j’ai le goût de me marier quand même! (Pour vrai? s’exclame Mélanie, avec joie!) J’ai envie d’un mariage où je serais pieds nus, sur une île privée, en canot-camping! (rires) J’ai envie de vivre ça, mais sans que ce soit nécessairement un acte sacré. Si j’ai envie de faire une fête de l’amour et de payer un bar open à tous mes amis et que ce soit une célébration de tous ceux qui s’aiment, pour moi, ça a de la valeur. 

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Rosalie est de la distribution de La face cachée du monde, diffusée les dimanches, à 18 h 30, sur les ondes de TVA.
Elle est aussi en vedette dans le film
Inès, de Renée Beaulieu.
Le magazine d’intérêt social
Deux hommes en or et Rosalie, qu’on peut voir à Télé-Québec, est en nomination aux prix Gémeaux. Mélanie coanimera avec André Robitaille la prochaine saison des Enfants de la télé, sur les ondes de Radio-Canada. 

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