Quelle est la répartition idéale de journées en télétravail et au bureau?

Myriam Lefebvre

2020-07-28T13:00:00Z
2023-10-12T23:44:03.866Z

Alors que certaines entreprises reprennent doucement le travail dans les tours de bureaux, une tonne d’appréhensions se manifestent chez les employés quant au prolongement du télétravail, vivement louangé depuis les derniers mois. Quel est le chiffre magique de jours à effectuer à distance versus en présentiel? Des experts se prononcent sur la question. 

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La pandémie aura au moins eu l’effet positif de briser les préjugés liés au télétravail et de se défaire d’idées préconçues voulant que les travailleurs soient paresseux et qu’ils s’activent seulement lorsqu’ils sont contrôlés, estime Angelo Soares, professeur au département d’organisation et de ressources humaines à l’ESG-UQAM. «Le télétravail pendant la COVID a démontré que la supervision n’est pas nécessaire», soutient-il. 

La pomme de Blanche-Neige 

Celui qui effectue des recherches sur le sujet depuis plusieurs décennies compare le télétravail à la pomme de Blanche-Neige. «Il y a une partie qui n’est pas bonne à croquer et il y a une partie qui est bonne à croquer», dit-il. À ses yeux, la proportion «magique» entre la maison et le bureau n’existe pas. 

D’une part, un télétravail réussi permet de concilier plus facilement son travail avec sa vie personnelle, d’accroître sa productivité, son sentiment d’autonomie et de responsabilisation, tout en réduisant drastiquement son temps de déplacement. 

Inversement, il accentue l’isolement social, diminue l’esprit de coopération à l’intérieur des équipes, impose une plus grande charge de travail à certaines personnes qui ont peur de ne pas en faire assez et crée un flou entre le temps de travail et le temps hors travail. Bref, il peut aussi avoir des effets pernicieux pour la santé mentale des travailleurs. 

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En ce sens, M. Soares convient que le télétravail doit se faire au cas par cas et selon le «choix» de chaque individu. 

Le choix des travailleurs 

Si l’on se fie donc à la volonté du public, le télétravail deviendrait largement implanté au pays. Selon un sondage de la firme VMware Canada, six personnes sur dix ayant effectué du télétravail dans les derniers mois souhaiteraient désormais travailler de la maison plus souvent, voire exclusivement. 

Des recherches du professeur et directeur de l’École d’urbanisme de l’Université McGill, Richard Shearmur, nuancent ceci dit l’idée du télétravail à temps plein. «De façon presque unanime, les gens disent "oui j’aime bien travailler de la maison, mais l’idéal serait que je travaille à peu près deux jours par semaine à la maison et trois jours au bureau"», affirme-t-il. 

Ratio 3:2 

Aux États-Unis, une étude menée par Humu, une compagnie spécialisée en technologies dirigée par l’ancien directeur des ressources humaines de Google, a d’ailleurs révélé que le travail était plus efficace lorsque les employés étaient à la maison à raison d’une ou deux journées par semaine, et ce dans tout type d’organisations. 

Selon les informations recueillies, ce ratio permettrait de créer un changement distinct entre le temps passé au bureau à effectuer des tâches collaboratives et celui à la maison, à exécuter des tâches requérant plus de concentration. 

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Mais si elle semble paraître idéale, cette proportion encourageant le travail d’équipe au bureau demeurera difficile à accomplir alors que le coronavirus est toujours présent et que des horaires favorisant la distanciation physique restent hautement recommandés. Le ratio serait donc à préconiser après la pandémie. 

De quoi encourager l’exode

Sans provoquer une vague déferlante, M. Shearmur croit que ce partage de télétravail et de présentiel pourrait favoriser l’exode des villes vers les banlieues et même vers certaines régions avoisinantes, pourvu que les travailleurs ne conservent qu’un seul domicile. 

«Les banlieues croissent beaucoup plus vite, et c’était comme ça bien avant la COVID. Je pense que pas mal de personnes vont se dire: on peut aller vivre beaucoup plus loin, notamment si on se dit qu’on va travailler peut-être deux jours par semaine à la maison», explique-t-il. En ce sens, plusieurs régions, à l’exception des plus éloignées, pourraient regagner leur attrait dans les années à venir.

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