Véronique Bannon fait son retour au petit écran

Photo : © Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2022-05-15T04:00:00Z

En 2012, Véronique Bannon s’était ouverte sur ses ennuis de santé mentale, un témoignage qui avait non seulement touché les gens, mais aussi permis à plusieurs de garder espoir. Si la comédienne qui signe son grand retour dans la prochaine saison de Portrait-robot en parle encore, ce n’est pas pour ressasser son passé, mais parce que sa vie va mieux que jamais. Oui, on peut traverser les périodes sombres et en ressortir grandi.

• À lire aussi: Résiliente, Véronique Bannon fait des confidences touchantes sur son passé

Publicité

Véronique, vous faites un beau retour à la télé dans la prochaine saison de Portrait-robot. Que pouvons-nous dire de votre rôle?
Les gens seront extrêmement surpris de me voir camper ce personnage... C’est un super beau challenge. C’est une méchante. Elle crée des rebondissements qui ne sont pas très positifs. C’est très satisfaisant de relever ce défi. Je me demandais si j’étais prête à revenir, et Alexis Durand-Brault m’a confirmé que je l’étais. Je ne croyais plus en moi, et Alexis m’a dit que j’étais bonne. Notre rencontre m’a donné envie d’y croire, il m’a donné confiance en moi. Il a changé un chapitre de ma vie... Je ne pouvais pas mieux tomber pour faire un retour à l’écran. Jouer avec Sophie Lorain et tourner avec Alexis, c’était un rêve pour moi. Je me sens appréciée et valorisée. Rachel (Graton) a aussi été un gros coup de cœur pour moi. 

Ça faisait combien de temps qu’on ne vous avait vue à la télé?
Ça faisait quelques années... La dernière fois, j’avais fait une apparition dans District 31. J’ai commencé ce métier tellement jeune que j’ai dû prendre de grandes décisions. Je me suis demandé si j’avais envie de continuer, si ça valait la peine de m’accrocher, pour moi, mais aussi pour ma santé mentale. J’ai donné des ateliers de théâtre, j’ai enseigné à des jeunes. Je voulais leur transmettre ce que j’avais appris, car j’avais débuté à leur âge. En travaillant avec eux, j’ai retrouvé le goût de jouer. Après une longue réflexion, j’ai changé d’agent et j’ai effectué des changements. Un mois plus tard, je décrochais mon rôle dans Portrait-robot et j’ai d’autres projets au programme. Ce moment de réflexion était donc nécessaire. Je pense que plusieurs ont eu à le faire durant la pandémie. J’ai aussi appris à me détacher du regard des autres. Plus jeune, je m’en souciais trop. 

Publicité
Watatatow, en 1992.
Watatatow, en 1992. Photo : © Radio-Canada


• À lire aussi: De nouveaux visages dans la deuxième saison de Portrait-robot

• À lire aussi: Véronique Bannon se remémore Hugo St-Cyr avec des souvenirs touchants

À cette étape-ci de votre vie, vous sentez-vous plus libre d’être vous-même?
Tout à fait! J’y travaille, sinon ça pourrit la vie. Je suis contente, car je suis bien entourée et, au final, le regard des gens qui m’aiment vraiment est le seul qui compte. C’est important pour moi. Il y a eu une période dans ma vie où je voulais plaire à tout le monde: j’adaptais mon comportement en fonction de la personnalité des gens pour qu’ils m’acceptent. Maintenant que je suis mère, je demande à mon fils d’être lui-même. Je tiens à lui apprendre cela. Il faut donc qu’il voie ça chez sa mère... (sourire) 

Sentez-vous que c’est acquis chez lui?
Milan, qui aura 14 ans cet été, est naturellement heureux. Il est très protecteur envers moi. Il connaît ma vie. Il sait que sa mère est une personne sensible. Quand il me dit qu’il ne veut pas que j’aie de peine, je lui rappelle que c’est moi, la mère. Il veut que sa maman soit heureuse. 

Publicité
Virginie, en 1998.
Virginie, en 1998. Photo : © Radio-Canada

Que pense-t-il de votre retour au jeu?
Quand j’ai obtenu le rôle dans Portrait-robot, il m’a dit que je le méritais. Il veut que je sois fière de moi. Milan, c’est une vieille âme... Parfois, ce qu’il me dit me laisse bouche bée. Je suis vraiment fière de lui. Il est sensible comme moi, mais il ne cherche pas à être apprécié de tout le monde. Moi, à son âge, je voulais que tout le monde m’aime... J’ai commencé à être comédienne à 14 ans. Quand quelqu’un ne m’aimait pas, c’était difficile pour moi... Certains me détestaient. Je voulais leur montrer que j’étais fine dans la vie. 

Mère et fils entretiennent une grande complicité. «Milan, c’est une vieille âme. Parfois, ce qu’il me dit me laisse bouche bée.»
Mère et fils entretiennent une grande complicité. «Milan, c’est une vieille âme. Parfois, ce qu’il me dit me laisse bouche bée.» Photo : © Collection personnelle


• À lire aussi: Véronique Bannon donne des nouvelles de son fils

À votre avis, ça vous a beaucoup fragilisée?
Oui, ça m’a rendue malade. À l’époque, j’ai enchaîné deux quotidiennes. J’étais constamment dans l’œil du public. Quand je rentrais chez moi en pleurant, ma mère me rappelait que ma famille m’aimait et savait que j’étais fine, et que c’était suffisant. L’énergie que j’ai consacrée à plaire aux autres... Mes parents étaient souvent dépassés par mes réactions. 

Publicité

Vous avez été parmi les premières à parler de santé mentale. Qu’est-ce qui vous a motivée à le faire?
Je l’ai fait parce que ça me pesait beaucoup. En 2012, lorsque j’en ai parlé, j’ai décidé d’être honnête et vraie. Je voyais des gens qui vivaient des situations comme la mienne. Je me disais que ça pouvait aider ceux qui en souffraient. À partir de ce moment-là, ma relation avec le public a complètement changé. Les gens me disaient qu’ils n’auraient jamais pensé ça de moi. Il y a une époque où je ne voulais pas en parler, et ç’a été une erreur, car je souffrais en silence. 

Photo : © Bruno Petrozza
Photo : © Bruno Petrozza

Il y a 10 ans, on parlait moins de cette problématique...
Effectivement, les gens étaient moins renseignés et il y avait plus de jugements. Pour plusieurs, en apparence, j’avais tout. On me disait que plein de gens vivaient des choses pires que moi et qu’ils s’en sortaient, alors que moi, j’étais démolie. On me suggérait de me parler... Je me questionnais. Je me culpabilisais. Je me tapais dessus. Je me demandais de quoi je me plaignais. 

Avez-vous dû faire une démarche pour comprendre que ce que vous viviez était légitime?
Oui. Il a fallu que je fasse une démarche. Et si je ne l’avais pas faite, je ne serais peut-être même pas là pour en parler aujourd’hui... J’ai fait une tentative de suicide en 2010. Je vivais une souffrance extrême. Je venais de mettre un enfant au monde... Milan était un enfant souriant, heureux. Lorsque j’étais souffrante, je me demandais ce que j’allais pouvoir lui apporter. C’est la personne qui était malade qui pensait ainsi. Heureusement, j’ai demandé de l’aide! Quand je vois mon fils aujourd’hui, je ne peux pas croire que j’aurais manqué tout ça... Milan me dit parfois: «Maman, je suis chanceux d’avoir une maman aussi forte...» Il sait qu’il peut compter sur moi et il sait qu’il a cette force, lui aussi. Il m’a même déjà dit: «Cette force, j’ai appris ça de qui, tu penses?» Le fait de le voir grandir avec cette maturité, c’est un grand cadeau pour moi. Mes parents auraient aimé avoir une fille heureuse... Voir sa fille de 14 ans souffrir comme je souffrais, c’était dur. Ils étaient désemparés... Élever Milan m’a beaucoup fait réfléchir à mes parents. 

Publicité

Au final, les gens ont été interpellés par votre message parce qu’il est plein d’espoir.
C’est vrai qu’on peut s’en sortir et qu’il n’est jamais trop tard. On vit des épreuves toute notre vie. Demander de l’aide m’a aidée à les traverser. J’ai vu le changement dans ma vie, et mes proches aussi. Ils m’ont encouragée à me valider, à reconnaître mes progrès. 

Qu’est-ce qui a été déterminant dans la reconstruction?
Ça s’est fait sur une longue période. Il a fallu que je me retire. Être face à un mur, ça m’a fait du bien. Il fallait que je l’affronte. Il fallait que je me questionne sur différentes choses: qui j’étais, ce que je voulais être, ce qui me plaisait. Avant, je n’étais qu’une comédienne. J’ai découvert que j’aimais plein d’autres choses. 

Avez-vous continué à consulter?
Oui. Je le fais moins fréquemment, mais ça fait toujours partie de ma vie. Ça fait du bien. C’est mon outil. Parfois, quand on vit quelque chose dans notre vie, c’est bon de pouvoir en parler. 

Avez-vous toujours des engagements sur le plan de la santé mentale?
Pas actuellement et c’est très bien ainsi. À un moment donné, ça prenait beaucoup de place dans ma vie. J’étais trop associée à la dépression. C’était lourd. Ça m’a nui. Je continue de soutenir la cause, mais je ne veux pas être que ça dans la vie. Tout ce que j’ai envie de dire aux gens, c’est que c’est possible de bien aller. Quand je vois des gens qui s’en sortent, qui changent leur vie, ça donne espoir... 

Publicité

La première saison de Portrait-robot est offerte sur la plateforme Club illico. La deuxième saison sera diffusée cet automne.

À VOIR AUSSI: 27 comédiens québécois qui faisaient partie de la distribution de Chambres en ville  

Publicité

Sur le même sujet