Yvon Deschamps et Judi Richards souhaitent «partir en paix»

Jean-François Brassard

2022-09-21T12:00:00Z

La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. Dans le cas de la famille Deschamps-Richards, cette maxime ne pourrait mieux s’appliquer. La générosité dont font preuve Yvon et Judi depuis plus d’un demi-siècle est une valeur qui se transmet de génération en génération.

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Le 31 août dernier, on procédait à l’inauguration officielle du Centre Yvon Deschamps, jusqu’alors connu sous le nom de l’Association sportive et communautaire du Centre-Sud. Cet honneur, il l’a accepté après 37 ans d’implication. «Ce Centre est l’une des plus belles choses que j’ai vues de ma vie, assure-t-il. Au cours de l’année précédant la pandémie, on a compté 400 000 entrées! Imagine si ça répond à un besoin!» 

L’Association a été créée en 1974 par Gaëtan Forcillo. Yvon se souvient: «Il y a 50 ans, le quartier Centre-Sud était l’un des plus pauvres au Canada. Il y avait des piqueries et des prostituées à chaque coin de rue. Des parents se sont levés pour dire que ça n’avait pas de sens de ramasser des seringues par terre tous les jours. Au départ, l’idée était de sortir les enfants de la rue et de leur offrir de l’équipement pour jouer au hockey l’hiver et au baseball l’été.» C’était il y a longtemps... 

SENTIMENT D’APPARTENANCE

Depuis, le visage du quartier a changé et le Centre a connu une expansion que nul n’aurait osé imaginer. Yvon reprend: «Ça a commencé très tranquillement et, aujourd’hui, il y a des équipes sportives pour tous les âges. Les jeunes peuvent pratiquer tous les sports individuels et d’équipe imaginables, jusqu’à l’escrime!» Au fil des ans, de nombreuses autres activités se sont ajoutées: «Ils peuvent suivre des cours de dessin, de langues... On a même un logiciel qui leur permet d’inventer leurs propres jeux vidéos!» En tout et partout, le Centre Yvon Deschamps offre plus de 100 services, dont une dizaine favorisant la persévérance scolaire. Judi explique: «On a un service d’aide aux devoirs qui est très populaire. On y accueille 400 jeunes par semaine.» Le couple s’entend pour dire: «Ici, les jeunes du quartier ont un sentiment d’appartenance. Ils sont aimés et encadrés.» Ils le sentent si bien que 70 % d’entre eux le fréquentent. 

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Le Centre est devenu un formidable lieu d’intégration sociale. «Aujourd’hui, le tiers de la population est constituée des enfants de la Loi 101 ou de nouveaux arrivants, ajoute Yvon. Le Centre donne aux parents un endroit où, tout à coup, ils font partie d’une communauté. Au lieu de rester isolés chez eux, ils viennent avec leurs enfants et s’intègrent à la société plus rapidement.» 

Au fil des ans, le Centre n’a cessé d’ajouter des services, si bien qu’il est aujourd’hui constitué de plusieurs édifices, couvrant au total 100 000 pi2 et dotés d’équipements modernes. Yvon cite en exemple la bibliothèque, dont il n’est pas peu fier: «Elle est immense et donne le goût aux enfants de retourner à la maison avec des livres. Les parents n’avaient jamais vu ça!» Le jour où on coupait le ruban rouge du Centre Yvon Deschamps, on procédait aussi à l’inauguration de la Piscine D’Amours, ainsi nommée pour remercier la famille qui a généreusement contribué à la mise à niveau des installations de loisirs aquatiques de l’institution. «Les jeunes peuvent même y descendre en fauteuil roulant!» se réjouit Judi. 

TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI
TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI

Les réalisations du Centre sont nombreuses et plusieurs projets sont en voie d’être concrétisés, dont l’Atelier de formation culinaire et la Maison de la musique. 

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Depuis ses débuts en 1974, le Centre a acquis une crédibilité qui lui permet de sensibiliser de gros donateurs. Yvon y va d’un exemple éloquent: «Notre président, Gaëtan Forcillo, a fait visiter le Centre à des donateurs potentiels. À la fin de la visite, le monsieur lui a dit: “Au début, on pensait vous donner 5000 $. À la moitié de la visite, on s’est dit qu’on allait se rendre à 50 000 $. Au bout du compte, on va vous donner un demi-million.”» 

UNE AFFAIRE DE FAMILLE

C’est depuis 1985 qu’Yvon et Judi s’impliquent dans l’organisme. Puis, en 2014 était instaurée la Fondation Yvon Deschamps Centre-Sud, dont la mission est d’améliorer la situation des jeunes du quartier en soutenant les programmes offerts par l’Association. On parle ici d’une affaire de famille! Judi est la vice-présidente de la Fondation et leur fille Sarah-Émilie en est l’administratrice. Toutes deux en sont aussi porte-parole, alors que la petite Alba Santos-Deschamps, fille de Karine, qu’on a pu voir cet été dans la comédie musicale Annie, en est la porte-parole jeunesse. 

Photo : Patrick Seguin
Photo : Patrick Seguin

Judi est formelle: «On sera là à vie et on espère qu’il y aura des petits Deschamps qui vont être encore longtemps dans les parages. Parce que lorsqu’Yvon et moi serons partis, qui va s’occuper des enfants?» se demande-t-elle en faisant allusion aux jeunes qui fréquentent le Centre. Yvon renchérit: «À un moment donné, tu te réveilles et tu réalises que nos plus grands donateurs ont 90 ans. 

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J’en ai 87 et on ne sera pas là pendant 25 autres années. C’est là qu’est arrivée l’idée de la Fondation. On voulait préparer quelque chose pour le jour où on ne sera plus là. Ainsi, on va partir en paix.» 

Depuis toujours, le couple défend avec cœur et conviction des causes humanitaires et sociales. Dès 1970, Yvon s’impliquait dans Oxfam, avant que Judi et lui ne s’associent au Chaînon durant 30 ans. Et il y en a eu d’autres, dont Le Défi sportif. Pour Yvon, né dans le quartier ouvrier de Saint-Henri et pourvu d’un esprit communautaire aiguisé, il a toujours été normal de partager et de redonner. «On est des pauvres avec de l’argent», illustre-t-il avec son sens de l’image. Judi acquiesce: «C’est vrai: on a une mentalité de pauvres. On ne dépense pas pour rien. De temps en temps, on fait une petite folie, mais en général, non... Par exemple, on coupe les tubes de pâte à dents et on les lave avant de les mettre au recyclage. On est conscients qu’on est privilégiés, et nos enfants le sont aussi.» 

Leurs trois filles, Annie, Karine et Sarah-Émilie, ont de qui tenir. Leur père fait valoir: «Nos enfants sont tombées dedans quand elles étaient bébés. Dès leur naissance, elles nous accompagnaient au Chaînon au jour de l’An. Elles s’impliquaient dans le Bazar du Chaînon en fabriquant des choses et en les vendant. Elles ont grandi dans cet environnement, et ça fait partie d’elles.» 

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Photo : Eric Myre
Photo : Eric Myre

DÉPOUILLEMENT

En 2010, Yvon annonçait qu’il prenait sa retraite et, en mars dernier, il se retirait purement et simplement de la vie publique. Ainsi, on ne reverra l’artiste de 87 ans que dans le cadre d’activités liées à la Fondation et au Centre qui portent son nom. Par ailleurs, à la fin de l’été 2021, il avait fait une grave chute dans l’un des escaliers du chalet familial; il s’était cassé quelques côtes, entre autres blessures. Aujourd’hui, il se porte très bien. 

En ce moment, le couple fait repeindre le condo qu’il possède en ville. «C’est le bordel! s’exclame Judi. Tous les meubles sont au milieu de la pièce. On vend ou on donne presque tout. On change les couleurs et on veut se dépouiller.» De toute façon, la seule chose qui compte vraiment, Judi Richards et Yvon Deschamps la possèdent depuis le jour où ils se sont rencontrés. 

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