Changements climatiques: 10 secteurs aux perspectives d’emploi renouvelées (3/3)
Myriam Lefebvre
La décennie 2020 s’est amorcée avec des feux de forêt sans précédent en Australie, une éruption volcanique aux Philippines, un tremblement de terre au Mexique et même au Canada, un blizzard historique à Terre-Neuve. Depuis les années 1970, le réchauffement de la planète a multiplié par quatre le nombre de catastrophes liées au climat.
L’environnement sera sur toutes les lèvres au cours de la décennie. Les enjeux sont de taille et devront être appréhendés pour certains et confrontés pour d’autres, avec énormément d’ingéniosité. Pour les jeunes générations, cela signifie des perspectives d’emploi transformées et des domaines où l’on verra naître de nouvelles professions.
Voici le dernier volet portant sur ces secteurs aux perspectives d’emploi renouvelées en lien avec les changements climatiques.
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7. Des technologies propres et visionnaires
Qu’est-ce que c’est des technologies propres? Ce sont des technologies écologiquement efficaces, économiquement avantageuses et socialement responsables. Bref, elles entretiennent et préservent les écosystèmes naturels.
Avec les changements climatiques et les enjeux migratoires qu’ils comportent pour certaines populations, les technologies propres ont déjà et auront inévitablement un rôle à jouer dans le futur. «Si on développe les capacités à l’intérieur de nos communautés avec des modèles montréalais ou québécois, ce sera très encourageant», affirme Matthew Chapman de Réalité climatique Canada.
Amélie Bergeron-Vachon est directrice Innovation et Commercialisation pour Écotech Québec, organisation où convergent des développeurs en technologies propres, mais aussi des universités, des centres de recherches, des investisseurs et des financiers. «On fait en sorte que les bonnes personnes soient en contact», simplifie-t-elle.
Écotech Québec aide 350 entreprises qui développent des technologies propres au Québec, se spécialisant sous différentes branches dont l’air, les matières résiduelles, les énergies renouvelables et l’écomobilité, entre autres. Et les besoins sont nombreux dans chacun de ces secteurs.
Des camions à essence métamorphosés, des salles de serveur (où l’on rassemble des serveurs informatiques) climatisées au CO2, du verre transformé en poudre pour aider la fabrication de matériaux plus résistant et imperméable: le domaine des technologies propres est aussi prometteur pour ses idées que les nouveaux emplois qui en découleront.
8. Les eaux et les inondations: opération prévention
Le consortium en climatologie régionale Ouranos a déjà fait part de ses préoccupations quant à la fréquence des inondations en raison des changements climatiques. Orages violents à l’été, ouragans à l’automne; les inondations ne seront pas causées seulement par les crues printanières dans les prochaines années.
«Pour des villes côtières comme Vancouver, c’est certain qu’on devra investir des centaines de millions de dollars dans des protections», croit Matthew Chapman.
Encore loin d’être dans une position comme celle des Pays-Bas, où le tiers du territoire se trouve sous le niveau de la mer, le pays devra faire preuve d’ingéniosité pour contrer la menace des eaux. Ce secteur, qui touche bien évidemment les technologies propres, sera particulièrement interpellé dans le futur et les firmes d’ingénierie spécialisées en la matière ont hâte de trouver LA (ou les) solution(s).
9. Prédire les changements
Non, l’avenir n’est pas dans la voyance et l’astrologie, mais plutôt dans la prédiction et l’adaptation aux changements climatiques.
Ouranos est un excellent exemple d’organisation croissante en prédictions climatologiques. Et pourtant, on y craint que le manque d’expertise scientifique reliée aux changements climatiques limite les actions efficaces à mettre en œuvre dans les années futures. En ce sens, un nouveau certificat en sciences de l’atmosphère est d’ailleurs proposé à l’UQAM depuis 2018 afin d’attirer de nouveaux profils.
«Il y a plein de postes non conventionnels qui s’ouvrent. Il y a une diversification des besoins, notamment en changements climatiques», raconte René Laprise, professeur et directeur au premier cycle au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’UQAM. Il souligne également que des firmes d’ingénierie ont des besoins grandissants en la matière, comme leurs ingénieurs n’ont pas tous des connaissances très approfondies en météorologie.
10. L’efficacité énergétique: faire mieux pour faire moins
Le secteur de l’efficacité énergétique, branche des technologies propres, est décidément en pleine croissance. Récupérer l’énergie, réduire la consommation d’énergie; le marché est vaste puisqu’il touche un approvisionnement résidentiel, mais aussi industriel. Si le marché est en expansion afin de pallier la crise environnementale, son but ultime est inversement que les infrastructures soient tellement efficaces que nous n’ayons plus à trouver de nouvelles initiatives.
«Pour réparer une éolienne, tu vas avoir besoin d’un mécanicien une fois par année, deux fois par année peut-être, tandis que pour extraire du charbon ou du gaz naturel, ça prend plus de main d’œuvre», explique M. Chapman.
«Plus on augmentera l’efficacité de notre économie, qui est très inefficace en ce moment, moins on aura besoin de jobs à temps plein partout. Ça laissera donc de la place dans les emplois reliés aux soins de santé ou à l’éducation.», renchérit-il.