Le troc en ligne: témoignages d’adeptes des échanges de biens et services
Myriam Lefebvre
Idéologie environnementale, économies sur des biens, apprentissages variés: les raisons d’adhérer à des groupes d’échange en ligne sont multiples. Ils permettent par-dessus tout d’acquérir une foule de biens et services, qu’il en soit d’échanger des skis contre un vélo ou encore des cours de guitare contre des leçons de graphisme, par exemple. Voici les témoignages de troqueurs au temps du numérique.
En cinq ans, grâce au groupe Facebook «Troquer, c’est gratos», Etienne Michel estime avoir fait quelque 250 échanges. Dès son adhésion à la page, il a eu un coup de cœur pour le concept, qui s’articule au moyen d’albums photo.
«Un utilisateur fait un album avec les items dont il aimerait se départir. Si une personne est intéressée par un item, elle lui partage le lien de son album pour voir si quelque chose peut l’intéresser dans son lot et ainsi de suite», explique-t-il.
Cet adepte d’échanges apprécie particulièrement l’idée d’épurer son environnement tout en évitant de surconsommer. «C’est un peu comme une drogue à la limite. C’est vraiment le fun de se débarrasser de quelque chose et d’obtenir quelque chose qu’on veut. Et on commence à chercher, on regarde nos possessions et on se demande "Est-ce que j’ai vraiment besoin de ça"», lance-t-il.
L’empreinte écologique avant tout
Certains adhèrent principalement au concept d’échange pour mettre la main sur un bien très précis, notamment en ce qui a trait aux antiquités, d’autres s’y mettent pour son aspect environnemental. Par exemple, l’organisme BECS (Banque d’échanges communautaires de services), à Montréal et dans les environs, a comme pur objectif de «diminuer l’empreinte écologique en échangeant des biens et services», fait valoir la présidente de son CA, Monique Prince.
On retrouve sur le site des services à échanger par catégorie qui s’étale de l’informatique, au gardiennage, en passant par l’herboristerie ou la traduction. «Nous sommes à finaliser un nouveau site internet qui prendra la relève de celui qui est en place depuis plus d'une dizaine d'années», explique-t-elle, espérant rendre accessible sa nouvelle plateforme pour les 25 ans de l’organisation l’an prochain.
«C’est notre réflexe maintenant de penser à troquer avant d’aller acheter neuf en magasin. Les enfants l’ont intégré. On ne peut pas tout troquer, mais pour beaucoup de choses et de services, il est possible de le faire. On fait une partie de notre potager en fonctionnant ainsi», indique pour sa part Janie Beauchamp, qui administre le groupe «Troquer, c’est gratos».
Celle qui compte plus de 10 ans d’échange derrière la cravate est particulièrement fière de certaines acquisitions, dont un vaisselier, un ensemble de cuisine et un piano de concert.
Du crayon à la télévision 46 pouces
Pour certains, le troc est un réel mode de vie, ayant pour but ultime d’améliorer ses gains d’un échange à l’autre pour partir d’un crayon et de parvenir, comme certains l’ont fait, à s’acheter une voiture. Mais cela prend du temps.
«Je me suis lancé le défi de faire un "upgrade" [...] un certain temps, mais c’est quand même de l’effort, il faut avoir le temps et l’énergie», dit Etienne Michel, qui a de cette façon mis la main sur une télévision à écran plat.
Le temps est d’ailleurs l’un des seuls inconvénients à cette pratique, selon l’utilisateur. «C’est beaucoup plus facile d’aller sur Amazon et de se commander une bébelle que tu as besoin que d’aller sur un groupe et contacter la personne, explique-t-il. «En contrepartie, la majorité des gens qui font partie du groupe sont quand même des gens qui ont un esprit un peu plus ouvert et qui sont peut-être un petit peu moins axés sur la consommation».
Des précautions de base
Selon Etienne Michel, des précautions de base sont à prendre sur les groupes de troc au même titre que pour tout achat en ligne par le biais de particuliers. «Ne rencontre personne dans une ruelle ou dans un endroit bizarre et ne te promène pas avec un ordinateur portable dans des lieux que tu ne connais pas. Ne fais pas de rencontres à 11h30 le soir, non plus», ajoute-t-il.
L’utilisateur dit n’avoir jamais eu de problème avec son groupe. Au contraire, il cumule plusieurs amitiés développées au fil de ses rencontres avec d’autres troqueurs.
Quelques plateformes à découvrir
Troc de biens: Troquer, c’est gratos, Bunz, Shwap Club (vêtements), GiveBox Montréal - Boîte à partage
Troc de maison: Troc Maison
Troc agricole: Cultive ta ville
*À noter: plusieurs groupes et sites d’échanges en ligne sont suspendus pour une durée indéterminée en raison de la crise entourant la COVID-19. Leurs services reprendront lorsque les indications gouvernementales le permettront.