Ginette Reno a repris sa vie en main

Photo : Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2022-05-10T13:30:00Z

Le 28 avril, jour de ses 76 ans, Ginette Reno a reçu la Légion d’honneur, plus haute distinction honorifique de la République française. Entourée de sa famille, de ses amis, de ses proches, la chanteuse pouvait célébrer à la fois une vie et une carrière bien remplies. Manifestement, l’artiste et la femme se portent bien. Celle qui, par la force des choses, a resserré son mode de vie ces dernières années semble cueillir le fruit de ses efforts. Non seulement elle a perdu du poids, mais elle est dans une forme resplendissante!

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

Madame Reno, vous avez, semble-t-il, un bel automne au programme sur le plan professionnel. Êtes-vous en mesure de nous en toucher un mot?
Oui. Je vais présenter mon nouvel album cet automne, un opus que j’aimerais appeler Entre ciel et terre. Chaque fois, je dis que ce sera mon meilleur album à vie et chaque fois, je le pense. On y retrouvera la souffrance de vivre qu’on peut éprouver parfois, mais on y trouvera aussi un aspect plus spirituel. Il n’est pas entre la terre et le ciel, cet album! Il rejoint l’âme, le cœur et le corps, comme s’il rassemblait les trois dimensions. Je suis à réfléchir à ma vie, actuellement. J’ai vécu des choses très difficiles. J’ai compris que je n’avais pas fait certains deuils. Toute ma vie durant, je me suis tellement préoccupée de plaire à tout le monde et à être aimée de tout le monde que je n’ai pas complété tous mes deuils. Je veux y parvenir afin d’être encore plus libre. La liberté, pour moi, c’est la discipline. Tous les gens qui sont libres sont disciplinés. Je suis libre de ne pas chanter, mais si je ne chante pas, je ne chanterai plus jamais. Je suis libre de pratiquer ma voix régulièrement, mais si je ne le fais pas, je ne serai plus Ginette Reno. 

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Iriez-vous jusqu’à dire que sans discipline, c’est l’anarchie?
Oui, vous avez raison. Ma discipline me sert. J’ai perdu une vingtaine de livres. Je pèse maintenant 194 livres. J’étais à 217 livres. J’ai déjà pesé 305 livres! Ma santé en bénéficie. Je ne prends presque plus de médicaments pour mon diabète. Je suis en train de faire des deuils et en les faisant, je m’éveille à autre chose. Je suis tellement fière! J’ai été malade. Il a fallu qu’on me donne des coups de pied au derrière, car je ne marche pas à coups de tendresse, moi. Je viens d’une famille dysfonctionnelle et j’ai besoin de coups de pied au derrière pour me réveiller. On appelle ça le bas-fond. 

Et vous l’avez atteint?
Oui, je l’ai atteint. Je me suis retrouvée à l’urgence, mon pancréas était en feu! J’ai été obligée de me prendre en main, et c’est très correct.

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N’est-ce pas un processus que vous avez entrepris ces dernières années?
Oui, j’avais commencé à le faire et je suis obéissante. Quand on apprend qu’on est diabétique et qu’il faut prendre des médicaments, il faut obéir. 

Comment avez-vous perdu cette vingtaine de livres dont vous parliez précédemment?
En arrêtant de manger mes aliments déclencheurs, c’est-à-dire des aliments auxquels je ne peux pas toucher: le sucre sous toutes ses formes, les pâtes, la farine. Finalement, je dirais que j’ai éliminé tous les P et les desserts. Je m’offre un dessert de temps en temps, mais c’est tout. Je suis en forme. 

Parmi les belles nouvelles, vous avez récemment été décorée de la Légion d’honneur. Qu’est-ce que cette distinction représente pour vous?
Je me sens honorée et ça m’émeut. C’était ma fête! Je l’ai reçue le jour de mon anniversaire. Ça faisait deux ans que je devais la recevoir. J’aurais pu la demander, mais je n’ai pas osé. Je devais aller la chercher en France, puis à Québec, mais ça ne fonctionnait pas. J’ai donc décidé que le 28 avril, jour de mon 76e anniversaire, c’était le bon moment. Ç’a été un beau cadeau. J’ai profité de l’occasion pour être avec mes amis, mes enfants, mes petits-enfants. J’ai vécu un beau moment. J’ai décidé de vivre cet événement au moment présent. Il y avait beaucoup de monde que j’aime beaucoup. Ma journée a été chargée. Je me suis levée tôt le matin pour donner plusieurs entrevues. À mon âge, je n’ai pas la même énergie... 

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

Cet honneur confirme-t-il, encore une fois, à quel point vous avez fait du bien aux gens à travers vos chansons?
Sûrement. Je me sens comme une petite fille... Je rougis encore et je me pince... Mon seul regret, c’est que j’aurais aimé que mes parents soient vivants afin que je puisse partager ma joie et ma gratitude avec eux. Je suis très contente! J’aime ça, recevoir des médailles! Quand j’étais petite, j’adorais en recevoir et j’aime encore ça. La maîtresse d’école mettait des anges et toutes sortes d’images dans mes cahiers, ça voulait dire que j’avais de la valeur. J’ai encore de la valeur... 

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

 

«Je me sens honorée et ça m’émeut. Ça faisait deux ans que je devais recevoir la Légion d’honneur», a confié la grande dame de la chanson le jour de la grande cérémonie en son honneur. » 
Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza


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Si vos parents avaient pu assister à cette cérémonie, ils auraient été fiers de leur petite Ginette?
J’en suis certaine. Je pense que mon père et ma mère auraient pleuré un peu... Personne n’aurait pu imaginer que j’allais avoir cette carrière, pas même moi! Moi, je voulais juste chanter. Je chantais partout où je pouvais chanter. Quand ma mère me demandait d’aller acheter une paire de culottes à mon frère, je chantais au magasin et je rapportais les culottes à mon frère. C’est comme ça que j’ai commencé. Moi, on me met dans un autobus et on me donne à manger, et je vais chanter là où il y a la guerre! J’irais chanter partout. Je suis une vraie chanteuse. 

Sa fille Natacha Watier a tenu à immortaliser ce moment historique.
Sa fille Natacha Watier a tenu à immortaliser ce moment historique. Photo : Bruno Petrozza

 

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«Mon seul regret, c’est que j’aurais aimé que mes parents soient vivants afin que je puisse partager ma joie et ma gratitude avec eux.»  
Pascalin était lui aussi très fier des accomplissements de sa mère.
Pascalin était lui aussi très fier des accomplissements de sa mère. Photo : Bruno Petrozza


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Comment abordez-vous le temps qui passe? Quel regard posez-vous sur l’âge, le vieillissement?
En ce moment, j’essaie d’accepter la mort. J’essaie d’accepter que la terre est une chose, mais que le ciel en est une autre. Il y a quelque chose de l’autre bord. Je me rattache à ça. Dieu pour moi, c’est mon père et ma mère à la fois. J’essaie juste d’accepter, d’accueillir l’idée que j’ai déjà un pied dans la tombe. Surtout quand des amis à moi quittent... Mon ami Guy (Lafleur) vient de partir. Ça vient me chercher... Ça me trouble... Je me rapproche encore plus de Dieu. Je ne veux pas être assise à la table d’honneur quand j’arriverai de l’autre bord, mais j’aurai trois ou quatre questions à poser à Lui ou à Elle... À ce moment-là, c’est fini! Il n’y a plus de L’essentiel, de route 132, de Journal de Montréal, de magazine La Semaine, de télévision! (rires) On arrive tout nu... et on repart tout nu. 

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Photo : Archives, Agence QMI
Photo : Archives, Agence QMI

Pierre Bruneau a interviewé Ginette Reno pour la dernière fois avant de tirer sa révérence du bulletin de nouvelles de TVA.
Pierre Bruneau a interviewé Ginette Reno pour la dernière fois avant de tirer sa révérence du bulletin de nouvelles de TVA. Photo : © TVA Nouvelles

Cette manière de voir la vie vous permet-elle de mieux en profiter?
Tout à fait. En ce moment, j’accélère mon bonheur. Je vais beaucoup au magasin de jouets pour me procurer du bonheur... Je profite de chaque instant.

Et à quoi ressemblent vos bonheurs, madame Reno?
Mes bonheurs sont tout simples. Par exemple, ça peut être de passer du temps avec des gens agréables, intelligents et avec qui j’ai du plaisir. L’autre jour, j’étais avec une de mes amies. Nous avons joué aux Triominos et nous nous sommes amusées. C’est aussi simple que ça, le bonheur, pour moi. Un bon repas, un bon film, c’est aussi un moment de joie. Je ne suis pas celle qui veut s’acheter une grosse voiture ou quoi que ce soit d’autre. Je suis très satisfaite avec ce que j’ai. Certains changent leurs meubles aux deux semaines. Pas moi. Je suis contente avec mes vieux meubles. Mes bonheurs sont tout simples. Il faut que je vous raconte. Je traîne toujours un petit ange dans mes poches. Il est beau comme tout. Je l’avais perdu, récemment. Je l’ai cherché pendant un moment, puis je lui ai dit que si un jour il voulait revenir, il fallait qu’il me retrouve. Ce matin, je jouais dans mes affaires. Je fouillais dans mon maquillage, car j’avais besoin de ressembler à Ginette Reno... En déplaçant des choses, j’ai retrouvé mon ange. Je l’ai mis dans mes poches. C’est tout simple, mais ça m’a remplie de joie. Ce n’est pas plus compliqué que ça avec moi. 

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

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En terminant, madame Reno, outre votre album, avez-vous d’autres projets au programme?
Je planche sur deux projets de miniséries. Écrire, j’adore ça! 

Réalisez-vous combien c’est extraordinaire d’avoir autant de projets à 76 ans?
C’est ce qui me tient en vie...  

«Mon ami Guy vient de partir» 

Photo : Archives, Agence QMI
Photo : Archives, Agence QMI

Récemment, un départ a attristé le Québec, celui de Guy Lafleur. Je me suis laissé dire que vous étiez sa chanteuse préférée...
Oui, c’est vrai. Nous avions un lien assez intime, Guy et moi. C’était mon ami. Guy, c’était un homme charmant. 

Vous étiez une grande fan de monsieur Lafleur et vous alliez même l’encourager aux États-Unis, semble-t-il?
Oui, et nous avions bien du plaisir. Nous nous retrouvions après le match. On a failli me sortir de l’aréna de Los Angeles, un jour. Je criais tellement fort qu’on voulait me mettre dehors! Je chantais à tue-tête. (Ginette fredonne sur l’air de L’essentiel:) «L’essentiel, c’est d’entrer dans le filet la petite rondelle...» 

Comment avez-vous accueilli son départ?
Je savais depuis un moment qu’il était sur le point de partir... Il souffrait beaucoup, beaucoup... Plus les gens qu’on aime partent, plus ça nous rend conscients de notre propre départ. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. J’imagine que Guy sera dans la maison des hockeyeurs.  

On s’informe sur les projets de Ginette Reno au www.ginettereno.com

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