Arnaque amoureuse : comprendre un phénomène douloureux pour le coeur ... et le cash
François Breton-Champigny
Qui n’a pas déjà entendu parler d’une personne qui avait flanché aux avances d’un illustre inconnu rencontré sur Internet voulant «emprunter» des sommes d’argent pour se sortir du trouble?
Ces histoires sont loin d’être des légendes urbaines inventées pour faire peur à quelques internautes peu expérimentés en drague sur le web. Ce type de fraude, appelé arnaque amoureuse, a fait plus de 600 victimes canadiennes en 2019, qui auraient déboursé jusqu’à 19 millions $ à ces bourreaux des cœurs virtuels.
Et selon les statistiques, le nombre de victimes de fraude ne fait qu’empirer depuis plusieurs années.
Pour tenter de comprendre l’ampleur du phénomène, on a fait appel à Jeff Thomson, porte-parole du Centre antifraude du Canada.
Que veut-on dire par arnaque amoureuse?
Jeff : C’est une fraude qui nait d’une relation affective virtuelle. Le fraudeur peut par exemple envoyer des messages charmeurs, avec fort probablement un faux profil, afin de gagner la confiance de la victime.
Après l’avoir bien amadoué, l’arnaqueur commence à lui demander des sommes d’argent pour payer des frais de voyage, des factures médicales «d’urgence» ou pour aider sa famille dans le pétrin.
On a déjà vu certains cas où le voleur demandait à la victime d’encaisser de l’argent pour lui. En acceptant le montant dans son compte, la proie s’est transformée en complice du crime.
Lorsqu’on regarde les chiffres, on remarque que les sommes versées aux fraudeurs augmentent depuis plusieurs années au pays. Qu’est-ce qui explique que les arnaques amoureuses soient si difficiles à contrôler?
Jeff : Les victimes ont souvent honte de s’être fait piéger de la sorte. Elles n’osent donc pas se plaindre à la police puisqu’elles sont sous le choc et blessées par leur faux prétendant. Comme elles ne dénoncent pas les coupables, ceux-ci ont le champ libre pour faire des ravages sans que les forces de l’ordre en soient informées.
C’est d’ailleurs d’autant plus facile pour eux aujourd’hui de jouer sur plusieurs fronts avec la prolifération des réseaux sociaux et des sites de rencontres.
Y a-t-il des signes pour détecter qu’on est en train de se faire frauder par la personne?
Jeff : Ce type d’escroquerie peut être difficile à déceler puisque la victime est souvent aveuglée par les émotions envers le fraudeur et qu’elle lui fait assez confiance pour lui donner des informations personnelles.
Il y a néanmoins certains signes qui trahissent les réelles intentions du fraudeur. Par exemple, une demande en mariage quelques semaines seulement après le début des correspondances, une requête pressante de virer une somme précise dans le compte de l’arnaqueur ou la multiplication d’excuses pour éviter de rencontrer la proie en personne.
Que peut-on faire si ça nous arrive ?
Jeff : Il faut signaler la fraude rapidement à la police et à son institution financière. La police peut ensuite recommander la victime vers le Centre antifraude du Canada si elle a besoin d’aide dans les démarches à suivre après avoir déposé une plainte.
Pour appuyer les enquêteurs dans leurs recherches, la personne flouée peut également dresser le fil des évènements, comme la date à laquelle les échanges ont commencé, et amasser le plus d’information possible sur le voleur.
Un arnaqueur si proche
Dans une série de balados, le Bureau d’enquête a mis la main sur l’histoire d’un arnaqueur de cœur bien de chez nous. Sheldon Ludwick, un Montréalais aux multiples visages, aurait dérobé des dizaines de milliers de dollars à ses anciennes conquêtes en usant de ses charmes.
Pour en savoir plus, vous pouvez dévorer le Casanova de Montréal juste ici.